Amid Faljaoui

Banquière des Etats-Unis, cliente n°1 de la Chine, l’Europe est toujours en train de douter

L’Europe, cette puissance économique qui refuse de se voir comme telle. Ce banquier qui alimente les déficits américains. Ce client VIP qui fait tourner l’industrie chinoise. Et pourtant, toujours ce réflexe de soumission, ce complexe d’infériorité.

Nous prêtons aux États-Unis pour qu’ils financent leur train de vie impérial.
Nous sommes le premier client de la Chine, sans qui son économie s’effondrerait.
Nous avons un PIB dix fois supérieur à celui de la Russie, qui fait trembler nos dirigeants au moindre discours martial.

Et malgré cela, nous passons notre temps à quémander, à supplier Washington de nous défendre, à subir Pékin et à craindre Moscou. À quel moment avons-nous décidé d’être la marionnette de l’ordre mondial ?

Les États-Unis : c’est nous qui payons, et eux qui commandent

On nous parle du “parapluie militaire” américain comme s’il s’agissait d’un cadeau. Mais qui finance ce parapluie ? Nous.

En 2024, selon les calculs de REXODE, un quart de l’augmentation de la dette publique américaine a été absorbée par des capitaux européens. Concrètement, nous sommes la banque centrale des États-Unis, mais sans le moindre droit de regard.

Pendant que Washington attire les investissements à coups de subventions et de protectionnisme, pendant qu’ils nous imposent leur matériel militaire hors de prix, c’est notre argent qui alimente leur puissance.

Et nous ? On dit merci et on repasse à la caisse.

La Chine : on est son oxygène, mais on n’ose pas en profiter

Oui, notre déficit commercial avec la Chine est colossal. Mais retournons la perspective : sans l’Europe, la Chine suffoque.

Le marché américain se ferme. La demande interne chinoise s’effondre, plombée par la crise immobilière. 30 % des entreprises industrielles chinoises produisent déjà à perte.

Et pourtant, nous n’osons pas renverser le rapport de force. Pendant des décennies, Pékin nous a imposé des règles strictes pour accéder à son marché. Pourquoi ne pas exiger la même chose en retour ? Pourquoi continuer à jouer le rôle du bon élève quand nous avons toutes les cartes en main ?

La Russie : l’illusion de la menace

Pendant ce temps, nous nous tordons les mains en évoquant la “menace russe”. Mais regardons les faits.

L’Europe est trois fois plus peuplée que la Russie.
Son PIB est dix fois plus élevé.
Son industrie représente 15 % de la production mondiale, contre seulement 3,5 % pour la Russie (énergie incluse).

Un pays qui n’arrive même pas à écraser l’Ukraine, et nous, 500 millions d’Européens, nous doutons encore de notre propre capacité de défense. Sérieusement ?

800 milliards pour la défense : illusion ou réveil ?

Ce mardi, l’Europe a annoncé 800 milliards d’euros pour sa défense.

Si cet argent est investi dans une industrie militaire européenne robuste, avec des armements produits chez nous, une autonomie stratégique réelle et une diplomatie de puissance, alors oui, c’est un tournant historique.

Mais si c’est pour remplir encore une fois les poches du complexe militaro-industriel américain, acheter des avions made in USA et perdre des années en discussions inutiles… alors ce sera un énième échec.

Et pendant ce temps, l’Amérique fonce droit dans le mur

Pendant que l’Europe doute d’elle-même, Trump est en train de plomber son propre pays.

La Réserve fédérale d’Atlanta vient d’annoncer une révision brutale des prévisions de croissance : d’un +4 % prévu pour le premier trimestre 2025, les États-Unis passent à -2,8 %. Un effondrement spectaculaire.

La confiance des consommateurs américains est au plus bas depuis trois ans et demi. Les ventes au détail chutent. Le Nasdaq a perdu 9 % en 10 jours.

Et pourquoi ? Parce que Trump joue avec le feu du protectionnisme. Ses nouvelles taxes font grimper le droit de douane moyen aux États-Unis de 2,5 % à 7,1 %, un record depuis 60 ans. Résultat : les marchés paniquent, l’économie ralentit, et l’onde de choc ne fait que commencer.

L’ironie, c’est que l’Europe, en finançant une part du déficit américain, pourrait aussi se retrouver impactée par ce naufrage. Parce qu’au lieu d’investir en elle-même, elle continue de jouer le rôle du banquier aveugle d’un empire qui fonce droit dans le mur.

L’Europe a tout pour elle. Il est temps qu’elle se comporte en puissance.

Nous avons les finances, l’industrie, la technologie, la démographie, l’influence commerciale. Nous sommes le banquier des États-Unis, le client indispensable de la Chine, un colosse économique face à la Russie.

Alors pourquoi hésitons-nous encore ? Pourquoi jouons-nous les seconds rôles quand nous avons tout pour imposer nos règles ?

L’Amérique creuse sa propre tombe. La Chine dépend de nous. La Russie n’est qu’un mirage économique.

Il est temps d’arrêter de douter et d’oser enfin être ce que nous sommes : une puissance mondiale.

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