Baisse des taux en zone euro, l’autre D-Day
Le 6 juin marque un nouveau D-Day, mais économique cette fois. La Banque centrale européenne abaisse ses taux d’intérêt pour la première fois en cinq ans. Un tournant crucial dans la lutte contre l’inflation en zone euro.
En ce 7 juin, je ne vais pas revenir sur le 80ème anniversaire du débarquement des troupes alliées en Normandie, même s’il est nécessaire de rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie pour nous assurer la liberté. Non, je vais vous parler d’un autre D-Day qui a également eu lieu ce jeudi 6 juin. Un jour qui a vu la Banque centrale européenne baisser ses taux d’intérêt d’un quart de point pour la première fois depuis… cinq ans ! C’est en soi une page qui se tourne et personne ne s’en plaindra. Car pour lutter contre l’inflation qui a surgi comme un diable de sa boîte après la pandémie de COVID-19, la Banque centrale européenne avait augmenté ses taux d’intérêt dix fois de suite entre juillet 2022 et septembre 2023. En d’autres termes, il y a eu dix hausses de taux d’intérêt en un an. C’est la hausse la plus brutale et la plus rapide de la zone euro. Or ni les ménages, ni les entreprises, ni les États très endettés n’étaient heureux de cette augmentation du coût de l’argent, aussi rapide et brutale soit-elle.
Néanmoins, avec le recul, on peut dire que la mission de la Banque centrale européenne a plutôt bien fonctionné puisque son mandat – ou si vous préférez, sa mission – consiste à lutter contre l’inflation. Et même si la lutte contre le monstre inflationniste n’est pas encore terminée, elle a bien progressé. Depuis son pic de 10 % en octobre 2022, l’inflation en zone euro a été divisée par quatre. C’est la raison pour laquelle ce jeudi était le D-Day de la zone euro. Et la première baisse des taux depuis cinq ans, ça se fête.
Mais attention, au risque de gâcher un peu l’ambiance festive, le geste de ce jeudi n’est encore que symbolique. Symbolique parce qu’une baisse des taux d’un quart de point n’empêche pas que les taux d’intérêt restent encore trop élevés en zone euro. Alors, on peut arguer que ce n’est qu’une première étape et que d’autres baisses des taux d’intérêt vont suivre. Sauf que, justement, ce point n’est plus aussi sûr. En début d’année, les observateurs pensaient que la décrue allait démarrer en 2024 et qu’il y aurait six baisses des taux d’intérêt cette année. Ces mêmes observateurs ont depuis lors déchanté et, si certains espèrent encore deux baisses des taux cette année, d’autres se montrent plus réservés et demandent à voir. Voir quoi exactement ? He bien de voir si l’inflation est bien rentrée dans sa tanière, définitivement. Or il se trouve que les chiffres de l’inflation en zone euro pour le mois de mai dernier ont montré que l’inflation avait légèrement repris du poil de la bête, notamment à cause des hausses salariales constatées ici ou là et en particulier en Allemagne.
Pour résumer, oui, la Banque centrale européenne a enfin baissé ses taux, et c’est une bonne chose. L’économie européenne va pouvoir enfin sortir de l’impasse dans laquelle elle a été enfermée pendant deux ans. Cependant, cette sortie de l’impasse a certes commencé hier, mais il faudra sans doute attendre 2025 pour vraiment en sortir. Et il reste à espérer qu’il n’y aura pas de dérapage inflationniste d’ici là. Bref ce n’est pas encore la fête, mais disons qu’on peut déjà mettre le champagne au frais. C’est déjà pas mal, non ?
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