Typhanie Afschrift

Augmenter les impôts, ce n’est pas une fatalité

Typhanie Afschrift Professeure ordinaire à l'Université libre de Bruxelles

Ceux qui veulent une réduction des impôts, en Belgique comme dans de nombreux autres pays, sont particulièrement déçus. Le pire exemple est, une fois de plus, celui de la France. Son président, Emmanuel Macron, n’a jamais été un adepte de la réduction du rôle de l’État et des impôts. Au contraire, celui qui se présente plutôt comme un centriste, et que seuls ses pires adversaires traitent de “libéral”, n’a cessé d’augmenter les impôts. Et si l’un d’entre eux était supprimé ou réduit, d’autres taxes étaient augmentées pour compenser. Ces dernières années, Macron a aggravé la dette publique de la France et a augmenté les dépenses de manière totalement irréfléchie. La France se retrouve ainsi en difficulté sur les marchés financiers, à cause de cet endettement impayable.

Deux solutions existaient pour rétablir le budget de l’État à un niveau acceptable. La première consistait à réduire en profondeur les dépenses publiques. Tout d’abord, dans la fonction publique où elles sont deux fois plus importantes qu’en Allemagne. Ensuite, dans la sécurité sociale, dont les coûts sont incontrôlés depuis des années. L’autre solution, à laquelle Macron ne s’est pas opposé, mais qui a été voulue par les partis de gauche et consentie par l’extrême droite, a été d’encore augmenter les impôts, allant même jusqu’à rétablir celui sur la fortune sous la forme d’une taxe de 2% du patrimoine, dont seront déduits les autres impôts directs payés.

La France disputait à la Belgique le titre de pays le plus taxé au monde. Cette fois, malgré les lourdes charges supportées par nos concitoyens, l’Hexagone détient une médaille d’or incontestable. Il faut s’attendre à ce que certaines entreprises, très lourdement surtaxées, quittent ce pays ou choisissent dorénavant d’autres lieux où le Pouvoir est moins exigeant.

L’échec du gouvernement De Wever est de ne pas avoir été capable de corriger au moins les excès du système de l’État providence.

Il y aurait eu une chance que le pays choisi par ces entreprises et par des particuliers prospères fut la Belgique. Pour cela, il aurait fallu que les promesses de réductions d’impôts soient tenues par le nouveau gouvernement. Ce qui ne sera pas le cas. L’accord de gouvernement prévoit une réforme fiscale rachitique où les quelques réductions d’impôts sont, comme toujours, “compensées par des augmentations d’autres impôts”. La facture fiscale sera encore plus lourde pour certains contribuables, légèrement allégée pour d’autres. Plusieurs économistes de renom l’avaient prévu. En effet, même lorsqu’on veut faire une réforme fiscale, on reste dans un État providence.

L’échec incorrigible du gouvernement De Wever est de ne pas avoir été capable, ou même de ne pas avoir voulu du tout, corriger au moins les excès de ce système, qui prétend donner à l’État la mission de régler tous les problèmes des citoyens, tout en n’y arrivant jamais, malgré des coûts prohibitifs.

Si l’on veut rendre leur liberté aux gens, il faut commencer par toucher à ce qui est sacro-saint pour les tenants de l’État providence : il faut, comme on le fait aux États-Unis, mais de préférence avec moins de brutalité, supprimer ou réduire très nettement les pouvoirs et les moyens de nombreux ministères ou agences gouvernementales, à tous les niveaux. Il faut aussi accepter une réduction du poids de la sécurité sociale publique, en prévoyant une privatisation de certains secteurs et la suppression de certains services, ou la limitation de leur accès à ceux qui en ont réellement besoin.

Non seulement cela ne s’est pas fait, mais l’on a même entendu Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez soutenir que les mesures budgétaires voulues par le gouvernement l’étaient pour permettre la subsistance de ce fameux État providence … Ou l’art de critiquer le système, tout en ne changeant jamais rien.

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