Audi s’en va de Bruxelles, mais les Belges sont les troisièmes citoyens les plus riches au monde

Les Belges se sont réveillés mercredi 10 juillet en apprenant qu’ils étaient les troisièmes citoyens les plus riches au monde. En tout cas, c’est le résultat d’une vaste enquête mondiale menée par la banque suisse UBS, mais je ne suis pas sûr que ce sentiment de richesse soit dominant dans la population, même si la même enquête nous dit que la Belgique comptait l’année dernière 565.000 millionnaires en dollars.

Ce sentiment de richesse comparative n’est certainement pas partagé par la population, car une information chasse l’autre et ce que retiennent sans doute plus les Belges aujourd’hui, c’est qu’ils n’arrivent plus à garder sur notre sol national des constructeurs automobiles. La dernière annonce d’Audi qui risque de fermer définitivement son site bruxellois nous rappelle que cela fait 27 ans maintenant que les constructeurs automobiles ferment leurs usines belges les unes après les autres.

Il y 27 ans, la construction automobile employait 37.000 personnes en Belgique. Si Audi retire la prise de son site bruxellois, cela voudra qu’il ne restera plus que les 7.000 personnes de l’usine Volvo Cars à Gand. En moins de 30 ans, on sera donc passé de 37.000 travailleurs à…. 7.000. Bien sûr, on nous explique que ce coup de rabot énorme s’explique par notre handicap salarial encore plus aggravé par l’énorme indexation salariale de 11% qui a suivi l’explosion de l’inflation en Europe et en particulier en Belgique. Mais les salaires n’expliquent pas tout en ce qui concerne le retrait progressif et sans doute définitif de l’usine Audi de Bruxelles. Son enclavement au sein de la ville n’est pas un atout non plus avec les problèmes de mobilité et de voisinage que cela implique en cas de réorganisation de la production.

Mais il faut aussi voir cette annonce d’Audi comme le signe d’un ralentissement du marché de la voiture électrique en Europe. Le site Audi de Bruxelles ne produit qu’un seul modèle, le SUV Q8 e-Tron lancé en grande pompe en 2018. Mais ce modèle haut de gamme n’a pas rencontré le succès escompté auprès des clients et encore moins sur le marché allemand depuis que pour des raisons budgétaires, la prime à l’achat d’une voiture électrique a été supprimée. Donc la production de ces SUV Q8 e-Tron n’est pas assez forte, elle serait même sous le seuil de rentabilité.

En revanche, quand je disais qu’une fermeture d’entreprise n’est pas seulement le résultat de coûts salariaux mais aussi de la stratégie de sa direction, la preuve en est que l’usine de Volvo Cars à Gand se porte bien, pour deux raisons. La première, c’est que l’usine s’est positionnée sur le bon segment, celui d’une gamme relativement bon marché et qui correspond à la demande d’aujourd’hui. La deuxième, c’est qu’en fabriquant et en exportant au départ du sol belge, le propriétaire chinois de la marque Volvo pourra éviter les nouvelles taxes douanières imposées par les Etats-Unis et l’Union européenne.

Pour le reste, j’imagine que notre Premier ministre sortant, Alexander De Croo, devrait se souvenir de cette phrase de l’ancien chancelier allemand Konrad Adenauer qui disait « l’Allemagne est un pays que je n’aimerais pas avoir pour voisin ».