Amid Faljaoui

40% de jeunes investisseurs arnaqués : merci les réseaux sociaux

John Kenneth Galbraith, un économiste réputé pour son franc-parler, disait que la fonction principale de la Bourse était de séparer les imbéciles de leur argent. A chaque fois que je rappelle cette citation, je rencontre un certain succès auprès de mes auditeurs, surtout ceux de gauche.

En revanche, le dernier sondage de la banque ING auprès des épargnants belges ne fera sourire personne : il montre que pas moins de 40% des jeunes Belges de moins de 35 ans ont déjà été arnaqués. Le plus souvent via des plateformes en ligne qui leur ont fait miroiter des rendements de 10% minimum, qui plus est garantis !

Mes confrères de la presse écrite se sont étonnés qu’on puisse tomber dans des pièges aussi grossiers. Mais c’est faire injure aux jeunes de penser qu’ils sont plus stupides que leurs aînés. En matière financière, hélas, toutes les classes d’âge restent très naïves. Est-ce nécessaire de rappeler que l’escroquerie la plus importante de l’histoire a été réalisée par Bernard Madoff, qui avait réussi à berner non pas des néophytes mais les membres bien informés de la belle société new-yorkaise avec des rendements de 11% annuels? Des hommes d’affaires réputés ont cru aux belles paroles de notre ami Bernard Madoff. Après tout, les chiffres ne mentent pas, n’est-ce pas ? Oui, jusqu’au jour où on a découvert que l’argent des nouveaux clients servait à payer le rendement offert aux anciens clients. Une arnaque vieille comme les pyramides

Aujourd’hui, c’est souvent par les cryptomonnaies que l’escroquerie vient. Il est vrai qu’elle est facile à vendre. L’an dernier, le bitcoin n’a-t-il pas grimpé de 160% ? Il est donc tentant de se dire qu’il est possible de devenir riche rapidement. Malheureusement, les jeunes – surtout ceux de milieux défavorisés – sont des proies faciles à appâter via les réseaux sociaux, surtout si on ne leur dit pas qu’un an avant, la même cryptomonnaie avait chuté de 60%.

Il y a quelques jours à peine, j’ai eu la chance de parler à des jeunes issus de milieux immigrés dans une école bruxelloise. En fin de discussion, un élève a voulu avoir mon avis sur le bitcoin et les cryptomonnaies. Je lui ai dit que j’avais un ami avocat qui avait reçu un autre jeune qui avait hérité d’une maison suite au décès de son père et qu’il avait vendue rapidement. Avec l’argent reçu, ce jeune avait réussi à tripler ce montant en pariant sur le bitcoin. Pas mal. Mais grisé par le succès, il n’avait pas voulu s’arrêter ou au moins protéger une partie de ses gains. Il estimait que les conseils de mon ami avocat ne le concernaient pas car, forcément, les moins jeunes ne pouvaient pas comprendre le nouveau monde de la finance dématérialisée. Le résultat, par contre, sera tout sauf dématérialisé : en effet, quelques mois après, ce jeune avait tout perdu. Tout. Y compris l’épargne accumulée par son défunt père.

Et donc, la leçon numéro un à destination des plus jeunes, c’est de leur rappeler qu’en finance, et dans la vie tout court d’ailleurs, il n’y a pas de repas gratuit. Malgré ce qu’en disent les influenceurs sur Instagram ou TikTok, il n’y a pas de raccourcis vers la réussite. Les réseaux asociaux sont là pour leurrer les gens, qu’ils soient investisseurs ou pas. C’est un monde virtuel déformé où les filles sont toutes magnifiques et les garçons riches avec des tablettes de chocolat. Mais avez-vous vu des gens poster sur Instagram des photos de leur cellulite ou de leurs échecs ? Moi pas. Même chose pour l’argent, la meilleure chose à faire c’est de prévenir la FSMA, le gendarme financier belge. Son président Jean-Paul Servais vous en remerciera. Vous rendrez service aux autres et à vous-même.

Malgré ce qu’en disent les influenceurs sur Insta ou TikTok, il n’y a pas de raccourcis vers la réussite.

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