2024, l’année du grand embrasement?
Je le pressentais dans ma chronique “rétro-prospective” de fin décembre dernier: les guerres sont au programme de 2024. Hélas. De notre détermination dépend la capacité de l’Ukraine à limiter la casse. D’aucuns imaginent, face à une lassitude des opinions transatlantiques, que Zelensky devra faire fi de la reconquête des territoires occupés par la Russie. Et Poutine, que l’on disait abattu, proche de la fin politique, sera réélu, plus fort que jamais. Comme si nos sanctions allaient faire plus et mieux que nos armes sur le terrain…
De ceci dépendra aussi l’attitude de Xi, à Pékin. Un Xi père du rapprochement entre Riyad et Téhéran, un Xi “parrain” économique et financier du régime iranien des mollahs. L’Iran qui est tenté d’embraser le Proche-Orient en enterrant – définitivement ? – en tout cas à moyen terme le processus d’Abraham entre Israël et le Golfe.
Et Daech qui s’en mêle en revendiquant l’attentat meurtrier et symboliquement délétère à Kerman en Iran, qui a fait au moins 80 morts. L’Iran qui a menacé de riposter à cette attaque. Par ailleurs, la branche libanaise du Hezbollah chiite a également brandi des menaces en réaction à l’assassinat sur son sol du leader du Hamas Saleh al-Arouri…
Et la presse européenne redoute un embrasement de la région. Je rejoins l’analyse de l’Avvenire en Italie, “si les tensions géopolitiques continuent de monter dans la région, il est possible et même inévitable que la situation glisse vers le pire des scénarios… D’autant plus que l’ultra-droite israélienne fomente les violences contre les Palestiniens en Cisjordanie et parle ouvertement de nettoyage ethnique et de déportations”. Ce qui rajouterait l’indignité criminelle à la honte d’une vengeance indiscriminée sur les populations civiles.
Des querelles locales ont été à l’origine de toutes les grandes guerres, écrit “El Pais”. Je nous souhaite qu’ils aient tort, vraiment !
La situation est de plus en plus explosive, estime en Suisse Aargauer Zeitung : “Les actes terroristes qui ont ébranlé Kerman marquent un nouveau paroxysme dans la spirale de violence au Moyen-Orient amorcée en octobre avec la guerre de Gaza… Mais même si Israël et l’Iran n’ont aucun intérêt à voir éclater une nouvelle guerre, les tensions autour de la guerre à Gaza risquent de les entraîner dans un conflit armé. Les attentats comme celui de Kerman portent en eux le risque d’une nouvelle escalade.”
Et c’est encore sans compter avec les Houthis alliés de Téhéran, au Yémen, qui s’en prennent au commerce et au transport en mer Rouge. Ce qui renforce les observations judicieuses de l’analyste politique roumain Cristian Unteanu dans les colonnes du quotidien de Bucarest Adevărul : “Les alliances américaines avec les Etats de la région jusqu’à présent garants quasi absolus de la sécurité se retrouvent affaiblies, voire dangereusement compromises depuis la défaite en Afghanistan et l’échec de la ‘guerre contre le terrorisme’. Pire encore : les mouvements terroristes dans les différents pays ont survécu et sont même devenus des forces militaires indépendantes, non étatiques et suivant leur propre agenda”.
Comme le souligne encore à Madrid El Pais, “Si la guerre [en Ukraine] gagne la Russie, elle augmente le risque de frappe nucléaire. A Gaza, elle traverse la frontière libanaise, avec les roquettes et les drones du Hezbollah ; […] Washington se concentre sur un objectif stratégique : éviter qu’elles débordent, menacent la paix mondiale et attirent ses troupes dans un guêpier, comme cela a si souvent été le cas au cours du dernier siècle.” Et de conclure : “Des querelles locales ont été à l’origine de toutes les grandes guerres” Je nous souhaite qu’ils aient tort, vraiment ! z
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