Bruno Colmant
2024 : des élections cruciales pour la Belgique
Nous approchons du bicentenaire de la Belgique. C’est une étape majeure pour un Royaume qui a navigué à travers les siècles avec une stabilité constitutionnelle inébranlable.
On peut contraster cette réalité avec l’Allemagne qui, en moins de deux siècles, a déclaré la guerre à la France à trois reprises, a connu une réunification, deux Reichs et deux républiques, tout en étant occupée, divisée, puis de nouveau unifiée. Pendant ce temps, la France a vu une monarchie, un empire, quatre républiques, et une période sombre – l’État français – entre 1940 et 1944.
Mais la Belgique semble parfois être trop vaste pour maintenir sa cohésion, et trop restreinte pour transcender ses particularités locales. Ce dont elle a besoin, c’est d’une vision sociétale à long terme, d’une pensée rigoureuse, cohérente et ambitieuse. Il est essentiel de hiérarchiser les priorités et de dépasser les réactions émotionnelles immédiates au profit de la somme des savoirs. Cependant, cette vision, peut-être utopique, se trouve bien loin des tumultes médiatiques et des effets de tribune.
J’ai été profondément touché en lisant cette tribune de notre Premier ministre, qui s’excusait pour les lacunes du gouvernement. Qui cherchait-il à convaincre, étant donné que le Parlement représente la volonté du peuple belge ? Cette lettre m’a évoqué une réflexion : une véritable ambition collective nécessitera une refonte radicale, car l’échéance de nos dettes approche.
Je pense moins à la dette financière qu’aux défis environnementaux et à l’affaiblissement du sentiment civique, peut-être alimenté par une impression, justifiée ou non, que le gouvernement ne maîtrise plus les enjeux majeurs. Les élections ne sont peut-être pas suffisantes, d’où peut-être l’idée du Premier ministre de s’adresser directement au public par les médias. Envisager des assemblées citoyennes pourrait être la solution, car la Belgique est dotée d’une intelligence collective remarquable. Ceci nécessitera une refonte de notre démocratie et, paradoxalement, une repolitisation de la pensée citoyenne. La question clé est de savoir si nous voulons une démocratie participative ou un gouvernement consulaire, comme c’est quelque peu le cas actuellement.
Il est primordial de définir les priorités pour notre Royaume, particulièrement face à un déficit de valeurs si évident. À mes yeux, la solidarité et le travail occupent le devant de la scène. Nous avons aussi besoin d’un nouveau pacte socio-fiscal qui évalue justement la capacité contributive des citoyens et leurs besoins de sécurité sociale. L’écologie est également cruciale, même si elle doit d’abord être concomitamment abordée à un niveau européen.
Les générations précédentes ont bâti un État social harmonieux. Il est temps pour ceux qui aspirent à être reconnus pour leur vision et leurs actions de se montrer à la hauteur. Et je reste convaincu qu’il est impensable que la prochaine coalition gouvernementale soit purement idéologique, alors que la roue de l’histoire grince. Nous avons besoin de dirigeants qui placent l’intérêt général au-dessus de tout.
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