Laurent Alexandre et Alexandre Tsicopoulos

100% des managers qui ne maîtrisent pas l’IA vont devenir chômeurs

Une bonne maîtrise de l’IA devient nécessaire pour garder son emploi. Or, 95% des projets pilotes d’IA échouent du fait de l’incompétence du management dans l’orchestration des systèmes intelligents. L’intelligence artificielle est un multiplicateur. Elle amplifie ce que votre organisation sait faire et ce qu’elle ignore. Le premier piège est donc psychologique, en croyant qu’un modèle d’IA corrige une stratégie bancale. On obtient seulement un accélérateur de confusion. Le bon réflexe est de commencer par clarifier les finalités, puis d’exposer l’IA à des cas concrets où la valeur est mesurable, au lieu de courir après le dernier gadget technologique.

L’autre danger est l’expérimentation perpétuelle. Des pilotes qui ne sortent jamais en production et une inflation d’ateliers de prompts qui donnent l’illusion d’avancer. Le manager doit imposer un rythme : un trimestre pour tester, un trimestre pour déployer, sinon on coupe.

Vient ensuite le mirage du fournisseur sauveur. Les plateformes peuvent enfermer. Le verrouillage ne se voit pas tout de suite, mais la dépendance à un modèle unique d’IA constitue un danger mortel. L’antidote consiste à garder la maîtrise des données, à privilégier des architectures modulaires et imposer la clause de portabilité. L’objectif n’est pas de choisir “le meilleur” acteur de l’instant, mais de préserver la possibilité de migrer vos développements vers une autre IA. C’est d’autant plus crucial que les modèles changent en permanence.

L’ère de l’IA n’est pas le paradis des grosses feignasses. L’IA écrit, résume, code et va si vite qu’on oublie de relire. Les équipes doivent apprendre à auditer la machine, à vérifier les faits sensibles et à traquer les biais. Cela demande de la méthode et de l’humilité. On documente ce qui marche, et on mesure l’impact plutôt que d’empiler des cas d’usage.

Le risque réputationnel ne doit pas être sous-estimé. Un prompt mal rédigé peut divulguer un secret, une donnée client peut fuir vers un service externe et un script peut enfreindre la législation. Dans un monde “copiloté” avec l’intelligence artificielle, la conformité devient essentielle : chartes d’usage simples, filtres à l’export des données et journaux d’audit.

Un risque dévastateur arrive : l’atrophie des compétences. À force d’autocomplétion, les juniors cessent d’apprendre et les seniors cessent de réfléchir aux détails. Le manager doit organiser un “entraînement sous contrainte”. Certaines tâches restent manuelles pour entretenir le muscle cognitif. L’IA est comme un vélo électrique, très pratique pour monter, dangereux si l’on oublie comment pédaler.

L’IA n’exige pas des ingénieurs, mais des chefs d’orchestre et des chorégraphes.

Le dernier piège serait de piloter à l’aveugle. Les indicateurs faciles, comme le nombre de prompts ou le volume de tokens, ne disent rien de la valeur créée. Ce qu’il faut suivre, c’est la qualité perçue par le client, la réduction du cycle de vente ou la baisse des retours… Bref, des métriques métiers, pas des métriques de laboratoire. Sans cela, l’IA devient un centre de coûts, ce qui va rapidement énerver le Comex.

Au fond, l’IA n’exige pas des ingénieurs, mais des chefs d’orchestre et des chorégraphes. La courbe d’apprentissage la plus critique n’est pas celle des modèles d’IA, mais celle de l’organisation. Il faut des objectifs clairs, des garde-fous juridiques et une grande discipline d’exécution. Celui qui le comprend tôt transforme la mode en avantage durable. Les autres découvriront que, à l’ère de l’intelligence gratuite, la vraie rareté reste le leadership. Et ils seront chômeurs de longue durée.

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