Laurent Alexandre et Alexandre Tsicopoulos

1.000 milliards pour Musk si les robots humanoïdes Optimus décollent

L’IA sort de l’écran : elle entre dans les ateliers, les entrepôts et les foyers sous la forme d’humanoïdes (Figure AI, Agility, Unitree… et surtout Optimus chez Tesla). Le message aux dirigeants européens est limpide : l’automatisation change d’échelle, au moment précis où Tesla vient de proposer à Elon Musk la rémunération la plus ambitieuse de l’histoire du capitalisme.

Le conseil de Tesla lui offre un package pouvant atteindre 1.000 milliards de dollars, intégralement en actions et 100% conditionnel. Il serait étalé sur 10 ans et indexé sur la capitalisation boursière et sur des taux de pénétration des robots. La partie “valeur” trace une rampe en 12 paliers liée à la capitalisation boursière : de 2.000 jusqu’à 8.600 milliards de dollars. Côté “opérationnel”, Tesla fixe à Musk des objectifs qui actent son basculement dans l’IA embarquée : déployer 1 million de robotaxis, livrer 1 million de robots Optimus, atteindre 20 millions de véhicules cumulés et 10 millions d’abonnements FSD (Full Self Driving) sur trois mois consécutifs. Le paquet représente 423 millions d’actions avec acquisition des droits de vote dès l’acquisition d’une tranche. Les deux dernières tranches exigent en outre un plan de succession approuvé par le conseil. Un vote des actionnaires est prévu en novembre 2025.

Autrement dit, le package n’est pas un chèque en blanc : c’est un pari géant sur la réussite industrielle et logicielle de Tesla dans les robotaxis et les humanoïdes. C’est un record absolu, calibré pour arrimer durablement Musk à la trajectoire “IA + robots”.

Pourquoi lier cette rémunération de 1.000 milliards à la pénétration des robots ? Parce que Musk assume désormais que 80% de la valeur de Tesla viendra des robots Optimus et des logiciels/plateformes associés. Le plan encode cette conviction sous forme d’objectifs concrets sur les humanoïdes et la robotique mobile. Or, c’est précisément le front qui concerne massivement l’industrie européenne : dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de vieillissement massif, des humanoïdes opérationnels, sûrs et bon marché peuvent réallouer massivement les tâches industrielles. Cela change tout pour le manager européen.

Si la Bourse valide la thèse “IA + robots” à hauteur de milliers de milliards, l’investissement en amont (capex, data centers industriels, outillage, capteurs) va s’emballer. Rester spectateur, c’est accepter une prime de risque croissante. L’avantage compétitif migre des process humains vers l’orchestration IA-robot. Il faut cartographier immédiatement les tâches robotisables et expérimenter.

Si Musk capte l’essentiel de la marge des humanoïdes, qui gardera de la valeur ajoutée en Europe ?

Il faut aussi prévoir la gouvernance des dépendances : les robots “ne font pas grève”, mais ils créent de nouvelles vulnérabilités (fournisseur unique, mises à jour, prises de contrôle logicielles, etc.). Si Musk capte l’essentiel de la marge des humanoïdes, qui gardera de la valeur ajoutée en Europe ? Ni la Belgique ni la plupart des pays européens n’abritent de leaders dans la fabrication des humanoïdes. Il faut d’urgence bâtir des écosystèmes d’intégration, de maintenance et de middleware industriels pour éviter une énorme dépendance.

Le package à 1.000 milliards n’est pas une fantaisie mégalomane : c’est une feuille de route financière qui verrouille l’alignement de Musk sur Optimus et les robotaxis. Pour les dirigeants européens, l’attentisme est une stratégie perdante. Il faut tester et investir maintenant, pour ne pas découvrir dans cinq ans que la valeur captée par l’écosystème des humanoïdes l’a été… ailleurs.

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