Philippe Defeyt
J’en ai marre des déclarations de l’Open VLD
Le président de l’Open VLD a déclaré ce matin sur les ondes de Bel RTL qu’avec “Notre système de CPAS, si on compte tous les avantages, quelqu’un qui travaille à la caisse chez Colryut a moins. Quand on compare aux pays autour de nous, notre système de chômage est trop intéressant.”
Egbert Lachaert ne faisait que répéter ce que disait il y a peu Vincent Van Quickenborne.
Au niveau des revenus d’abord :
- Une personne travaillant à temps plein ne peut pas gagner moins qu’une personne bénéficiant du revenu d’intégration, même si c’est un parent seul ; c’est structurellement impossible dès lors que le salaire minimum pour un temps plein est de 2.070 €/mois
= 1.862 €/mois en net pour une personne seule ; RIS correspondant = 1.214 €
= 2.028 €/mois pour un parent seul avec 2 enfants ; RIS correspondant = 1.641 € - Dans beaucoup de secteurs, l’écart réel est plus grand que celui qui résulte de la comparaison entre le salaire mensuel net et le revenu d’intégration (ou l’allocation de chômage) parce qu’il faut tenir compte du 13ème mois et du double pécule de vacances, qui augmentent le net mensuel d’environ 10% ; les allocataires sociaux eux n’en bénéficient pas.
- Une personne qui travaille à temps partiel, surtout si elle travaille dans un secteur où les salaires horaires sont faibles (distribution, HORECA, nettoyage…), peut cependant gagner moins que ce qu’elle aurait au CPAS mais elle ne pourra jamais au total avoir un revenu moindre que celui du CPAS:
- soit parce qu’elle aura droit à un complément accordé par le CPAS (différence entre le montant de son salaire et le revenu d’intégration correspondant) si elle est seule ou si elle est parent seul
- soit parce qu’elle vit avec une autre personne qui elle même a des revenus ; le revenu total du ménage est dans ce cas supérieur au revenu d’intégration.
- Enfin, comment peut-on comparer des pommes et des poires ? Si des personnes à petits revenus ont un revenu à peine supérieur à celui d’un.e allocataire social.e, c’est parce qu’elles ont été amenées à devoir accepter un job dont le salaire est inférieur à leur salaire précédent, soit parce que le temps de travail est réduit, soi parce que le salaire horaire est moindre, soit pour ces deux raisons combinées. Exemple : un salarié qui gagnait 3.000 € bruts/mois avant de perdre son job n’aura un job qui ne lui rapporte pas beaucoup plus que 1.800 €/mois (= montant de son allocation de chômage après 3 mois) que si le salaire mensuel proposé est inférieur à 3.000 € bruts/mois (ce qu’il gagnait avant) ; il n’y aura jamais – par définition – de piège à l’emploi si on lui proposait un job avec le même salaire qu’avant ! Or, la législation du chômage est ici implacable : si un emploi vous rapporte au moins autant que votre allocation de chômage (tenant compte des frais de déplacement), vous êtes obligé de l’accepter (1).
D’où la proposition que les personnes qui travaillent à temps plein devraient toujours disposer d’au moins 500 euros nets de plus par mois que les personnes qui ne travaillent pas ; c’est l’idée qui sera mise au vote au Congrès de l’Open VLD le WE prochain. Pourquoi pas, mais c’est une proposition juste impossible à mettre en œuvre dans le cadre de l’actuelle législation du chômage et de la législation sur le revenu d’intégration !
En matière de niveau de vie :
Oui, c’est un fait que si on tient compte de certains avantages sociaux – par exemple le statut BIM ou le tarif social pour l’énergie – un travailleur peut disposer d’un niveau de vie inférieur à celui d’un allocataire social. Mais :
- l’explication principale reste néanmoins la faiblesse du salaire proposé (en fait imposé) à beaucoup de demandeurs d’emploi peu qualifiés ;
- hors période de surchauffe énergétique, l’avantage apporté par le tarif social joue peu ; en outre, on se demande pourquoi les ministres Open VLD ont tant insisté pour supprimer le tarif social pour ceux qui travaillent, ce qui aggrave les situations que le président Lachaert dénonce ;
- ces situations concernent surtout les parents seuls avec enfants ; faut-il comprendre que Lachaert souhaite réduire les revenus et le niveau de vie de ces personnes, qui sont surtout des femmes ?
Pour une analyse plus complète de ces questions, voir ici.
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