Visiblement, seuls les investisseurs ont “les épaules les plus larges”

Bart De Wever. BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE © BELGA
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Une opinion de Danny Reweghs.

Tout comme pour la formation du gouvernement, cela a pris beaucoup plus de temps que prévu, avec beaucoup de rebondissements et de moments de crise. Mais finalement, un budget pluriannuel a été adopté. C’est précisément le premier des trois jours de grève que Bart De Wever et les autres vice-premiers ministres ont pu présenter leurs propositions. Le plus grand mérite reste qu’un accord a pu être trouvé et que nous avons évité le chaos politique qui règne en France. Mais il ne s’agit pas d’une opération de 10 milliards d’euros et tous les principes initiaux, tels que le saut d’indexation et l’augmentation générale de la TVA, ont été intégrés.

Mais une fois de plus, ce budget fait l’objet d’une discussion approfondie et critique dans les milieux financiers. Car lorsqu’il s’agit d’investisseurs, il n’y a absolument aucune concession. Ils en ont assez d’entendre toujours la même phrase, selon laquelle les « épaules les plus larges » doivent également contribuer. Car ce gouvernement aussi limite très clairement les « épaules les plus larges » aux personnes disposant d’actifs financiers tels que des actions et des obligations. C’est le cas à chaque cycle budgétaire actuel, et à chaque fois, nous nous éloignons un peu plus d’une fiscalité plus équitable sur le patrimoine.

En pleine pandémie de Covid-19, la taxe sur les comptes-titres a été réintroduite. Elle a été présentée comme une « contribution de solidarité des citoyens fortunés au secteur des soins de santé ». Son taux est de 0,15% pour les montants supérieurs à 1 million d’euros sur les comptes-titres. On pouvait déjà parier sur deux choses. Tout d’abord, qu’il ne s’agirait pas d’une mesure temporaire et que le lien avec le secteur des soins de santé serait rapidement oublié. Ensuite, que le taux serait tôt ou tard augmenté et/ou que le montant sur le compte-titres serait réduit.

Le gouvernement De Wever a cette fois-ci opté pour la première solution : le taux est doublé d’un trait de plume, passant de 0,15 à 0,30%. En revanche, les personnes qui ont investi leur argent dans l’immobilier, l’art, les voitures anciennes, etc., même plusieurs millions, échappent de nouveau à la taxe. Apparemment, elles n’ont pas les « épaules les plus larges ».

Des rendements encore plus élevés

En effet, lors de la formation du gouvernement, un impôt sur les plus-values avait déjà été convenu, qui a été définitivement adopté lors de cette discussion sur le budget. Et même si celui-ci ne sera pas adopté par le Parlement avant la fin de l’année, les plus-values commenceront à être prises en compte à partir du 1er janvier 2026.

Les épargnants et les propriétaires immobiliers constituent un groupe très important et échappent presque toujours au fisc. Les investisseurs en actions sont un groupe plus restreint, peu sympathique, et vous êtes donc une proie facile dans le jeu politique. Et cela même si, dans les années 80, la loi Cooreman-De Clercq a prouvé qu’il était possible de faire autrement et que cela avait eu des conséquences très positives pour l’économie belge. Mais personne ne prête attention à ces conséquences négatives, et encore moins ne les comprend. Une bourse bruxelloise florissante ? Non, la politique belge ne s’en préoccupe pas.

Le traitement de plus en plus inégal des différentes formes de patrimoine est consternant. Et pourtant, nous refusons toujours de jeter l’éponge. Se débarrasser de toutes les actions !? Bien sûr que non. Nous continuons à défendre avec autant de verve qu’auparavant l’investissement dans les actions, les obligations et les trackers. Car le rendement à long terme restera supérieur à celui d’un livret d’épargne fiscalement avantageux, par exemple.

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