Wall Street au bord du précipice
Cela fait désormais 102 mois que la Bourse américaine progresse de façon ininterrompue, une série qui s’approche de la fin selon les stratégistes de HSBC, Société Générale, Citigroup ou Morgan Stanley.
Amorcée en mars 2009 alors que l’économie mondiale traversait la Grande Récession, la hausse actuelle de Wall Street est la seconde plus longue de l’histoire. Seule le bull market de la décennie 90 (113 mois) a été à la fois plus long et plus intense avec une progression de 417% contre 269% pour la hausse actuelle. “Les rallyes boursiers ne meurent pas de vieillesse” peut-on entendre sur Wall Street. “Ils meurent de peur ; et ce qu’ils craignent le plus, c’est une récession” précisait Sam Stovall, Stratégiste chez CFRA, à l’occasion du huitième anniversaire du marché haussier.
Fin de cycle pour l’économie US
L’économie américaine apparait justement s’orienter vers un retournement, à en croire notamment l’évolution de la valeur ajoutée réelle des entreprises (non-financières) aux États-Unis. En glissement annuel, elle est négative depuis quelques mois, un signe qui a précédé l’émergence des dernières récessions. Les spécialistes de Société Générale estiment également que la conjoncture américaine est en fin de cycle alors que la marge bénéficiaire des entreprises a amorcé un reflux ces derniers trimestres, signe que l’économie est proche du plein emploi tout en perdant de son dynamisme.
Des résultats qui ne comptent plus
Savita Subramanian, Stratégiste chez Bank of America Merrill Lynch, souligne également que le comportement des investisseurs est typique de la fin d’une période haussière en Bourse. Ils accordent par exemple moins d’importance aux résultats, les entreprises qui ont fait mieux que prévu tant en termes de profits que de chiffre d’affaires n’ont ainsi pas été récompensées sur Wall Street pour le dernier trimestre, une première depuis le milieu des années 2000. Savita Subramanian en conclut que les résultats et perspectives sont déjà largement inclus dans les cours, un signal de fin de cycle.
Une faible corrélation
Du côté de Morgan Stanley, Andrew Sheets s’inquiète de la décorrélation entre les différentes classes d’actifs : actions, obligations, taux de change et matières premières connaissant leur évolution propre. Les investisseurs s’intéressent au risque inhérent à chaque actif. “Ce n’est pas un hasard si la dernière fois que nous avons observé une corrélation aussi basse était en 2005-2007”, juste avant le retournement (spectaculaire) des marchés.
Une bulle avant l’explosion ?
Du côté de Citigroup, on se montre également prudent, les stratégistes s’attendant à observer les premiers signes de tensions au cours des prochains mois tout en précisant que les bulles sont courantes dans le contexte de fin de cycle actuel, ce qui pourrait encore porter (temporairement) Wall Street vers de nouveaux records.
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