Virements bancaires : pourquoi votre argent met-il parfois plusieurs jours à arriver ?

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Il arrive souvent qu’un virement bancaire, pourtant effectué dans les règles, mette plusieurs jours avant d’apparaître sur le compte du bénéficiaire. Où se trouve cet argent durant ce laps de temps et pourquoi certains virements prennent-ils encore autant de temps en Belgique ?

En théorie, les virements sont encadrés par des règles simples. Lorsqu’un virement est effectué entre deux comptes d’une même banque, l’opération est généralement instantanée. En revanche, lorsqu’il s’agit d’un transfert vers un compte d’une autre banque, l’argent devrait apparaître sur le compte du destinataire le jour ouvrable suivant (J+1).

Dans la pratique, plusieurs facteurs peuvent allonger ce délai. L’heure et le jour peuvent avoir une influence. L’heure limite pour un virement le jour même varie selon les banques (parfois 15h ou 16h). La plupart des banques ne traitent pas les virements standards durant le week-end.

Ainsi, si vous effectuez un virement un vendredi après la fermeture des systèmes bancaires, l’argent ne sera pris en compte que le lundi matin. Concrètement, l’argent arrivera sur l’autre compte le lundi après-midi, voire le mardi.

Un contrôle pour éviter les erreurs et les fraudes

Cet argent n’est donc pas “perdu”, mais plutôt temporairement retenu par un intermédiaire, le plus souvent le CEC (Center d’Echange et de Compensation) qui est un élément clé de l’infrastructure belge de paiements. Le CEC est en effet le système de paiement de détail qui traite la grande majorité des paiements intra-belges. À côté de ce dernier, on retrouve le TARGET2 qui est le système de paiement de gros montants qui fait la connexion entre les banques belges et européennes.

Ce processus permet d’identifier d’éventuelles erreurs (comme un mauvais numéro de compte) ou des transactions suspectes liées au blanchiment d’argent ou à la fraude.

Cette étape de contrôle est essentielle pour garantir la sécurité financière, mais elle peut entraîner un retard dans le traitement du virement. Si la plupart de ces vérifications sont automatisées, il arrive que certaines opérations demandent l’intervention d’un employé, ce qui rallonge d’autant le temps avant que l’argent soit crédité sur le compte du destinataire.

Dans quel cas un virement bancaire peut-il être bloqué ?

Une banque ne peut refuser un virement en fonction du pays d’origine du payeur. Un tel refus arbitraire peut entraîner des sanctions. En revanche, une banque peut refuser un virement pour les raisons suivantes :

• Solde bancaire insuffisant,
• Dépassement des plafonds définis dans la convention de compte,
• Impossibilité technique d’émettre depuis un compte bancaire non éligible,
• Suspicion de fraude bancaire ou d’activité illégale.

Dans tous les cas, la banque doit fournir la raison précise du blocage à son client. Elle peut également retarder l’exécution du virement, le temps de procéder à une vérification.

Le virement instantané : une solution désormais gratuite

Pour éviter ces délais, il est possible d’opter pour un virement instantané. Cette solution permet de transférer de l’argent en quelques secondes, 24 heures sur 24, y compris les week-ends et les jours fériés. Vous devriez être informé dans les 10 secondes via une notification de la réussite ou non du transfert.

Pour encadrer ces virements instantanés, une réglementation européenne, l’“Instant Payment Regulation”, est entrée en vigueur le 8 avril 2024 avec une mise en œuvre échelonnée.

La première étape est néanmoins déjà d’actualité, puisque depuis le 9 janvier 2025, toutes les banques belges doivent proposer la réception de virements instantanés. Cette réglementation impose aussi aux banques de proposer ce service sans surcoûts aux consommateurs. Un vrai changement quand on sait que certaines banques n’hésitaient pas à facturer des frais de plus d’un euro par virement instantané.

Pour la seconde étape, qui comprend aussi l’envoi de virements instantanés, les banques ont jusqu’à octobre 2025 (pour mettre en place ce système ?). Et si beaucoup d’institutions ont anticipé et proposent déjà ce service, toutes les banques ne se sont pas encore entièrement conformées à la nouvelle législation. Envoyer un virement instantané n’est pas possible sur toutes les plateformes. Certaines proposent cette fonctionnalité uniquement via mobile banking, d’autres autorisent la réception, mais pas encore l’envoi. Dans certains cas, le virement instantané est même devenu « l’option par défaut ». L’accès à ce service varie donc selon la banque dont vous êtes client.

Pourquoi tous les virements ne sont-ils pas instantanés ?

Malgré l’obligation de gratuité, toutes les banques belges ne réalisent pas encore automatiquement les virements sous cette forme. Les paiements instantanés utilisent en effet une infrastructure différente, plus gourmande en volumes, ce qui nécessite des investissements et un certain temps d’implémentation. Certaines banques préfèrent donc conserver le système classique pour faciliter leurs processus internes ou effectuer des contrôles supplémentaires sur certaines opérations. Si les délais bancaires peuvent sembler anachroniques, ils traduisent donc avant tout la volonté des banques d’assurer la sécurité des transactions.

Prudence avec le virement instantané

Si le virement instantané ne manque pas d’atouts, il n’est en effet pas totalement sans danger. Ce type de virement présente même un inconvénient majeur : il est irréversible. Une fois l’opération validée, il est impossible de revenir en arrière en cas d’erreur sur le montant ou le destinataire. Ce qui en fait aussi un outil de choix pour les tentatives de phishing. C’est pourquoi il est conseillé de réserver les virements instantanés à vos proches ou aux personnes de confiance.

IBAN check

Pour tenter de limiter les risques de fraude, la réglementation européenne encadre strictement l’utilisation et la validation des IBAN (International Bank Account Number). Pour rappel, un IBAN valide doit respecter une structure définie pour être accepté dans les transactions SEPA (voir encadré ci-dessous). Il permet d’assurer que les paiements, qu’ils soient nationaux ou transfrontaliers, soient traités de manière uniforme et sécurisée.

Or, d’ici le 9 octobre 2025, toujours selon la réglementation européenne, les prestataires de services de paiement devront également permettre le IBAN check, soit la vérification du bénéficiaire pour tout virement (y compris les classiques), afin de réduire les risques d’erreurs ou de fraudes. Cette vérification vise à comparer le nom du bénéficiaire avec l’IBAN fourni pour éviter des erreurs ou des fraudes lors de l’envoi d’argent.

Un défi opérationnel

Cette fonctionnalité est encore loin d’être déjà implémentée par tous les organismes. Il est vrai que la mise en place du contrôle de l’IBAN représente un véritable défi opérationnel, puisque toutes les banques de l’UE devront échanger des informations en temps réel pour permettre cette vérification. De plus, le contrôle des noms s’avère complexe, car il est nécessaire de considérer les petites variations d’orthographe comme des « erreurs mineures » et non comme des fautes. Le système devra donc être capable de gérer les différences d’orthographe et l’utilisation d’abréviations (par exemple : Lefèvre, Lefèbvre, Lefebvre, etc.).

Le système SEPA
Depuis la mise en place de l’Espace unique de paiement en euros ou SEPA (Single Euro Payments Area) en 2014, les transactions à l’intérieur de l’Europe se sont fluidifiées, car le système fait abstraction des frontières territoriales. Un identifiant unique IBAN précise le pays d’origine via les deux premières lettres (par exemple, BE pour la Belgique). Contrairement à un virement international généralement réalisé dans une devise étrangère, le virement SEPA s’effectue en euros et sous un délai d’un jour ouvré en moyenne. Les États membres de l’Union européenne dont la monnaie n’est pas l’euro (Suède, Pologne, République tchèque,…) devront également appliquer ces règles, mais bénéficieront d’une période de transition plus longue.

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