Vendre du carburant à prix coûtant: envisageable en Belgique ?

Caroline Lallemand

En France, l’enseigne E.Leclerc vend régulièrement du carburant à prix coûtant dans ses stations. Un tel dispositif serait-il légalement possible et économiquement viable en Belgique ?

Ce week-end des 17 et 18 octobre, les automobilistes français pourront faire le plein à prix coûtant dans plus de 700 stations-service E.Leclerc participantes en France. Concrètement, comme pour les trois autres campagnes estivales, les adhérents vendront leurs produits au prix d’achat du pétrole auquel s’ajoutent le transport, les taxes pétrolières et la TVA, sans faire de bénéfice sur leurs ventes, rapporte Capital.fr. Tous les carburants sont concernés par la promotion.

Au-delà de l’outil promotionnel et du produit d’appel, cette initiative répétée depuis plusieurs mois vise à “apporter un soutien concret au budget des familles”, argumente Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des Centres E.Leclerc.

Aussi en Belgique ?

Cette pratique pourrait-elle traverser la frontière ? “Non, elle n’est pas transposable”, répond Emmanuel Cécille, conseiller Énergie-Environnement chez Brafco (Fédération belge des négociants en combustibles). “En Belgique, nous avons un prix maximum fixé par le contrat programme. Tant que les stations-service ne dépassent pas ce prix maximum et ne vendent pas à perte, elles peuvent faire ce qu’elles veulent », explique-t-il. “Mais, si le carburant était effectivement vendu à prix coûtant – coût du produit, transport, accises et TVA – sans aucune marge, ce ne serait pas légal en Belgique étant donné que les frais dits overhead (frais liés à l’exploitation de la station) ne seraient pas pris en compte”, insiste Emmanuel Cécille.

Chaque pays a sa propre logique de vente de carburant

La nuance est importante : vendre à prix coûtant n’est pas vendre à perte. En septembre 2023, le gouvernement français avait autorisé temporairement la vente à perte de carburant pour six mois afin de soutenir le pouvoir d’achat. Cette mesure avait provoqué un exode des automobilistes belges vers les stations frontalières.

Ce week-end des 17 et 18 octobre, les automobilistes français pourront faire le plein à prix coûtant dans les plus de 700 stations-service E.Leclerc participantes en France.

Promotions ciblées

Cette pratique est donc absente du paysage belge. En Belgique, les stations-service pratiquent plutôt des promotions ponctuelles et ciblées pour attirer les automobilistes. Exemples parmi d’autres : Shell propose son “Mercredi Win-Win” (-0,16€/litre). Lukoil Belgique mise, elle, sur le numérique avec son application « Lucky Deals ». Celle-ci offre ponctuellement des prix cassés et des réductions personnalisées à la pompe.

Une structure de marché différente

“Chaque pays a sa propre logique de vente de carburant”, explique encore le représentant de Brafco. En Belgique, le marché diffère fondamentalement du marché français. Les pompes à essence, en France, sont souvent rattachées à un grand groupe de supermarchés. “En Belgique, beaucoup de stations-service sont gérées par des exploitants indépendants”, poursuit Emmanuel Cécille. Pour ces petites structures, absorber la marge – même temporairement – représenterait un trop grand risque financier. Elles ne pourraient pas faire le poids face aux grands groupes plus solides.

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