Taux bas: nos conseils pour investir en devises étrangères
La Banque centrale européenne achète des obligations d’Etats de la zone euro, ce qui pèse sur leur rendement. Cela vaut-il la peine d’acheter des obligations en devise étrangère ?
“Lorsqu’ils achètent des obligations en devises étrangères, les investisseurs doivent avoir conscience de trois risques : la durée, l’émetteur et l’évolution du change“, indique Jonathan Goldwasser, manager de la société de Bourse Goldwasser Exchange. “Nous recommandons toujours de neutraliser ou à tout le moins de minimiser l’un de ces trois risques.“
Limitez la durée
Jonathan Goldwasser : “Celui qui achète une obligation en devises étrangères limite de préférence la durée.” La durée d’une obligation est la période jusqu’à la date d’échéance, le jour où les investisseurs récupèrent leur mise.
Son cousin – et propriétaire de la société de Bourse – Alex Goldwasser y ajoute qu’il ne faut pas exagérer les courtes durées. “Cela n’a pas beaucoup de sens d’acheter des obligations qui viendront à échéance un an plus tard. Le rendement est trop faible et les frais, trop élevés.”
Sélectionnez des émetteurs très crédibles
Johathan Goldwassser achète de préférence “des obligations émises par des entreprises ou des institutions très crédibles, dotées d’une note de crédit d’au moins A+“.
Pour les investissements en devises exotiques, il vaut donc mieux exclure autant que possible le risque de non-paiement. Pour cela, on choisira les obligations émises par des instances supranationales. Elles sentent l’appui des autorités.
Nous parlons ici d’émetteurs comme la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), la Banque mondiale, la Waterschapsbank néerlandaise, la Nordic Investment Bank, etc. Elles émettent régulièrement des obligations en devises étrangères, allant du rand sud-africain au peso mexicain. Ici aussi, des titres de créance sont disponibles au petit investisseur grâce au seuil réduit.
Ne pariez pas l’évolution d’un cours
Après celles en euros, les obligations en dollar américain sont les plus populaires auprès des clients de Goldwasser Exchange. “Nos clients abordent les obligations en euro ou en dollar pratiquement de la même manière. Le risque d’importantes variations de change est limité. Surtout par comparaison avec les performances capricieuses de certaines devises exotiques“, commente Jonathan Goldwasser.
Plusieurs économistes croient que le taux euro-dollar est en route vers la parité, à savoir qu’un euro vaudrait un dollar. En d’autres termes, en plus de taux légèrement plus élevés sur les obligations d’Etat et d’entreprises américaines, il y a de fortes chances que votre apport en euros gagne en valeur suite à un éventuel renforcement de la devise américaine par rapport à l’euro. Revers de la médaille, si un vent contraire devait souffler sur les cours, vous recevriez en retour, à l’échéance de l’obligation, moins d’euros que votre investissement initial.
Ensuite, le rouble russe, le réal brésilien, le rand sud-africain et la livre sterling sont les principales devises qu’apprécient les clients de la maison de Bourse. “Sur ces devises exotiques, les taux sont bien plus élevés que sur les obligations en euro. Si le rendement est suffisamment élevé, il ne sera pas entièrement phagocyté par les soubresauts du cours de la devise“, précise Jonathan Goldwasser. “A cela s’ajoute que nous remboursons toujours la mise de nos clients dans la devise dans laquelle l’obligation est notée. Ils peuvent alors choisir de réinvestir dans la même monnaie, de conserver le cash ou de convertir le capital en euros. De cette manière, ils peuvent décider qu’il s’agit du bon moment – ou non – pour échanger leurs devises étrangères. Pour le paiement du coupon, le client décide lui-même s’il veut le voir apparaître sur son compte en devises étrangères ou en euros.”
Sur les obligations de Norvège, Suède et Danemark, Jonathan Goldwasser se montre moins enthousiaste. “On ne trouve pas beaucoup d’obligations en petites coupures. Les rendements sont tellement faibles que cet investissement est réservé à ceux qui veulent spéculer sur un renforcement des monnaies“, explique Jonathan Goldwasser.
Prévoir l’évolution d’un cours reste difficile, il faut le savoir. Parier sur la hausse ou la baisse d’une devise est toujours risqué. Economistes et stratégistes se trompent régulièrement dans l’évaluation des tendances à venir sur les marchés des changes.
La diversification reste de mise, certainement pour les obligations en devises d’économies moins stables. Pour de nombreux investisseurs, les obligations pour lesquelles un seuil minimum de 100.000 euros est exigé représentent une part trop importante de leur budget, ce qui rendrait la diversification insuffisante.
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