Se chauffer au mazout gagne soudain en popularité
Le prix maximum du mazout est passé aujourd’hui sous les 50 eurocents par litre, soit presque la moitié de moins que le sommet atteint en octobre 2012. Ce qui, pour une commande de 3.000 litres, représente une différence de 1.360,50 euros. Dans ces conditions, le chauffage au gaz naturel est-il toujours le système le plus avantageux ?
Le Brent de la mer du Nord coûte sur les marchés internationaux moins de 50 dollars le baril, alors qu’il avait atteint 146 dollars en 2008. Une dégringolade qui se répercute sur les prix maximums du fioul domestique. Le prix du mazout de chauffage inclut accises et contributions, au profit par exemple du Fonds Social Chauffage, ce qui explique que son évolution ne soit pas parfaitement parallèle à celle du cours du brut.
Les commandes considérables de fioul domestique pourraient s’expliquer par le niveau actuel des prix
Selon Olivier Neirynck, directeur technique de Brafco, la Fédération belge des négociants en combustibles et carburants, les mois de juillet et août auront été excellents pour les distributeurs de combustibles. Les chiffres précis ne sont toutefois pas encore connus. “Ces commandes considérables de fioul domestique pourraient s’expliquer par le niveau actuel des prix”, suppute notre interlocuteur. En janvier dernier, le gasoil de chauffage (le nom officiel du mazout) a brièvement flirté avec les 0,5171 euro par litre, un prix inférieur encore à ce que les ménages paient aujourd’hui pour une commande de plus de 2.000 litres — du jamais vu depuis quatre ans.
Rien n’indique que la chute des cours soit désormais enrayée : compte tenu de la mollesse de l’économie mondiale, la demande de pétrole s’inscrit en-deçà des prévisions et l’offre est excédentaire. Il se pourrait de surcroît que l’Iran soit autorisé à exporter sous peu davantage de pétrole, ce qui engendrerait un nouvel accroissement de l’offre. Ceci étant, personne ne peut prédire avec certitude la direction que prendront les cours. Rappelons d’ailleurs que leur récente culbute en a surpris plus d’un. En d’autres termes, il est risqué de continuer à attendre pour remplir sa citerne à mazout.
Appareils de chauffage
La baisse des prix n’influence pas que les commandes de mazout : 12.100 appareils de chauffage au mazout ont été vendus en Belgique au cours des sept premiers mois de 2015. “Soit une augmentation de 30 % par rapport à la même période l’an passé, calcule Emile Vandenbosch, le secrétaire général de l’Association pour les techniques thermiques de Belgique (ATTB), un organisme indépendant qui compile et analyse les chiffres du marché. Si nous enregistrons une accélération des ventes en 2015, force est de préciser que la baisse était régulière depuis 2010.”
Par ailleurs, 101.900 chaudières au gaz naturel, soit près de 10 fois plus, se sont d’ores et déjà écoulées en 2015. Leurs ventes n’augmentent pas aussi spectaculairement (+2,5 % en glissement annuel) que celles de leurs concurrentes au mazout. On évalue à 2,2 millions le nombre de ménages belges qui se chauffent au gaz naturel et à 1,7 million celui dont le chauffage central fonctionne au mazout. Vient ensuite l’électricité, une méthode beaucoup plus chère ; seule une minorité de consommateurs, enfin, choisit le poêle à pellets ou une pompe à chaleur par exemple.
L’on ne peut s’empêcher de remarquer à quel point les prix de l’énergie, pourtant très en dents de scie, incitent à prendre des décisions dont l’impact s’inscrit sur le long terme. Le ménage qui achète une chaudière s’embarque en effet pour 15 ans. “Les prix de l’énergie influencent considérablement le choix du système de chauffage.
Remplacer l’ancienne chaudière par une installation à haut rendement (dotée du label Optimaz Elite) permet de réduire la consommation de 40 %.
Les manchettes des journaux, qui évoquent “électricité chère” et “pétrole bon marché”, font mouche”, réagit Willem Voets, general manager d’Informazout. Cette ASBL, spécialisée dans l’information relative au chauffage au mazout, bénéficie du soutien des distributeurs de fioul domestique ainsi que des fabricants et des installateurs de chaudières au mazout.
Pour Willem Voets, un autre élément encore incite les consommateurs à renouer avec le gasoil de chauffage: “Remplacer l’ancienne chaudière par une installation à haut rendement (dotée du label Optimaz Elite) permet de réduire la consommation de 40 %. En 1990, un ménage consommait plus de 3.000 litres de mazout en moyenne par an ; on tourne aujourd’hui autour de 2.100 litres”, précise-t-il.
Lisez le dossier complet au sujet du choix des combustibles dans le magazine Trends-Tendance aujourd’hui dans votre magasin.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici