Quelles sont les alternatives de paiement à la monnaie ?
Maintenant qu’une crise économique enserre la Grèce dans un étau, de plus en plus de Grecs cherchent une alternative à l’Euro. A Athènes, vous pouvez désormais payer avec des unités de temps. Et ailleurs dans le monde, des citoyens développent également leurs propres moyens de paiement.
Au cours de ces deux dernières années, les systèmes de troc se sont fortement développés en Grèce, d’après le journal de Volkskrant. Selon l’organisation activiste Omikron Project, le pays compte plus de quatre-vingt méthodes de paiement alternatives.
“L’argent comptant est rare en ce moment, alors on s’invente d’autres moyens”, explique Mehran Khalil, un des fondateurs d’Omikron Project. Selon lui, la création de moyens de paiement alternatifs est une réaction logique “à la situation intenable”.
Heures et monnaies locales
Le TEM (acronyme grec pour Monnaie Locale Complémentaire) est la devise alternative la plus utilisée. Quand on adhère au TEM, on reçoit un compte (mis à zéro au début). En échange de services ou de biens, on reçoit des points qui viennent alimenter ce compte. On peut utiliser ces points pour acheter des produits ou des services à d’autres personnes. Cette monnaie a vu le jour en 2010 dans la ville portuaire de Volos, au début de la crise de la dette grecque.
Les habitants d’Athènes ont, quant à eux, créé la banque de temps (ATX) en 2011, une banque qui accepte exclusivement du temps comme moyen de paiement. Les clients de la banque gagnent une unité de temps par heure consacrée à aider autrui.
Plusieurs entrepreneurs ont eux aussi créé une alternative à l’Euro en 2009. Ils ont développé le système de paiement Ovolos à Patras. Le système dispose d’une monnaie locale, d’un système de troc et d’une banque de temps.
Les habitants de Chania (La Canée), une ville de Crète, sont même allés une étape plus loin. En 2011, ils ont inventé une monnaie locale, la Monada. Chaque dimanche, les membres tiennent un marché ouvert où ils peuvent utiliser la monnaie.
En Belgique aussi
Mais ailleurs dans le monde aussi, on trouve des personnes utilisant des alternatives à l’euro.
En Belgique, les monnaies locales gagnent en popularité. Les moyens de paiement alternatifs servent à encourager le travail bénévole et à renforcer la cohésion sociale. A Turnhout entre autres, les habitants ne paient pas exclusivement avec l’euro. C’est ce qu’écrit Timo van Gucht dans un reportage pour MO-magazine. Les habitants de Turnhout utilisent les “Atouts”.
“Le vieillissement de la population, une économie cahotante et l’austérité mettent une pression considérable sur notre modèle de prospérité, qui est basé sur la croissance économique et où gagner de l’argent et consommer sont les principaux éléments”, dit Suzy Maes, coordinatrice de Time2Care dans une interview pour le magazine.
“Ces défis représentent en même temps une opportunité pour la transition et l’émergence de nouveaux modèles sociaux. En effet, il y a une richesse d’engagement volontaire des gens qui constitue le fondement d’une société chaleureuse et solidaire.
L’engagement volontaire (ou bénévolat) des personnes envers les autres, nous voulons le renforcer, le rendre visible et le valoriser par le biais de la monnaie locale.”
Malaga Común
En Espagne aussi, un pays qui se rétablit d’une crise économique, les moyens de paiement alternatifs sont à l’ordre du jour.
Les habitants de Malaga, ville du sud de la péninsule Ibérique, ont développé le Malaga Común.
Son créateur, David Chapman, était à la recherche d’une alternative au capitalisme sauvage et voulait jeter les bases d’une société plus équitable et solidaire. Aujourd’hui, le pays du sud de l’Europe compte une trentaine de villes qui proposent leur propre monnaie locale. A Séville, on paie avec le Puma, à Madrid avec le Boniato.
A Barcelone, les banques de temps sont en progression. “Grâce à l’unité de temps, les gens peuvent tout de même participer à l’économie sociale, malgré les problèmes financiers”, disait Josefina Altes, coordinatrice de la Time Bank Network espagnole au Washington Post.
Tout le monde ne réagit cependant pas de manière enthousiaste aux moyens de paiement alternatifs.
Certaines villes craignent de perdre de l’argent de l’impôt avec de tels systèmes. D’autres pouvoirs locaux ont peur de pratiques frauduleuses.
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