Pourquoi Nyrstar est engagé dans une voie sans issue
Le titre du spécialiste du zinc a de nouveau sombré ce vendredi en Bourse, Nyrstar ayant prévenu qu’il n’atteindrait pas ses objectifs 2018. Le groupe incrimine la rechute du prix du zinc mais n’apparaît guère mieux armé financièrement pour faire face à une hausse du prix du zinc…
Incriminant les “conditions de marché externes”, Nyrstar a averti que son excédent brut d’exploitation (EBE) du second semestre serait sensiblement inférieur à celui du premier. En chiffres, son EBE de l’ensemble de l’année sera donc de largement moins de 240 millions, très loin du consensus des analystes de 293 millions.
La baisse du prix du zinc
Dans le détail, Nyrstar incrimine la chute du prix du zinc dont le cours plafonne à 2400 dollars la tonne actuellement, un quart de moins que la moyenne du premier semestre. Les analystes s’étonnent toutefois de l’ampleur de l’avertissement du groupe qui avait acquis des couvertures pour se prémunir d’une chute du prix du zinc, bénéficie du lancement de son site rénové de Port Pirie et profite de la vigueur du dollar américain ces derniers mois. Nyrstar réalise en effet ses ventes en billets verts alors qu’il subit ses coûts en grande partie en euros et dollars australiens. Du côté de DegroofPetercam, on affirme ainsi raboter la prévision d’EBE pour 2018 de 50 à 100 millions et également réduire les estimations pour 2019 de plusieurs dizaines de millions. L’avis passe ainsi à vendre malgré que Nyrstar a maintenu l’un de ses principaux objectifs 2018 : un flux de trésorerie libre positif. En résumé, cela signifie que ses activités doivent dégager un (léger) excédent de liquidités alors qu’elles consommaient du cash ces dernières années, ce qui a gonflé son endettement.
Hausse du zinc, hausse des dettes
Ironiquement, Nyrstar devrait parvenir à atteindre son objectif d’un flux de trésorerie libre positif grâce à la baisse du prix du zinc. La valeur de ses stocks et des créances sur ses clients s’en trouvent en effet fortement diminuées, ce qui réduit son fonds de roulement dont l’évolution intervient dans le calcul du flux de trésorerie. À la clôture du premier semestre, alors que le zinc cotait environ 2850 dollars la tonne, cela représentait un apport de 91,6 millions pour son flux de trésorerie. Si les prix du zinc remontent, l’apport deviendra négatif plombant le flux de trésorerie de Nyrstar et l’obligeant à financer son fonds de roulement. Cette perspective n’apparaît guère beaucoup plus favorable qu’une baisse des résultats pour un groupe déjà très largement endetté. Il affichait fin juin une dette de 1,2 milliard et demeure sous la menace d’une nouvelle dégradation par Standard & Poor’s. Sa note actuelle de B- basculerait alors dans la catégorie C, l’antichambre du défaut de paiement. Cela aurait pour impact d’encore renchérir le coût de ses dettes alors que selon le cours actuel de son obligation de référence (échéance 2024), Nyrstar devrait déjà s’acquitter d’un taux de près de 10% pour s’endetter.
Comptes enjolivés ?
Selon une récente note des analystes d’ABN Amro, la dette de Nyrstar est même plus importante que ce qu’il paraît. Les analystes néerlandais, qui ont réduit au passage leur objectif à 1 euro, ont pointé l’incohérence entre le montant des dettes et des charges d’intérêts. Selon eux, le groupe masque une partie de sa dette (de 0,5 à 0,7 milliard) lors de la clôture des comptes trimestriels. Ils estiment par conséquent que Nyrstar peinera à refinancer son obligation de 350 millions arrivant à échéance en 2019, ce qui l’obligera à procéder à une nouvelle augmentation de capital. L’opération serait un nouveau coup (très) dur pour le titre qui a quasi systématiquement déçu depuis son introduction en Bourse par Umicore fin 2007.
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