Pourquoi les banques centrales font s’envoler le cours de l’or ?

lingot d'or
Belga Image
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

L’once de métal fin a dépassé les 2.500 dollars. Un nouveau record. Mais qu’est-ce qui pousse ainsi le cours de l’or ces dernières semaines ?

L’once d’or, qui s’échangeait encore en début d’année à environ 2.070 dollars, a dépassé en juillet son précédent record historique atteint en avril et a poursuivi son ascension pour dépasser désormais les 2.500 dollars.

Valeur refuge

Plusieurs facteurs influencent le cours du métal fin. Le premier est que l’or est un actif financier qui, traditionnellement, est prisé en période d’incertitude. Or, la poursuite de la guerre en Ukraine, les grandes manœuvres chinoises en bordure de Taïwan et l’issue incertaine des élections présidentielles américaines ne sont pas des éléments de stabilité.

Le deuxième élément est technique. C’est l’anticipation d’une baisse des taux américains et donc d’une baisse du dollar. Elle a un double effet sur le marché de l’or. Des taux moins élevés facilitent l’emprunt et donc les positions spéculatives. Et puis, plus simplement, puisque l’once d’or est libellée en dollar, quand le dollar faiblit, son prix en dollar s’ajuste mécaniquement.

Les banques centrales à l’achat

Mais ce qui semble pousser le cours de l’or, aujourd’hui, ce ne sont pas vraiment les investisseurs privés, mais les achats de certaines banques centrales. Car du côté des acheteurs privés, notamment en Asie, les cours de l’or ont refroidi les ardeurs d’achat. En revanche, les banques centrales sont très actives sur le marché. Au premier trimestre de cette année, la Turquie et la Chine ont augmenté chacune leurs réserves d’or d’une trentaine de tonnes. Pourquoi une banque centrale achète-t-elle des lingots ? Pour diversifier ses réserves de change, afin d’affermir la valeur de sa monnaie face au reste du monde. Mais si certains banquiers centraux sont à l’achat sur l’or ces dernières années, c’est parce qu’ils désirent se rendre moins dépendants du dollar.

Le zloty, définitivement doré

 Historiquement, une partie non négligeable des réserves des banques centrales est détenue en billets verts, le dollar étant la principale devise internationale. Mais pour des raisons économiques et géostratégiques, certains pays veulent aussi se défaire de l’hégémonie du dollar. C’est ainsi que la Chine et la Russie ont acheté ces dix dernières années chacune environ 1200 tonnes d’or, que la Turquie, pour contrecarrer la faiblesse de la livre, a également gonflé ses réserves de plus de 400 tonnes depuis 2013.

Grand acheteur aussi la Pologne, qui a acquis une centaine de tonnes d’or l’an dernier, et qui poursuit ses emplettes ( 19 tonnes de plus au deuxième trimestre de cette année). La raison de cet appétit ? La guerre en Ukraine et l’incertitude que font peser les velléités guerrières de la Russie voisine. La Pologne ne fait pas partie de la zone euro et la banque centrale polonaise veut soutenir le zloty, coincé entre la zone dollar, la zone rouble et la zone euro. Et puis, zloty, en polonais, ne signifie-t-il pas littéralement « (fait) d’or » ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content