La pompe à chaleur très bientôt plus avantageuse que la chaudière au gaz, y compris dans les maisons mal isolées

pompe à chaleur
À l'usage, la pompe à chaleur sera très bientôt plus avantageuse que la chaudière au gaz, même dans les maisons mal isolées. © Andrew Aitchison / In pictures via Getty Images

Toujours trop peu plébiscitée en raison d’une fiscalité mal calibrée, la pompe à chaleur devrait bientôt devenir plus avantageuse que la chaudière au gaz, quelle que soit la qualité de l’isolation de l’habitation, ressort-il d’un rapport des SPF Santé publique et Finances. Le point de bascule est tout proche.

C’est un problème dénoncé de longue date : en Belgique, la fiscalité pénalise fortement l’électricité par rapport aux combustibles fossiles. Résultat : les ménages tardent à adopter des moyens de chauffage moins polluants, tels que les pompes à chaleur.

Selon un rapport publié ce jeudi par les SPF Santé publique et Finances, un ménage occupant une habitation mal isolée dotée d’une pompe à chaleur paie 647 euros de plus par rapport au même ménage se chauffant au gaz. Mais la donne va changer dans les années à venir. La facture de gaz va considérablement augmenter dans les années à venir, rendant la chaudière au gaz bien moins intéressante.

D’après les calculs des administrations publiques, le point de bascule se situe en 2027. Chauffer une maison mal isolée via une pompe à chaleur coûtera alors moins cher que via une chaudière au gaz. La tendance ne cessera de croître les années suivantes. En 2030, une pompe à chaleur permettra d’économiser 648 euros par an, par rapport à une chaudière au gaz.

Pour les maisons bien isolées, les pompes à chaleur sont en réalité déjà plus avantageuses actuellement : -31 euros/an. La différence sera plus marquée d’ici cinq ans, avec une économie estimée à 390 euros.

Les coûts liés à l’utilisation d’une pompe à chaleur et d’une chaudière au gaz dans une maison mal isolée vont basculer. (SPF Santé publique, SPF Finances)

Le rapport compare également les pompes à chaleur aux chaudières au mazout, encore particulièrement utilisées en Wallonie (environ une habitation sur trois). Là, pour les maisons mal isolées, le point de bascule se situe plus tard : 2029. À nouveau, le fossé se creusera par la suite.

Pour parvenir à ces conclusions, les SPF Santé publique et Finances tiennent compte de la future instauration de la taxe carbone européenne (ETS2) portant, entre autres, sur le chauffage résidentiel. Elle vise à rendre les combustibles polluants plus chers, afin d’encourager le passage à des systèmes de chauffage plus propres. Le rapport estime que l’ETS2 entrera en vigueur dès 2027, avec un prix du carbone de 60 euros la tonne. Il est toutefois possible que son instauration soit reportée d’un an et que le prix soit d’abord moins élevé. Forcément, cela retarderait le moment à partir duquel les pompes à chaleur seront plus avantageuses.

Encore faut-il tenir compte du coût d’installation de la pompe à chaleur

Les calculs ci-dessus concernent le coût annuel de l’utilisation des différents systèmes de chauffage. Ce que vous verrez sur votre facture de gaz et d’électricité, en somme. Le rapport ne tient en revanche pas compte d’un élément important : le coût d’installation d’une pompe à chaleur, qui s’élève à plusieurs milliers d’euros.

D’après la CREG, l’opération devient vite rentable dans presque toutes les maisons moyennement et bien isolées, même sans subvention. À condition que l’ETS2 ait les effets attendus, mais aussi qu’il y ait du changement au niveau des accises. À cet égard, le tax shift prévu par la Flandre (déplacement d’une partie des charges de la facture d’électricité vers les combustibles fossiles) est particulièrement bienvenu. En l’état, les Wallons et les Bruxellois sont moins bien lotis. Pour eux, la rentabilité est toujours très difficile à atteindre. Il conviendra aussi d’analyser la façon dont le gouvernement fédéral augmentera les accises sur le gaz et baissera celles sur l’électricité. L’Arizona a annoncé la mesure fin novembre, mais on n’en connaît pas encore les détails.

Autre élément à considérer : les politiques régionales en matière de subventions. Au plus on aide les ménages à faire l’acquisition d’une pompe à chaleur, au plus rapidement l’achat sera rentable. Il ne s’agit pas d’une aide aussi directe mais, à l’échelon fédéral, la baisse de la TVA à 6% qui entrera en vigueur en 2026 va dans ce sens.

Enfin, le rapport rappelle l’importance de faire des efforts en matière d’isolation. On recommande fortement d’entreprendre des travaux d’isolation avant d’installer une pompe à chaleur. Une bonne isolation augmente son efficacité et réduit le coût initial de l’investissement.

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