Pourquoi personne ne sait exactement combien rapporte une pension complémentaire ?
Environ 4,3 millions de Belges bénéficient d’un plan de pension complémentaire, mais quasi aucun n’est en mesure de dire combien ce plan lui rapporte et quels sont les frais.
Concernant les régimes de pensions complémentaires, outre la méconnaissance concernant les plans de pensions complémentaires, la transparence pose également un problème. Une nouvelle loi a été voté l’an passé afin d’essayer de mettre de l’ordre dans tout cela. Il faut savoir que deux acteurs gèrent ces plans : les assureurs et les fonds de pension. Ces derniers sont également appelés institutions de retraite professionnelle (IRP). Et il existe de grandes différences entre ce que les assureurs et les IRP publient sur les coûts et les rendements de leurs régimes.
Les fonds de pension publient un rapport annuel de transparence à ce sujet, avec des chiffres et des explications supplémentaires. Par exemple, dans le rapport du fonds de pension métal OFP, on peut lire qu’il a enregistré un résultat d’investissement de -12,6 % en 2022, que les frais généraux de fonctionnement pour l’année ont représenté 2,6 % des cotisations perçues et que les frais financiers pour la gestion du portefeuille se sont élevés à 0,29 % du portefeuille total.
À tâtons dans l’obscurité
Les plans de pensions de la plupart des assureurs ne reflètent rien de tout cela. Les affiliés ne reçoivent de ces derniers qu’une fiche annuelle indiquant l’état des réserves, les primes mensuelles versées au régime et quelques informations complémentaires. Mais on ne trouve nulle part le montant des frais déduits des primes mensuelles versées, ni le rendement réalisé cette année-là, ni la part des bénéfices, s’il y en a.
Dans certains cas, les employeurs reçoivent de leur assureur ou de leur courtier un relevé annuel des coûts, du rendement et de la participation aux bénéfices, le cas échéant. Les salariés qui souhaitent obtenir ces informations doivent s’adresser à leur employeur.
Il est certainement utile d’avoir une idée des coûts, car ils peuvent varier considérablement. Une étude du régulateur financier FSMA sur les plans de pension complémentaire au niveau sectoriel montre que les surcharges, déduites par les assureurs des cotisations versées, varient considérablement, allant d’un demi-pour cent des cotisations annuelles à 18 pour cent. Un peu plus de la moitié d’entre eux sont inférieurs au coût de 2 %, les autres le dépassent.
En 2021, les coûts des IRP s’élevaient en moyenne à 2,4 % des cotisations versées cette année-là. Ce chiffre a plus que doublé par rapport à la décennie précédente, ce qui est probablement dû au renforcement de la réglementation.
Par rapport aux réserves totales, le coût des IRP est de 0,15 %, contre 0,19 % pour les assureurs, selon la FSMA.
Les ASBL et les actionnaires
“Le handicap des assureurs réside dans le manque de transparence concernant les coûts”, affirment plusieurs experts. “Les calculs du rendement sont également moins transparents que chez les IRP. »
Bon nombre sont convaincus que les IRP ont une longueur d’avance sur les assureurs en matière de transparence. “Les conseils d’administration de nombreux fonds de pension sont paritaires. Les syndicats qui y siègent veulent de la clarté pour leurs membres et sont plus attentifs à des éléments tels que les coûts et les rendements”, explique un ancien directeur d’une IRP.
La situation est également différente en ce qui concerne la participation. “Avec un assureur, l’employeur n’a rien à dire. Le plan proposé par les assureurs est souvent à prendre ou à laisser, avec une marge de négociation par-ci et par-là. Avec une IRP, on organise les engagements de pension en fonction de l’entreprise ou du secteur. Cela renforce l’engagement”, explique un autre expert.
Malgré ces différences et les efforts déjà consentis, la route est encore longue. Même si cette tâche n’incombe pas uniquement aux employeurs, mais à l’ensemble du secteur. “Plus de transparence ne change rien à la complexité et à la technicité des pensions complémentaires. La responsabilité de les comprendre incombe encore trop souvent aux affiliés et aux employeurs”, conclut l’un des experts.
Le rendement est plus important que les primes
Quelques calculs rapides montrent que ce n’est pas tant le montant des cotisations annuelles dans un plan de pension complémentaire qui est important, mais plutôt le rendement obtenu.
Supposons que votre employeur vous verse 3.000 euros par mois et qu’il en place 3 % dans un plan de pension avec un rendement annuel de 1,75 %. Après 45 ans de carrière, vous toucherez un peu moins de 74.000 euros. Si 6 % du même salaire sont placés dans le même plan, vous obtiendrez une pension supplémentaire de 148.000 euros après 45 ans. Il s’agit donc “seulement” du double de la somme, alors que l’on pourrait s’attendre à davantage grâce aux intérêts composés.
Mais supposons que le rendement de ce plan passe à 5 %, le capital final dans un plan de 3 % du salaire est de 178.000 euros. Dans un plan à 6 % du salaire, il s’élève à 356.000 euros.
Les gains les plus importants peuvent donc être obtenus avec des rendements plus élevés !
Check-list pour votre pension complémentaire
Pour faire une première évaluation d’un plan de pension complémentaire lors d’une proposition d’emploi ou à tout autre moment, voici quelques questions à (se) poser.
– De quel type de régime s’agit-il : à prestations définies, à cotisations définies ou à solde de caisse ?
– Quel type d’institution de pension gère le plan de l’employeur : un assureur ou une IRP ?
– Quel pourcentage du salaire l’employeur verse-t-il à ce plan ? Y a-t-il des cotisations sur le compte du salarié ?
– Dans le cas d’une IRP, quelles informations le rapport de transparence contient-il sur les coûts annuels, les rendements et la politique d’investissement éventuelle ?
– Dans le cas d’un assureur, ces informations sur les coûts et les rendements sont-elles disponibles chaque année et peuvent-elles être consultées par l’employeur ?
– Dans le cas d’un assureur, quels sont les rendements applicables aux primes versées au cours d’une année donnée ?
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