Comment accorder aux métiers pénibles une carrière plus courte sans perte de pension
Un système de retraite moins avantageux pour les individus plus aisés finance des carrières plus courtes dans des métiers pénibles. C’est ce qui ressort des dernières recherches menées par Laurent Collot (UNamur) et Jean Hindriks (UCLouvain et Itinera).
La question de la pénibilité au travail est au cœur de la réforme des pensions, qui a relevé l’âge de la retraite à 66 ans en 2025 et à 67 ans en 2030. Dans une nouvelle étude de l’Institut IRES (Regards économiques) Laurent Collot (UNamur) et Jean Hindriks (UClouvain, Itinera) insistent sur la nécessité de permettre aux travailleurs dans des emplois pénibles de prendre leur retraite plus tôt, avec une pension équivalente à celle des autres travailleurs.
Les spécialistes soulignent l’injustice de réduire les pensions pour ceux qui quittent prématurément le marché du travail, car il s’agit souvent de travailleurs à faible revenu et peu qualifiés. Il rejette également l’idée de récompenser ceux qui travaillent jusqu’à l’âge légal de la retraite, car cela désavantage ceux qui ne peuvent pas le faire en raison de leur santé ou de leur qualification.
Les métiers pénibles sont plus en effet fréquents parmi les travailleurs moins qualifiés et moins bien rémunérés, qui débutent souvent leur carrière plus tôt et sont plus susceptibles de s’épuiser rapidement. Une approche équilibrée peut permettre des carrières plus courtes sans impact négatif sur les pensions. Il est crucial d’adapter le système de retraite pour tenir compte des différences dans la nature des emplois, selon les chercheurs.
Un système simple et viable
Leurs recherches montrent que la réforme du système de pension peut être simple et économiquement viable. Dans leur analyse, les deux experts ont calculé une compensation pour les personnes ayant un travail lourd, limitée aux travailleurs faiblement rémunérés, sans imposer un fardeau excessif aux travailleurs mieux rémunérés.
Le scénario de référence de l’étude montre qu‘une perte de pension d’environ 1 % pour la catégorie 4 (salaire mensuel brut de 4258 euros) et de 4,7 % pour la catégorie 5 (salaire mensuel brut de 6946 euros), signifie un départ anticipé à la retraite de 1 à 3 ans pour les catégories 3, 2 et 1. Ainsi, il est possible d’accorder aux métiers pénibles une carrière plus courte sans perte de pension.
Cerise sur le gâteau, il s’agit d’un système “autofinancé”, vantent les deux chercheurs. Ces derniers proposent de définir un budget fixe pour le financement des métiers pénibles, diminuant avec le niveau de salaire, et de laisser aux partenaires sociaux le soin de répartir ce budget au sein de chaque niveau de salaire.
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