Moins vulnérables, pas invincibles : le portrait financier des Belges en 2025

L’Arizona promet d’augmenter la salaire poche de ceux qui travaillent. © Getty Images
Charly Pohu

Les Belges vont un peu mieux financièrement qu’en 2022. Mais tout n’est pas réglé, avertit une nouvelle étude menée par Deloitte et Argenta.

Les finances des Belges s’améliorent. C’est le constat dressé par Deloitte dans la deuxième édition de son étude sur la santé financière, réalisée en collaboration avec Argenta.

Des ménages plus résilients. En 2025, 46 % des ménages sont considérés comme financièrement résilients, contre 36 % en 2022. Une progression notable, même si « plus de la moitié des ménages belges restent en mauvaise santé financière ou vulnérables », souligne l’étude. Le score moyen de santé financière est passé de 54 à 59 en trois ans. Il repose sur six dimensions – revenus, dépenses, épargne, dettes, planification et compétences financières – et va de 0 à 100. « Le ménage belge typique peut désormais être considéré comme financièrement résilient », observe Deloitte.

Épargne en hausse, factures mieux maîtrisées. Les Belges mettent davantage d’argent de côté : 26 % épargnent au moins 500 euros par mois, contre 19 % en 2022. À l’inverse, 30 % n’épargnent pas (ou moins de 100 euros par mois), un chiffre en recul par rapport à 36 % trois ans plus tôt. Les difficultés de paiement s’allègent également : 45 % déclarent ne rencontrer aucun problème pour régler leurs factures, contre 37 % en 2022. Enfin, la hausse des prix des produits de première nécessité pèse un peu moins lourd : 19 % des ménages affirment ne pas du tout en souffrir, contre 11 % en 2022.

Compétences financières en recul. Sur le plan de l’éducation financière, la tendance est moins favorable. Moins d’un Belge sur trois a répondu correctement aux trois questions de base posées dans l’enquête, une proportion en baisse par rapport à 2022. « Seulement 23 % obtiennent de bons résultats en planification et 32 % démontrent des compétences financières suffisantes », détaille le rapport.

Femmes, jeunes, célibataires : les écarts se resserrent mais persistent. L’écart entre hommes et femmes s’est réduit : 44 % des femmes sont désormais résilientes (contre 33 % en 2022), et la part de celles en mauvaise santé financière est tombée de 32 % à 22 %. Chez les hommes, cette proportion atteint 20 %. Les jeunes de moins de 35 ans restent toutefois le groupe le plus fragile, même si l’épargne leur permet une amélioration relative. Les 35-54 ans, eux, affichent les plus fortes progressions dans presque tous les domaines. Les célibataires demeurent les plus exposés : seuls 12 % sont en bonne santé financière, contre 22 % des couples, et deux tiers restent vulnérables.

Des disparités régionales marquées. En Wallonie, 27 % des ménages sont encore en mauvaise santé financière (contre 40 % en 2022), tandis que 11 % sont désormais en bonne santé (5 % auparavant). À Bruxelles, ces parts atteignent respectivement 23 % (31 % en 2022) et 18 % (11 %). En Flandre, l’amélioration est plus limitée mais le niveau de départ était meilleur : 22 % des ménages y sont en bonne santé (16 % en 2022), et 21 % en mauvaise santé (27 %).

Conclusion de l’étude : “Cette amélioration est un signal positif. Mais des problèmes structurels plus profonds persistent sous la surface.”

Qu’est-ce qui a changé ?

Pourquoi les Belges affichent-ils aujourd’hui une meilleure santé financière qu’en 2022 ? La réponse tient en grande partie au contexte économique. En 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie avait provoqué une flambée des prix de l’énergie et de nombreux biens. Trois ans plus tard, ce pic est derrière nous : l’inflation est retombée, les salaires ont progressé et le pouvoir d’achat s’est stabilisé. Résultat : les ménages se montrent plus confiants.

« Cependant, ces améliorations ne se traduisent pas encore par un changement de comportement durable. Pour garantir des progrès à long terme, il faut accorder une attention particulière aux six domaines de la santé financière », avertit Kasper Peters, responsable des services financiers chez Deloitte Belgique.

Cette vigilance ne relève pas uniquement des individus, insiste encore l’étude. Elle constitue aussi un défi collectif pour l’ensemble de l’écosystème financier. Parmi les solutions mises en avant : la multiplication d’outils pratiques en ligne pour apprendre à gérer son argent – comme la plateforme WikiFin de la FSMA – ou encore les formations organisées par certaines entreprises.

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