L’investisseur doit-il profiter de la chute d’AB InBev ?
Le premier brasseur mondial plonge en Bourse après la révision à la baisse de son dividende. Depuis ses records de 2015, AB InBev a perdu près de la moitié de sa valeur. L’occasion pour l’investisseur de se repositionner sur un titre qui s’est souvent illustré depuis l’introduction en Bourse d’Interbrew en 2000 ?
Comme le redoutaient les marchés depuis quelques temps, AB InBev a été contraint de revoir son dividende à la baisse. Le premier brasseur mondial l’a même raboté de moitié à 1,80 euro par action (acompte et coupon final compris). Cette révision de la rémunération des actionnaires illustre le ressac de ses résultats sous l’effet de la stagnation des volumes écoulés, de la hausse du coût des matières premières et de la volatilité des taux de change. Elle est toutefois surtout imputable à la dette de 108,8 milliards de dollars que doit supporter AB InBev, héritage dur achat de SAB Miller en 2016. La réduction de moitié du dividende lui permet d’économiser 4 milliards de dollars qui accéléreront son désendettement, d’autant plus crucial dans un contexte de remontée des taux (surtout en dollars, devise de référence du groupe).
Analystes confiants
Du côté des analystes, l’optimisme reste toutefois de mise. Sur les 7 ayant commenté les résultats, 6 ont confirmé leur conseil d’achat et le septième a maintenu son avis neutre. Pour les 6 analystes à l’achat ce jeudi, les objectifs de cours s’étalent de 82 à 112 euros, laissant un potentiel d’appréciation plus qu’appréciable de 26% à 72%. Fernand de Boer de Degroof Petercam estime même que la réduction du dividende est une bonne nouvelle dans une perspective de désendettement à moyen et long termes. Du côté de KBC Securities, Wim Hoste salue également la baisse du dividende mais tempère ses prévisions au vu des résultats trimestriels inférieurs aux attentes.
La patience est de mise
Alors qu’il y a 3 ans, les marchés étaient prêts à payer 22 fois les bénéfices pour AB InBev et spéculaient sur le prochain rachat après SAB Miller, ils sont désormais effrayés par sa dette. L’action cote à présent 15 fois le bénéfice prévu pour 2019. On ne peut toutefois réellement parler de bonne affaire dans un secteur où la croissance est de plus en plus un lointain souvenir. La consommation mondiale de bière stagne globalement depuis 2012. Le rachat de SAB Miller a permis à AB InBev d’au moins équilibrer ses ventes en prenant pied sur le marché africain, de loin le plus dynamique. Le succès de ses marques premium se confirme dans les pays émergents mais pas dans les pays occidentaux où les consommateurs plébiscitent de plus en plus les bières artisanales. Financièrement, le groupe va devoir consacrer quelques longues années à se désendetter avant d’éventuellement se diversifier sur un autre marché, AB InBev vendant déjà une bière sur 5 dans le monde. Tout achat implique donc une vision de très long terme pour l’investisseur.
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