L’Europe n’a jamais compté autant de milliardaires

Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Selon le dernier rapport d’Altrata, qui rassemble les données sur les ultra-riches, l’Europe compte 1.002 milliardaires pesant 3.300 milliards de dollars.

En 2024, la fortune nette cumulée des milliardaires en Europe (Russie comprise) s’est élevée à 3.300 milliards de dollars, selon le « Billionaire Census 2025 », le recensement des milliardaires publié par Altrata, le groupe de conseil américain spécialisé dans les ultra-riches. Le nombre de milliardaires européens a dépassé le seuil des 1.000 pour la première fois, atteignant 1.002 individus. Le vieux contient-abrite à lui seul plus de 28% des milliardaires existants dans le monde, ce qui place la région en deuxième position, derrière l’Amérique du Nord avec 1.250 individus.

Une dizaine de Belges

Parmi les milliardaires européens, une dizaine de Belges. Altrata ne les mentionne pas, mais si l’on en croit les recensements de Forbes, on devrait retrouver des noms comme Éric Wittouck, Nicolas D’Ieteren, Fernand Huts, Alexandre Van Damme, Catheline Perie-D’Ieteren, Gerald Frère, sa sœur Ségolène…

Le pays européen qui compte le plus de milliardaires est l’Allemagne : elle occupe la troisième place mondiale (derrière les États-Unis et la Chine) avec 184 individus. Viennent ensuite le Royaume-Uni et la Russie se partagent la quatrième place mondiale (128 individus chacun). Un classement à prendre avec une pincée de sel, comme le souligne le Wall Street Journal : « La frontière des milliardaires est floue. Les marchés fluctuent, la valorisation des sociétés privées reste incertaine et les dons importants réduisent les fortunes, faisant entrer ou sortir des dizaines d’individus de la liste. »

Une hausse de 5,6%

Les 3.300 milliards de dollars accumulés en Europe représentent une augmentation de 5,6 % par rapport à 2023 et pèsent environ un quart (24,4%) des 13.400 milliards de dollars que constitue la richesse totale accumulée par les milliardaires sur la planète.

En termes de montant, l’Europe occupe aussi la deuxième place du classement régional, toujours outrageusement dominé par l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) qui représente 44 % de la richesse mondiale, soit 5.900 milliards de dollars, avec 5.740 milliards pour les seuls Etats-Unis. L’Asie, avec 2.800 milliards (20,8 % de la richesse mondiale), arrive en troisième position. La Chine (continentale et Hong-Kong) compte à elle seule pour 1.600 milliards de dollars environ.

Écart réduit

Mais l’écart entre l’Europe et ses poursuivants se réduit : l’augmentation de 5,6 % de la fortune des Européens est certes respectable, mais elle a été inférieure à la croissance enregistrée en Amérique du Nord, ainsi qu’en Asie et au Moyen-Orient où les hausses sont plutôt de l’ordre de 8%.

Cette moindre performance s’explique, selon Altrata, par les contraintes structurelles, une demande externe faible, des pressions liées au coût de la vie et les effets du conflit Ukraine-Russie. Des facteurs tels que la dépréciation relative de certaines devises (le rouble en premier lieu) par rapport au dollar et la pondération modeste des actions technologiques dans les principaux indices de la région ont également limité les gains.

La technologie et l’hôtellerie

Car la technologie est bien évidemment le secteur phare au cours de la dernière décennie. Les gains de fortune nette cumulée sur ces dix dernières années ont atteint 200% pour les milliardaires dont la richesse était principalement liée à ce secteur.

Une autre activité, plus discrète, a également engendré des performances significatives : c’est celle de l’hôtellerie et du divertissement. Les fortunes des milliardaires dont la richesse était liée à ce secteur ont augmenté de près de 150 % en dix ans.

« La population des milliardaires est tout sauf statique, observe Brian Alster, PDG d’Altrata. La création et la perte de richesse s’accélèrent avec la volatilité des marchés et l’impact disruptif des nouvelles technologies. Ce mouvement constant souligne l’importance de comprendre non seulement où se trouve la richesse aujourd’hui, mais comment elle évoluera en fonction des facteurs externes et de l’allocation d’actifs des individus. »

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