Niels Saelens
Les premiers pas vers une société sans cash
L’argent liquide reste populaire dans notre pays. Une étude récente de la BCE montre que pas moins de 54% des paiements en Belgique sont effectués en pièces et billets. Cependant, nous avons déjà fait quelques pas vers une société sans cash.
De l’étude de la Banque centrale européenne, il ressort que les paiements comptants ont surtout du succès dans les pays du sud de l’Europe. En Grèce, 95% des paiements se font en liquide. En Roumanie, c’est 93% et en Italie 86%. Avec 54%, notre pays se situe dans la moyenne. Dans une interview pour VTM Nieuws, le fiscaliste Michel Maus cite quelques raisons pour lesquelles les Belges continuent massivement à payer avec du cash. “Pour commencer, nous avons eu une crise bancaire en 2008. De ce fait, les gens ont perdu confiance dans les banques. Et à ce jour, cette confiance n’est pas encore entièrement rétablie”, explique-t-il. Ensuite, il cite la problématique de l’argent noir. “La Belgique reste un pays avec une économie souterraine relativement importante. Et dans un tel environnement, il va de soi que beaucoup de paiements se font encore en cash.”
Luc Van Hove, professeur d’Économie à la VUB, déplore quant à lui le manque de systèmes conviviaux. Dans une interview pour VTM Nieuws, il fait la comparaison avec les Pays-Bas. “Nous observons que le nombre de paiements par carte bancaire est beaucoup plus élevé chez nos voisins du nord. Cela provient du fait qu’ils ont développé des systèmes plus conviviaux pour payer avec un smartphone. Vous devez ainsi beaucoup moins scanner de codes QR. Il suffit en général de simplement mettre votre smartphone sur le comptoir”, dit-il.
Payer avec son smartphone
Nous sommes néanmoins en pleine manoeuvre de rattrapage. BNP Paribas Fortis a ainsi lancé dernièrement Android Pay en collaboration avec Google. Dans une première phase – démarrée le 7 mars -, 250.000 utilisateurs d’Android ayant une carte de crédit de BNP Paribas Fortis, Fintro ou Hello Bank peuvent exécuter des paiements sans contact avec leur téléphone mobile. L’objectif est de permettre à 750.000 clients avec une carte de débit d’également utiliser le service mobile d’ici fin mai. KBC suivra plus tard. Belfius a à son tour lancé le système tap&pay ce mois-ci. A ce jour, 5.000 clients Belfius utilisateurs d’Android peuvent exécuter des paiements en maintenant leur smartphone contre un terminal.
Ensuite, malgré la popularité de l’argent cash et la concurrence du smartphone, les paiements électroniques sont en croissance. Le record du nombre de paiements électroniques par jour a ainsi été battu le 23 décembre 2016. 8.422.798 transactions ont alors été réalisées, une hausse de plus de 10% par rapport au 23 décembre 2016 selon les chiffres de Worldline.
Chez KeyWare aussi, le numéro deux du secteur des paiements électroniques dans notre pays, on observe que les Belges utilisent toujours plus souvent leur carte bancaire. Les chiffres de cette société nous apprennent que le nombre de transactions électroniques par terminal a augmenté de 31% au cours des quatre dernières années. “Nous n’avons pourtant pas encore atteint l’apogée des paiements électroniques”, affirmait Stéphane Vandervelde, CEO de Keyware, dans une précédente interview pour MoneyTalk. “Nous avons encore une longue route à parcourir”.
Premiers pas vers une société sans cash
Une société sans cash n’est certes pas encore pour demain. Quelques pas prudents ont néanmoins déjà été faits. La BCE arrête ainsi la production et l’émission du billet de 500 euros l’an prochain. Selon la BCE, c’est le billet le moins utilisé au sein de l’Union européenne. Les banquiers sont en outre persuadés que ce billet est surtout fort demandé par les terroristes et les fraudeurs. La Banque centrale ne touche pas aux billets de 100 et 200 euros. Ceux-ci seront au contraire renouvelés en 2019, tout comme le nouveau billet de 50 euros mis en circulation la semaine dernière.
Les personnes qui paient uniquement en argent liquide seront confrontées tôt ou tard à quelques limites. Il est ainsi interdit, depuis 2014, de payer en liquide des montants supérieurs à 3.000 euros dans notre pays. Cette limite a été instituée pour contrer la fraude.
Il est ensuite impossible de faire du shopping en ligne sans l’aide d’une carte bancaire ou d’un smartphone. Et les chiffres de Becommerce montrent précisément que nous achetons toujours plus de marchandises en ligne. Nos dépenses en ligne ont ainsi augmenté de 10% en 2016 par rapport à 2015.
Pour les commerçants, accepter des paiements électroniques est également devenu bien moins cher l’an dernier. Depuis juin 2016, les paiements jusqu’à 5 euros sont devenus 60% moins chers et ceux entre 5 à 10 euros 30% moins chers. En d’autres mots, ce n’est qu’une question de temps pour que l’argent liquide soit dépassé par la carte bancaire et le smartphone.
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