Les pépites en toc de la Wallonie
Ces dernières années, la Wallonie avait plutôt la cote en Bourse entre le décollage d’IBA, les IPO de biotechs, le redressement d’EVS ou la croissance d’Hamon. 2017 a toutefois sonné le glas des ambitions pour nombre de sociétés wallonnes cotées sur Euronext Bruxelles avec un problème crucial en filigrane : la rentabilité.
IBA
Après des années de croissance et d’amélioration de sa rentabilité, l’entreprise néo-louvaniste a connu un brusque coup d’arrêt en 2017. En tout début d’année, IBA visait une croissance de 15% à 20% de son chiffre d’affaires et une marge opérationnelle de 11%-12% en 2017. Après plusieurs avertissements sur résultats, elle ne table plus que sur une croissance de 5% à 10% et une marge opérationnelle de 0% à 5%. En moyenne, sa prévision de profit opérationnel a ainsi été divisée par 5 avec une répercussion sur les résultats de 2018 et 2019. Cette déconvenue résulte avant de problèmes d’exécution, surcoûts et retards dans les projets minant ses résultats. À l’heure actuelle, IBA compte revenir sur les bons rails d’ici 2020. Pour y parvenir, la société néo-louvaniste devra toutefois conserver son leadership mondial dans le domaine de protonthérapie, radiothérapie hyper pointue pour le traitement du cancer. Jusqu’il y a peu, cela ne semblait guère faire de doute mais l’Américain Varian a clairement lancé une offensive commerciale qui lui a permis de décrocher 6 contrats en 2017 contre à peine 3 pour IBA. En novembre, la société néo-louvaniste a affirmé être en négociations avancées pour 5 systèmes mais n’a encore annoncé aucune commande jusqu’à présent, le dernier contrat datant de juillet.
MDxHealth
La société liégeoise spécialisée dans les tests de diagnostic moléculaires nourrissait de grandes ambitions pour cette année. Le cru 2017 a finalement tourné au vinaigre. Au printemps, MDxHealth annonçait la revente de ses droits sur le Cologuard à Exact Sciences pour 15 millions $, moitié moins que prévu (même après des débuts commerciaux difficiles). Ce fut ensuite la valse des avertissements sur résultats. La société liégeoise vient ainsi de raboter sa prévision de croissance de son chiffre d’affaires à 10%-15%, très loin de l’objectif initial de 55%-75%. La société a pourtant quasiment doublé ses équipes commerciales aux États-Unis, notamment pour soutenir les ventes de ConfirmMDx du cancer de la prostate, un test visant à infirmer ou confirmer les cas de biopsies négatives. Commercialisé il y a plus de 5 ans, le potentiel de ce test apparait toutefois moindre les 50 à 100 millions $ de ventes annuelles escomptées. Progressivement, MDxHealth mise désormais davantage sur le SelectMDx pour cancer de la prostate, un test visant à identifier les personnes devant subir une biopsie, avec deux importants doutes. Primo, la société liégeoise demeure déficitaire, avec probablement une nouvelle augmentation de capital nécessaire en 2018, et il n’y a pas de garantie que le SelectMDx lui permettra d’atteindre durablement le seuil de rentabilité. Secundo, les concurrents de MDxHealth entendent aller un pas plus loin en remplaçant la biopsie de la prostate, un test invasif et douloureux.
EVS
Après une période difficile, EVS pensait être reparti de l’avant en 2016 sous la férule d’un nouveau management. 2017 est toutefois passé par là. Après 9 mois, le chiffre d’affaires affiche un repli de 23,8%, bien supérieur à l’impact des taux de change et des locations pour grands événements sportifs (cantonnées aux années paires). Sur une base sous-jacente, le recul des revenus est en effet de 15,7%. Le bénéfice a en conséquence plongé de 54% sur fond de poursuite du recul de sa marge opérationnelle à 23% contre 60% en 2008. Le groupe liégeois doit en effet investir de plus en plus (4K, cloud…) sans que cela ne lui permette d’engranger des revenus supplémentaires. Pour contrer cette dynamique, EVS développe de nouveaux produits mais la stratégie n’est pas sans risque. Par prudence, EVS a d’ailleurs réduit son dividende intérimaire de 0,60 à 0,50 euro brut par action. En cinq ans, son dividende annuel a été réduit de plus de moitié par rapport aux 2,64 euros brut par action versés pour l’exercice 2012.
Asit Biotech
La biotech spécialisée dans l’immunothérapie allergénique a connu une véritable annus horribilis. L’institut allemand chargé d’évaluer la demande de commercialisation de son traitement du rhume des foins a tout d’abord jugé les études insuffisantes, repoussant toute mise sur le marché de plusieurs années. Le second programme clinique d’Asit Biotech, un traitement expérimental de la rhinite allergique aux acariens, a également livré des résultats de phase 2 mitigés. La société installée dans le Liege Science Park prépare actuellement une levée de fonds nécessaire à la poursuite de ses activités alors que sa trésorerie plafonnait à 8,2 millions fin juin.
Hamon
Longtemps promis à un bel avenir, le spécialiste des tours de refroidissement a déchanté ces deux dernières années. Il n’est jamais parvenu à traduire son carnet de commandes en bénéfices. Sa situation financière s’est ainsi dégradée et le groupe guibertin a récemment annoncé une 4e augmentation de capital en deux ans. Hamon espère lever jusqu’à 70 millions, largement plus que sa capitalisation boursière actuelle. La Région Wallonne s’est déclarée prête à injecter 20 millions au travers de la Sogepa, devenue premier actionnaire après l’augmentation de capital du début d’année 2017. La famille Lambilliotte avait déjà limité sa contribution et abandonné le contrôle majoritaire. Les résultats n’incitent il est vrai pas à la confiance, le manque de rentabilité se doublant désormais d’une baisse du carnet de commandes.
Bone Therapeutics
Après une année 2016 désastreuse sur fond de démission de son Directeur général, Bone Therapeutics n’est pas parvenue à redresser la tendance en 2017. La société spécialisée dans les thérapies cellulaires osseuses a vu sa trésorerie fondre à 9,1 millions, à peine de quoi tenir jusqu’au printemps 2018. Son partenaire russe Pharmstandard l’a lâché au dernier moment, forçant la biotech carolo à faire une croix sur un partenariat et 8 millions de capitaux frais. Fondamentalement, la question du coût de ses thérapies demeure cruciale, surtout pour son traitement le plus avancé, le Preob. Ce dernier devrait se vendre 15 à 20 000 euros pour le traitement de la pseudarthrose de l’ostéosclérose de la hanche, soit bien davantage que le coût des interventions chirurgicales qu’il devrait remplacer.
Fountain
En difficultés depuis de nombreuses années, Fountain avait de nouveau suscité l’intérêt des investisseurs en 2016 sur fond de redressement des résultats (quelque temps après une injection de capitaux par des investisseurs dont Marc Coucke). Les chiffres du spécialiste des boissons chaudes en entreprises se dégradent toutefois à nouveau depuis le second semestre 2016. L’avenir de la société de Braine L’Alleud apparait incertain faute de stratégie claire pour enrayer les pertes.
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