Les flexi-jobs ne sont pas des jobs low-cost

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Depuis le 1er janvier une vingtaine de secteurs se sont ouverts à cette formule censée aider les secteurs confrontés à de sévères pénuries de main-d’œuvre. Et avec un certain succès puisque selon Securex, le nombre de flexi-jobs a bondi de près d’un quart (24,68%) au cours des 12 derniers mois.

Parmi les nouveaux secteurs qui ont connu le plus de succès, on retrouve celui des bus privés. On peut même parler d’un véritable engouement puisqu’un total de 1.425 chauffeurs de bus ont été employés sous le statut de flexi-job depuis l’entrée en vigueur de cette possibilité, selon la Fédération belge des exploitants d’autobus et d’autocars (FBAA). Ainsi, sept entreprises du secteur sur dix ont aujourd’hui recours à des flexi-jobbers. Cela représente 12% des 11.400 chauffeurs professionnels de bus et d’autocars parmi les 300 entreprises privées de transport par autobus et autocar que compte la Belgique. Un succès que l’on doit surtout au bus scolaire, puisque six travailleurs flexibles sur dix effectuent des trajets avec des élèves de l’enseignement spécialisé.

Un flexi-job, c’est quoi exactement ?

« C’est une solution win-win. Le flexi-job permet de répondre aux pénuries de main-d’œuvre sans que cela ne coûte trop cher à l’employeur et il apporte un complément de revenus à des personnes qui ont déjà un statut par ailleurs. » Pour Matthieu Dewèvre, conseiller au service d’études de l’UCM « Ce ne sont pas des emplois low-cost ». Il ne s’agit pas de contourner les conditions de qualification ou de réglementation, mais d’offrir un complément de revenus à des personnes qui presteront quelques heures. » L’avantage du flexi-job est que la rémunération n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu (le brut égale le net) et que les cotisations sociales sont réduites. C’est donc une solution parfaite pour une personne qui a un emploi, mais qui souhaite mettre un peu de beurre dans les épinards en profitant de la flexibilité des horaires. Les flexi-jobbers ont également accès aux droits de base que sont la sécurité sociale, assurance-maladie ou encore la pension. Ils sont aussi couverts en cas d’accident ou de maladie.

Dix pourcents des flexi-jobbers sont des personnes à la retraite. La moitié des flexi-jobs concernent l’horeca, secteur pour lequel le régime a été créé en 2015. Il a ensuite été étendu en 2018 au commerce alimentaire (boucheries, boulangeries…), au commerce de détail et aux salons de coiffure. Au début de 2023, aux salles de sport, aux cinémas, aux métiers du spectacle et à certains établissements de soin. Depuis janvier 12 nouveaux secteurs se sont rajoutés. Les flexi-jobs sont donc, en principe, aussi accessibles dans les secteurs des pompes funèbres, de l’événementiel, des garages automobiles, de l’agriculture et horticulture, des auto-écoles, de l’immobilier, du déménagement et de l’alimentation (les fournisseurs ou sous-traitants de l’horeca). On stipule bien “en principe” puisque tous les secteurs sont autorisés à choisir tous les trimestres s’ils veulent proposer des flexi-jobs ou non. En 2025, ce choix ne pourra être fait qu’une fois par an. De quoi, dans certain cas, perturber la donne.

Bientôt, cela devrait être aussi possible dans l’enseignement et les garderies d’enfant ainsi que les centres sportifs et culturels. Mais ces secteurs étant régionalisés, il devrait y avoir des différences entre les régions. Ainsi les ministres concernés du côté francophone ont fait savoir qu’ils ne comptaient pas ouvrir les flexi-jobs dans l’enseignement. Du côté flamand, par contre, on se montre nettement plus enthousiaste et cela pourrait être déjà possible à partir du mois d’avril.

Combien peut-on gagner ?

Cette quasi généralisation du mécanisme a aussi été assortie de balises : la rémunération doit être conforme aux barèmes sectoriels pour limiter la concurrence avec les autres travailleurs. Concrètement une personne qui occupe un flexi- job peut avoir le même salaire que ses collègues “réguliers” occupant le même poste. Les flexi-jobers dans les nouveaux secteurs gagnent en moyenne 15,1 euros de l’heure, ce qui est plus qu’avant où la moyenne était de 13 euros. Une exception est prévue pour l’horeca ou le salaire minimum doit être de 12,05 euros de l’heure et de 15 euros maximum.  

Les cotisations patronales ont été relevées de 25 à 28% pour financer la sécurité sociale et la  rémunération est plafonnée à 12.000 euros par an. Un travailleur peut gagner plus, mais il sera alors imposé sur le surplus. Néanmoins pour la plupart des personnes qui exercent un flexi-job, la limite de revenu est rarement atteinte puisque celui qui exerce un flexi-job a en moyenne travaillé 114 heures l’année dernière et aura donc gagné aux alentours des 1 700 euros.  

Petite subtilité tout de même: ce plafond fiscal ne s’applique pas aux retraités, mais si le retraité à moins de 65 ans il doit tenir compte des limites de revenus professionnels autorisés au risque de perdre une partie de leur pension.

Quelles sont les conditions ?

L’idée est que le flexi-job reste bien un emploi complémentaire et soit limité à une série de fonctions précises dans les secteurs concernés (dans l’événementiel, ce sera réservé à des activités ponctuelles, par exemple un festival).

Pour pouvoir exercer un flexi-job, il vaut donc :

  • Avoir ouvert des droits sociaux en travaillant au moins à 4/5 ou en étant retraité.
  • Le flexi-job ne peut être presté dans une entreprise liée à celle dans laquelle le travailleur est salarié à 4/5
  • Le salarié à temps plein qui réduit son temps de travail doit attendre trois trimestres avant de pouvoir occuper un flexi-job.
  • Ce qui est par contre possible, c’est de passer d’un flexi-job à un contrat fixe.

La Fédération HoReCa Wallonie exprime son mécontentement face aux nouvelles mesures. Elle a même saisi début mars, conjointement avec Horeca Bruxelles et Horeca Vlaanderen, la Cour constitutionnelle contre le montant défiscalisé limité à 12.000 euros par an, le flexi-salaire maximum et l’interdiction de travailler sous contrat au sein d’un autre établissement apparenté. Ces trois mesures rendraient l’embauche de travailleurs flexi-jobs moins intéressante et plus complexe. Les fédérations déplorent également l’augmentation des cotisations patronales de sécurité sociale, auparavant de 25%, et désormais fixée à 28%. Les fédérations impliquées regrettent tout autant l’absence de période transitoire et le fait que l’évaluation de cette nouvelle réglementation soit seulement prévue pour fin 2025.

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