Les Etats plus fragiles que les entreprises?
L’agence Standard & Poor’s fait le bilan de l’année 2020.
Spécialiste de l’évaluation de la solvabilité des émetteurs d’obligations, l’agence Standard & Poor’s a fait le bilan de l’année 2020. Du côté des entreprises, le nombre de défauts de paiement a logiquement fortement augmenté à 226, près du double de 2019. Cela reste toutefois inférieur aux crises précédentes. Le taux de défaut ressort ainsi à 2,74% l’année dernière contre plus de 3% en 2001-2002 et plus de 4% en 2009. De plus, toutes les entreprises en défaut en 2020 étaient déjà fragilisées auparavant avec une note financière dans la catégorie spéculative.
Pour les Etats, par contre, 2020 est la pire année de crise de toutes celles recensées par Standard & Poor’s, qui constate un record de sept défauts souverains: l’Argentine (cinquième défaut depuis 2001), le Bélize, l’Equateur, le Liban, le Suriname (deux fois dans l’année) et la Zambie. Standard & Poor’s recense également pas moins de 26 dégradations de notes souveraines en 2020, égalant le sommet de 2011, en pleine crise des dettes souveraines de la zone euro. Sept pays sont ainsi actuellement notés dans la catégorie CCC, la dernière avant le défaut de paiement.
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Nombre de dégradations de notes souveraines en 2020, égalant le sommet de 2011, lors de la crise des dettes souveraines de la zone euro.
Ces données offrent différents niveaux de lecture. D’une part, elles témoignent du fait que les Etats ont largement supporté le coût de la crise du coronavirus. La dette publique mondiale a ainsi gonflé de 10.000 milliards de dollars en 2020, selon l’Institut de la finance internationale. D’autre part, ces sept défauts de pays nous rappellent qu’il est présomptueux de considérer une dette souveraine comme “sans risque”. Même parmi les émetteurs notés A (de bonne qualité), le taux de défaut atteint 8,4% après 15 ans, selon Standard & Poor’s.
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