Les entreprises chinoises fuient la Chine
De Syngenta à Starwood Hotels en passant par Pirelli ou le Club Med, les entreprises chinoises ont multiplié les acquisitions ces derniers trimestres. Une fuite en avant selon un directeur de Goldman Sachs soulignant qu’elles achètent tout et n’importe quoi pourvu que cela soit hors de Chine, de mauvais augure pour le yuan et la deuxième économie mondiale.
Une folie acheteuse
Confrontée à une fuite massive de capitaux, l’équivalent de plus de 1000 milliards de dollars l’année dernière, la Chine a durci son contrôle des flux capitaux. Elle a ainsi serré la vis sur nombre d’opérations réalisées à l’étranger : retraits de cash, contrats d’assurance, limitation des opérations de change, etc. Désormais, Pékin envisage même de taxer les opérations de change (taxe Tobin). Les grands groupes chinois ont toutefois d’ores et déjà trouvé la parade : racheter des sociétés occidentales. ChemChina a ainsi proposé 47 milliards pour racheter le géant des pesticides Syngenta, le fabricant de pneus Pirelli et du spécialiste allemand de la transformation de matières plastiques KraussMaffei. Le conglomérat Fosun a mis la main sur Club Med, le Cirque du Soleil et une partie du capital de Thomas Cook. L’assureur chinois Anbang envisage d’investir près de 20 milliards de dollars dans l’hôtellerie américaine (Strategic Hotels et Starwood Hotels). Zoomlion offre une prime de plus de 100% pour le rachat de Terex par rapport au cours de bourse précédent l’annonce d’une fusion avec Konecranes. Haier a surenchéri de 60% sur par rapport à l’offre d’Electrolux pour la reprise de la branche électro de General Electric. Plus surprenant encore, le groupe minier déficitaire Shandong Hongda rachète le concepteur de jeux vidéo britannique Jagex. Au total, il est question de 249 milliards de dollars sur les 3 derniers trimestres.
Fuir à n’importe quel prix
Les groupes chinois se montrent donc particulièrement dispendieux et n’hésitent pas à effectuer des rachats sortant complétement de leurs activités. Beaucoup souffrent pourtant déjà d’un endettement élevé. ChemChina affichait ainsi une dette de 9,5 fois son excédent brut d’exploitation (EBE) avant sa série de rachats alors qu’une société occidentale est jugée trop endettée à partir d’un ratio de 8. Le groupe chimique fait pourtant partie des sociétés les moins endettées en Chine. Zoomlion demeure ainsi déficitaire et est acculé par une dette représentant 83 fois son EBE fin 2015. Selon Gregg Lemkau, co-directeur des fusions et acquisitions chez Goldman Sachs, la frénésie de rachats des sociétés chinoises “reflète la volonté de placer des capitaux hors de Chine et d’investir aux 4 coins du globe”.
Chute du yuan et l’économie chinoise ?
Cette fuite en avant pose évidemment question quant à l’évolution future du yuan qui connait une septième séance de baisse consécutive sur le marché offshore de Hong Kong. Le blog Zero Hedge dresse également un parallèle avec la vague de rachats par les groupes japonais dans les années 80 avant que l’économie nippone ne s’effondre.
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