Les bénéfices des entreprises ne suivent plus
Surendettement de la Chine, politique des banques centrales, évolution du prix du pétrole, les motifs d’inquiétude ne manquent pas. Le principal frein des Bourses est toutefois bien plus fondamental. Sur Wall Street, les records atteints le printemps dernier correspondent ainsi avec la fin de la hausse des profits.
La baisse des profits s’accentuent
Les 500 principales entreprises américaines -indice S&P 500- ont vu leurs profits (ajustés) reculer au cours des 3 derniers trimestres clôturés. Dans un premier temps, le repli était relativement circonscrit aux valeurs industrielles et énergétiques sous la pression du dollar fort et de la chute du prix du pétrole. Progressivement, de plus en plus de secteurs ont toutefois été touchés. Au dernier trimestre 2015, sept des 10 secteurs ont ainsi subi une contraction de leurs profits. Les analystes n’attendent aucune amélioration pour le premier trimestre 2016, prévoyant même une accélération de la chute des profits ajustés du S&P 500 à -8,3% par rapport à la période correspondante de 2015.
La qualité des profits se détériore
Second sujet d’inquiétude pour les investisseurs : la qualité des bénéfices. Les profits ajustés se sont ainsi de plus en plus écartés des résultats suivant les normes comptables officielles. Pour le S&P 500, l’écart a atteint les 25% ou 256 milliards de dollars en 2015. Cela s’explique en partie par des dépréciations (notamment de la valeur des gisements de pétrole) mais souligne aussi une tendance structurelle ces dernières années. Les sociétés technologiques ont notamment pris pour habitude d’éliminer les coûts (salaires) payés en actions, ce qui peut représenter une part substantielle des charges. Plus interpellant encore, le nombre d’irrégularités comptables s’est multiplié depuis l’année dernière (IBM, Tesco, Toshiba). Le gendarme boursier américain (SEC) a ouvert 134 enquêtes au cours de son dernier exercice (clos fin septembre), deux fois plus que deux ans auparavant. Une augmentation vertigineuse qui s’explique notamment par la création d’une task force destinée à lutter contre ce genre de fraude alors que la SEC s’était concentrée sur le secteur financier les années précédentes.
L’Europe et le reste du monde également touchés
Les profits des entreprises européennes ont également continué de décevoir l’année dernière, la croissance bénéficiaire plafonnant à 6% en tenant compte des rachats d’actions, de la baisse de la monnaie unique et de la timide accélération de la croissance. Plus inquiétant, le consensus de croissance bénéficiaire pour 2016 a déjà été fortement raboté à 3%-4% pour l’indice paneuropéen Stoxx 600. Contrairement aux années précédentes, la zone euro n’est toutefois plus la seule à inquiéter, les prévisions mondiales étant au plus bas depuis 2012 selon une enquête de Bank of America. Cela traduit tant le ralentissement de la croissance que la baisse de l’inflation au niveau mondial.
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