Le palladium est plus cher… que l’or
Le prix de ce métal blanc a plus que doublé depuis fin 2016, jusqu’à atteindre plus de 1.500 dollars l’once. La pénurie de palladium devrait encore s’accentuer en 2019-2020 à cause de la “dédieselisation”.
Le palladium demeure peu connu des investisseurs étant donné qu’il est presque uniquement utilisé dans l’industrie et surtout, comme catalyseur dans le secteur automobile. Ce débouché a représenté 86% de la demande en 2018 selon les chiffres du fabricant de catalyseurs Johnson Matthey.
Normes environnementales et diesel
La demande de palladium comme catalyseur pour les pots d’échappement a augmenté de 9% entre 2016 et 2018 et devrait à nouveau bondir de plus de 10% en 2019-2020, selon Johnson Matthey. La première raison est le durcissement des normes environnementales, surtout en Europe et en Chine. Les constructeurs augmentent notamment la quantité de métaux platinoïdes (platine, palladium, rhodium).
Le platine, second métal le plus employé dans les catalyseurs, n’en profite toutefois pas, la demande étant même orientée à la baisse. Une évolution contrastée qui s’explique par l’évolution des motorisations. Pour un moteur diesel, les catalyseurs sont composés de platine ou de platine/palladium. Pour un moteur essence, le palladium est largement plus utilisé, éventuellement additionné de platine ou de rhodium. Le phénomène est aggravé par l’importance du recyclage (taux de récupération de plus de 95%) dont l’apport reflète les ventes de véhicules d’il y a 15-20 ans.
Demande peu élastique
Selon Johnson Matthey, c’est une véritable pénurie de palladium qui menace dès 2019 après plusieurs années d’offre déficitaire. Le prix risque donc de poursuivre son envolée, d’autant que l’élasticité de la demande est limitée. Une voiture à essence contient environ 4 g de palladium. Parvenir à en remplacer la moitié par du platine quasiment moitié moins cher ne leur ferait gagner que 44 euros par véhicule. Sans doute pas de quoi mobiliser les équipes de recherche qui s’activent autour de la voiture autonome et des motorisations propres, comme l’électrique ou encore la pile à combustible pour laquelle l’enjeu des métaux platinoïdes est bien plus important étant donné qu’il en faut près de 30 g actuellement.
Comment en profiter ?
Vous pouvez tout d’abord miser sur un fonds coté comme l’ETF Physical Palladium sur Euronext Amsterdam (code ISIN : JE00B1VS3002). Ce type de produit se contente de refléter l’évolution du cours en tenant compte de frais de 0,49% par an. Il est également possible d’acheter des tablettes ou lingots de palladium, mais nous vous le déconseillons, s’agissant d’un marché industriel où vous auriez du mal à revendre votre placement.
L’autre possibilité est de miser sur des groupes produisant du palladium. C’est le cas du recycleur Umicore et des groupes miniers Nolrisk Nickel ou Anglo Platinum, mais pour eux, le palladium ne constitue qu’une production secondaire. Parmi les rares producteurs primaires de palladium, on retrouve la société canadienne North American Palladium, cotée à la Bourse de Toronto. Son bénéfice net a plus que triplé en 2018 à 119 millions de dollars canadiens.
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