Le marché indien se porte très bien

Un des facteurs pour parvenir à se différencier des autres fonds dans la catégorie des actions indiennes est la volonté d’aller rechercher les pépites qui se cachent dans ce marché diversifié et profond.

Le marché boursier indien a été historiquement cher par rapport aux autres Bourses asiatiques, mais cette prime n’est pas près de disparaître au vu des fondamentaux solides de ce pays.

Peu de pays ont connu une explosion boursière aussi forte que l’Inde durant la dernière décennie. Suite à l’élection de Narendra Modi à la tête de l’Etat en 2014, le pays s’est engagé dans une transformation institutionnelle et économique. Les meilleurs fonds de placement disponibles sur ce marché ont affiché une progression annualisée moyenne de 15% durant les cinq dernières années, et de 11% durant la dernière décennie.

Croissance raisonnable

En tête du classement, nous trouvons un quatuor de stratégies qui se sont détachées du peloton, notamment le fonds Jupiter India Select qui affiche une progression annualisée supérieure à 20% sur un horizon de cinq ans. Avinash Vazirani gère des actifs sur le marché indien depuis 1995, et il est aux commandes de cette stratégie depuis son lancement en 2008. Il a reçu le soutien en 2021 de Colin Croft, qui dispose également d’une expérience de plus de 15 ans dans la gestion de fonds chez Jupiter Asset Management.

“La moitié des sociétés de notre portefeuille ne figure pas dans la composition des indices de référence pour le marché indien. Nous sommes également très différents de nos principaux concurrents, qui investissent dans des entreprises de haute qualité qui coûtent assez cher, indique Colin Croft. Notre stratégie va plutôt viser une croissance à un prix raisonnable, en investissant sur des sociétés dont la croissance des bénéfices est similaire aux actions de l’indice, mais avec une valorisation nettement inférieure.”

Colin Croft pointe notamment l’exemple du bijoutier Titan et du détaillant de montres de luxe Ethos, qui a récemment été introduit en Bourse à une valorisation nettement inférieure, en dépit de perspectives de croissance similaires. “Ethos est une petite entreprise, mais elle a des perspectives de croissance plus grandes sur le long terme. Dans tous les secteurs, nous recherchons les bonnes affaires, même si notre composition sectorielle est relativement similaire à celle de l’indice.” Jupiter India Select se caractérise également par une durée de détention très longue des positions, en moyenne autour de huit ans.

Prime de valorisation

Une stratégie visant les actions de qualité n’est toutefois pas nécessairement mauvaise, comme le montre le fonds Goldman Sachs India Equity Portfolio, qui a dégagé une hausse annualisée supérieure à 17% au cours des cinq dernières années. Hiren Dasan, gestionnaire du fonds, indique rechercher “des entreprises de haute qualité dirigées par une excellente direction, sur la base de critères comme le rendement sur capital investi et les flux de trésorerie disponibles”, ce qui entraîne une composition sectorielle qui va faire la part belle à la consommation, aux services financiers, aux industries et à la technologie.

Hiren Dasani souligne d’ailleurs que les valorisations sur le marché indien ont tendance à être plus élevées que dans les marchés asiatiques avoisinants, “en raison d’une croissance à deux chiffres du PIB Nominal (avant inflation) et des résultats d’entreprise, avec un profil beaucoup plus stable car reposant davantage sur une augmentation structurelle de la consommation intérieure plutôt que sur les exportations”.

L’Inde dispose d’une démographie jeune, avec des institutions fortes qui assurent une grande stabilité au pays et une indépendance par rapport aux autres grandes économies. “En outre, la banque centrale a réalisé un excellent travail pour juguler l’inflation au cours des 10 dernières années, avec un mandat formel de la contenir à 4%. Moins d’inflation signifie un coût du capital plus faible et des multiples de valorisation plus élevés.”

Un des facteurs pour parvenir à se différencier des autres fonds dans la catégorie des actions indiennes est la volonté d’aller rechercher les pépites qui se cachent dans ce marché diversifié et profond. – Hiren Dasani (Goldman Sachs)

Chercher les pépites

Alors que les marchés occidentaux ont généralement vu une diminution du nombre de sociétés cotées durant les dernières années, l’Inde est dans une phase d’expansion rapide de son marché. “Le marché compte désormais 5.000 sociétés cotées dont plus de 500 affichant une capitalisation supérieure au milliard de dollars”, indique Hiren Dasani.

Un des facteurs pour parvenir à se différencier des autres fonds dans la catégorie des actions indiennes semble être d’avoir la volonté d’aller rechercher les pépites qui se cachent dans ce marché diversifié et profond, avec des proportions exposées sur les petites et moyennes capitalisations qui tournent entre 25 et 30% des encours pour les fonds proposés par GSAM et Jupiter AM.

Chez ce dernier gestionnaire, Colin Croft pointe qu’il existe “un terreau fertile de sociétés qui ne sont pas très connues des investisseurs étrangers et qui ne sont pas suivies par les courtiers locaux. Parce que nous sommes des spécialistes, nous prenons le temps de faire nos propres recherches et pour trouver des joyaux auxquels personne d’autre n’a encore prêté attention”.

Thématiques

Les principales tendances structurelles sur lesquelles ces fonds investissent sont liées au processus de modernisation économique mis en place durant la dernière décennie. Et ce n’est donc pas un hasard si le secteur financier arrive au sommet de l’allocation sectorielle des deux produits. Hiren Dasani souligne ainsi “apprécier la numérisation rapide de l’économie, avec une augmentation très rapide ces dernières années des transactions numériques, ce qui a entraîné une croissance rapide du secteur bancaire. La numérisation financière a également permis à de nombreux particuliers et PME de se voir octroyer des prêts”.

“L’Inde est un des rares pays suffisamment grand pour constituer presqu’un bloc à part entière”, constate Colin Croft. “Le pays est plus ou moins autonome et possède un poids significatif rien qu’en raison de la taille de son marché intérieur. Notre exposition vers l’économie nationale, au travers de secteurs comme la santé, où nous pensons que les entreprises ont une marge de croissance plus rapide que l’économie, avec des dépenses qui restent encore faibles en proportion du PIB (3% contre 12% en Europe).”

Hiren Dasani est également enthousiaste sur le thème de la compétitivité manufacturière pour un pays qui était traditionnellement davantage exposé sur les services. “Les investissements réalisés dans les infrastructures ont permis d’améliorer sensiblement la position du pays, et l’Inde est devenue une destination manufacturière très attractive.”

Elections dans la continuité

Les deux gestionnaires estiment également que les récentes élections ne devraient pas modifier la trajectoire de réformes structurelles mise en place durant la dernière décennie. “D’un point de vue historique, les gouvernements de coalition ont constitué la norme plutôt que l’exception”. Colin Croft s’attend dès lors à ce qu’elles s’inscrivent dans la continuité. Hiren Dasani constate que les ministères importants d’un point de vue économique n’ont pas changé de main, et le dernier budget est resté dans la lignée du précédent, avec un accent mis sur la poursuite à un rythme soutenu des dépenses d’infrastructure sans augmentation majeure des dépenses populistes. “La croissance a été structurelle et constante, et nous pensons qu’elle va se poursuivre Le revenu par habitant est d’environ 2.500 dollars, et le pays dispose donc encore d’un potentiel de croissance largement intact.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content