Le Dow Jones à 100.000 points en 2030!
Alors que les Bourses ont déjà effacé l’essentiel des pertes subies durant le krach du premier trimestre, de nombreux investisseurs s’inquiètent du risque d’une bulle. Selon les cycles boursiers historiques, le meilleur reste pourtant à venir.
Pour atteindre le cap symbolique des 100.000 points, le Dow Jones devrait à peu près quadrupler par rapport à son niveau actuel. Une telle hausse peut paraître impossible en une décennie. L’indice a pourtant déjà connu une série de progressions comparables. Il avait, par exemple, quasiment quintuplé entre mars 2009 et février 2020 ainsi qu’entre début 1991 et janvier 2000. Des performances qui s’expliquent notamment par le phénomène des intérêts composés. Pour atteindre 100.000 points d’ici fin 2030, le Dow Jones devrait afficher une hausse annuelle moyenne de tout juste 14 %, ce qui est nettement moins impressionnant.
Des cycles réguliers
Plus ancien indice boursier toujours utilisé aujourd’hui, le Dow Jones Industrial Average – de son nom complet – a été créé par Charles Dow et Edward Jones. A ses débuts en 1896, il valait à peine 40 points. En l’espace de 124 ans, sa valeur a donc été multipliée par plus de 600.
Cette hausse n’a toutefois pas été linéaire. Sur le long terme, le Dow Jones alterne ainsi des périodes fastes, durant généralement de 15 à 20 ans, et des périodes de baisse plus courtes, de 8 à 12 ans, comme vous pouvez le constater dans le tableau ci-contre. Actuellement, il semble se situer au milieu d’une période favorable ayant commencé en mars 2009.
Cette ” cyclicité ” s’est surtout stabilisée depuis la Seconde Guerre mondiale. Après la volatilité extrême de la période 1920-1940, le Dow Jones a trouvé un plancher à 100 points en 1942. Trente ans plus tard, en novembre 1972, il atteignait pour la première fois le cap des 1.000 points. En 1999, soit 27 ans plus tard, il atteignait les 10.000 points. En résumé, il décuple environ tous les 30 ans, ce qui correspond donc à un niveau de 100.000 pour 2030.
Dow Jones Industrial Average
Comme le dit le proverbe, les statistiques sont faites pour être démenties. De plus, on peut se demander sur quelles bases fondamentales le Dow Jones parviendrait, à partir d’aujourd’hui, à afficher une progression annuelle de 14 %, supérieure à sa moyenne historique. L’économie américaine est malmenée comme le reste du monde par la crise du coronavirus. Sur le long terme, les grands argentiers de la Réserve fédérale américaine estiment également que le potentiel de croissance de la première économie mondiale n’est plus que de 1,8 %.
A cela s’ajoute un handicap sectoriel, le Dow Jones Industrial Average étant bien moins exposé aux nouvelles technologies que le Nasdaq, par exemple. On notera toutefois que l’indice n’a plus d’industriel que le nom. Tout au long de sa longue histoire, la composition du Dow Jones a évolué avec l’économie américaine. Des 12 membres d’origine, General Electric, fondé par Thomas Edison, est le dernier à avoir quitté l’indice. La plupart des autres entreprises ont été rachetées, liquidées ou dissoutes.
Retard technologique
Comptant 30 membres depuis 1928, le Dow Jones est régulièrement épinglé pour son manque d’exposition aux nouvelles technologies. Cela n’est toutefois pas une volonté de l’opérateur S&P Dow Jones Indices. Apple est d’ailleurs la valeur la plus importante de l’indice et Microsoft la cinquième, le secteur des technologies de l’information représentant au total près de 22 %. L’absence de certains grands noms est avant tout liée au mode de calcul du Dow Jones basé sur les cours faciaux. Une action à 200 dollars a donc un poids 10 fois plus important qu’un titre à 20 dollars, peu importe la capitalisation boursière de ces deux entreprises.
Si l’opérateur décidait d’intégrer Amazon, dont les cours dépassent les 3.000 dollars, sa pondération serait bien trop importante. Mais ce genre de détails peut évoluer. Une scission du titre, par exemple pour créer une nouvelle catégorie d’actions et permettre aux fondateurs de garder le contrôle, pourrait suffire à faciliter l’intégration de davantage de géants technologiques. De même, de nouveaux leaders innovants avec des cours faciaux moins élevés pourraient être repris au sein du Dow Jones. Pensons notamment à Facebook, Paypal, voire Netflix.
Plus largement, on observe que le poids des secteurs gagnants de la crise du coronavirus (technologies de l’information et soins de santé) a augmenté à près de 40 % au sein du Dow Jones alors que les perdants (aéronautique, pétrole) pèsent désormais moins de 10 %.
Cette donnée est déterminante en matière de perspectives bénéficiaires. Les secteurs des technologies de l’information et des soins de santé affichent une croissance des revenus et des marges bénéficiaires supérieures à la moyenne, selon Factset qui compile les prévisions des analystes pour les 500 principales entreprises américaines.
Suivant les dernières données, les profits de ces deux secteurs devraient légèrement progresser en 2020 et bondir de plus de 15 % en 2021. Sur deux ans, leurs bénéfices progresseraient ainsi de 17 %, soutenus par une solide croissance du chiffre d’affaires alors que les autres secteurs subiraient une baisse dans l’ensemble.
Mécaniquement, plus ces secteurs sont importants au sein de l’indice, plus la croissance bénéficiaire de l’indice est élevée, même si les résultats de l’ensemble des entreprises restent similaires.
Les jeunes investisseurs
Le dernier élément plaidant en faveur d’une hausse durable des Bourses et du Dow Jones est l’arrivée de nombreux investisseurs privés durant la crise du coronavirus. Partout, les transactions boursières ont augmenté et de nombreux jeunes investisseurs ont misé sur la Bourse.
La plupart des observateurs expliquent cet intérêt soudain pour la Bourse par le besoin de divertissement durant le confinement. Ces nouveaux investisseurs pourraient toutefois y avoir pris goût grâce au rebond rapide des indices depuis la mi-mars.
L’impact pourrait être d’autant plus grand que les jeunes générations ont, jusqu’il y a peu, plutôt évité les actions. Aux Etats-Unis, les milléniaux (la génération Y) et la génération Z (née après 1995) n’ont placé en investissements (actions et obligations) que respectivement 30 % et 23 % de leur épargne, contre 38 % pour la génération X (née entre 1965 et 1980) selon une étude réalisée l’année dernière par Investopedia.
Investir avec prudence
Les infortunes rencontrées par certains de ces nouveaux investisseurs constituent aussi un rappel de la nécessaire prudence à adopter en Bourse. Même si les tendances sont favorables, la volatilité est inhérente aux marchés d’actions et tous les titres ne sont pas forcément bons à acheter. C’est ce qu’ont appris à leurs dépens certains jeunes investisseurs utilisant l’application d’investissements Robinhood, très populaire auprès des milléniaux.
The New York Times raconte ainsi la mésaventure de Richard Dobatse. Celui-ci a investi 45.000 dollars, prenant notamment un crédit sur sa maison, et a gagné jusqu’à un million avant de voir son compte chuter sous les 7.000 dollars. Ce genre de mésaventure a même tourné au drame dans le cas d’Alex Kearns : ce jeune étudiant de 20 ans s’est suicidé après avoir découvert que son compte avait chuté en négatif, à -730.000 dollars. Cette perte s’est finalement avérée être seulement apparente pour une grande partie… mais il était trop tard.
Outre l’application, le point commun entre ces deux cas est le recours aux actions très spéculatives et, surtout, aux produits dérivés (options, etc.). Espérer faire fortune rapidement en Bourse revient à jouer au casino. Le principal allié de l’investisseur est le temps. Plus vous investissez longtemps, plus vous profiterez du phénomène des intérêts composés. Des actions de premier plan ou des solutions diversifiées comme des fonds et des ETF sur indices sont à privilégier.
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