Le double danger de l’élection présidentielle US
Trop polémique, trop dangereux, Donald Trump inquiète les marchés. La large avance prise par Hillary Clinton dans les sondages ne rassure pas les investisseurs qui craignent une surprise … et une trop large victoire démocrate.
Intrinsèquement, le programme économique de Donald Trump pourrait séduire les marchés, le candidat républicain évoquant des baisses d’impôts et des dépenses publiques. Mais son message populiste et son hostilité au commerce extérieur inquiètent les économistes. “La hausse des droits à l’importation contribuera à relancer l’inflation, tandis qu’elle ralentira la croissance économique si les partenaires commerciaux des États-Unis érigent, en rétorsion, des barrières douanières affectant les exportations américaines” explique ainsi Keith Wade. L’économiste en chef de Schroders souligne que l’issue de l’élection du 8 novembre demeure indécise malgré la large avance d’Hillary Clinton dans les sondages. “Il est fort possible que beaucoup d’électeurs n’assument pas publiquement (ndlr : auprès des instituts de sondage) leur intention de voter pour Trump”.
Les Présidents démocrates meilleurs pour la Bourse
La plupart des observateurs pointent toutefois Hillary Clinton comme grande favorite, profitant du vote des femmes et des minorités. Elle reçoit également les faveurs de Wall Street, les Bourses ayant de plus tendance à mieux prester sous présidence démocrate. Lori Calvasina, Stratégiste chez Credit Suisse, épingle toutefois que “pour de nombreux investisseurs, les risques liés à une victoire de Trump ont été remplacés par la crainte d’une large victoire des démocrates au Congrès”. Historiquement, les Bourses tendent en effet à mieux se comporter sous Congrès républicain. Les marchés redoutent d’autant plus une victoire totale des démocrates (Clinton + Congrès) que le parti tend clairement à basculer à gauche sur l’échiquier politique sous la férule des sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren. Une large prise de contrôle pourrait ainsi signifier une nette hausse des taxes et des dépenses publiques. Cela renforcerait encore l’écart entre secteurs gagnants et perdants d’une victoire d’Hillary Clinton.
Un secteur gagnant à tous les coups
Les secteurs liés à la consommation devraient être les principaux bénéficiaires selon Credit Suisse. Les acteurs opérant via des franchises -comme McDonald’s- ne seront de plus pas affectés par la hausse envisagée du salaire minimum. Le segment de la consommation non-courante (automobile, luxe, restaurants, etc.) apparait très exposé au résultat de l’élection présidentielle selon les prévisions de Credit Suisse : surperformance de 22% en cas de victoire de Clinton, sous-performance de 35% si Trump l’emporte.
Le secteur des infrastructures devrait par contre bénéficier des dépenses en infrastructures planifiées par les deux candidats.
En cas de victoire de Clinton, les principaux perdants seront les banques et les groupes pharmaceutiques -la hausse du prix des médicaments étant un important sujet de campagne- en raison de la menace d’un durcissement de la réglementation selon Credit Suisse. Pour les établissements financiers, la menace pourrait toutefois être rapidement éclipsée par un relèvement des taux (permettant d’étoffer leur marge d’intérêt) si la croissance et l’inflation américaines augmentent comme anticipé. Au niveau des soins de santé, Lori Calvasina épingle que les exploitants d’hôpitaux et les groupes actifs dans la gestion des programmes publics d’assurance maladie pourraient profiter d’un renforcement de la couverture publique.
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