La véritable valorisation de Wall Street
Selon les chiffres les plus souvent cités, la Bourse américaine présente une valorisation de 16 fois les bénéfices. Ce ratio tient toutefois compte d’hypothèses irréalistes, ce qui n’est pas sans conséquence pour l’investisseur.
Des analystes trop optimistes
Dans son dernier rapport hebdomadaire, Factset évalue que le S&P 500, indice élargi américain, cote 16,1 fois les bénéfices, une valorisation moyenne historiquement. Ce ratio tient toutefois compte du profit unitaire attendu pour les 12 prochains mois, une prévision qui a toutes les chances de ne pas se concrétiser. Il y a un an, le consensus des analystes pour 2015 était ainsi de 128,38 dollars, une estimation désormais rabotée à 118,48 dollars (-8%). Sur la base des résultats des 12 derniers mois, la valorisation du S&P 500 grimpe à plus de 18 fois les bénéfices.
Une comptabilité créative
Ce multiple est obtenu sur la base des résultats “ajustés”, c’est-à-dire des profits calculés suivant des normes propres à chaque société, reflétant l’évolution intrinsèque des activités selon elles. Les groupes technologiques évacuent ainsi toutes les charges (salaires) payées sous forme d’actions. L’écart entre chiffres ajustés et GAAP (suivant les normes comptables officielles aux États-Unis) n’a toutefois de cesse de grandir atteignant 22,8% au cours des 4 derniers trimestres. Sur la base des données GAAP, le S&P 500 cote actuellement plus de 22 fois les bénéfices, un multiple très tendu historiquement.
Pas de prime de risque
En d’autres termes, les actions américaines présentent un rendement des bénéfices de 4,5%. C’est à peine mieux qu’une obligation d’entreprise notée BBB en dollars (dans le bas de la catégorie des bons débiteurs) qui rapporte actuellement 4,3% en intérêts avec une prise de risque nettement moindre sur le capital.
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