La renaissance de Fagron
En pleine crise il y a moins de 2 ans, Fagron a tourné la page des problèmes financiers et s’engage à nouveau sur la voie de la croissance rentable … tout en ayant retenu les leçons de ses déboires.
Quatre août 2015, les chiffres semestriels de Fagron font l’effet d’une bombe. Le bond de 18% de l’excédent brut d’exploitation sur 6 mois masque mal le recul des ventes au niveau organique. Des changements au niveau des remboursements aux États-Unis plombent le spécialiste des ingrédients pour préparations magistrales. Les déboires de la sulfureuse Bellevue Pharmacy, rachetée en 2014, enfonceront encore le groupe belge. À l’époque, son niveau d’endettement élevé (plus de 4 fois son excédent brut d’exploitation) semble être le dernier clou de son cercueil, les marchés spéculant sur une reprise à vil prix. Fagron finit par s’en sortir au prix d’une augmentation de capital destructrice pour le cours à l’été 2016.
Nouvelle stratégie
Les 220 millions levés ont offert l’oxygène financier nécessaire à la société qui a pu acter l’échec de sa stratégie aux États-Unis. Fagron y a ainsi partiellement abandonné le marché des ingrédients (de base) pour préparations magistrales afin d’investir davantage dans les services de formulation. Confronté à la complexification des formulations (laboratoires stériles…), de plus en plus d’hôpitaux sous-traitent en effet cette activité, tout particulièrement aux États-Unis. Le nouveau complexe de Wichita au Kansas renferme notamment une salle blanche de plus de 1100 m2. Cet investissement doit générer à terme plus de 100 millions de chiffre d’affaires par an, soit un doublement de ses ventes aux États-Unis. Ailleurs dans le monde, la transition se fait plus en douceur mais la tendance est la même. Fagron mise de plus en plus sur les produits de marque / innovations et les services de formulation afin de bénéficier de la complexification des processus de production, de l’arrivée à échéance de nombreux brevets et de la personnalisation accrue des traitements.
Croissance du bénéfice de plus de 10% par an
Au 1er trimestre, cela a permis au groupe d’afficher une croissance organique de 6,8%. La vigueur de l’euro et la baisse du real brésilien (le Brésil étant un important marché pour Fagron) ont pesé mais l’impact est évidemment temporaire. Globalement, les analystes de DegroofPetercam misent sur une croissance organique de 5-6% en 2018 (et au-delà), renforcée par des acquisitions suivant une stratégie de buy-and-build (à l’image de Humco récemment). Au total, le bénéfice par action devrait croître de plus de 10% par an, ce dont les actionnaires profiteront de plus en plus au travers du dividende (après l’annonce d’un premier coupon surprise de 0,10 euro pour 2017). Fagron s’est de plus engagé à maintenir ses ratios d’endettement à un niveau raisonnable afin d’éviter le risque de répétition du scénario de 2015. A 17 fois le bénéfice attendu cette année, ce n’est pas (trop) cher payé et les analystes se montrent logiquement de plus en plus confiants : DegroofPetercam est repassé à l’achat, KBC Securities a relevé son objectif de cours.
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