“La réaction des marchés est exagérée”
Les bourses européennes se remettent ce mardi du plus gros revers essuyé depuis des années. Lundi, le Bel-20 a chuté de 5%. Ce qui en fait la baisse la plus importante depuis le 22 septembre 2011. La bourse de Bruxelles n’était qu’un pion sur l’échiquier des bourses mondiales.
C’était donc un lundi noir pour les bourses chinoises. Le Shanghai Composite a perdu 8,5%, il n’avait plus vécu une telle chute depuis février 2007. Les bourses européennes et américaines les ont accompagnées dans leur chute. La “correction saine” des bourses s’est ensuite soudainement accélérée.
Warren Buffet dit que les investisseurs doivent acheter quand tous les autres ont peur. Mais lors d’un jour boursier si catastrophique, il est difficile pour les investisseurs de garder la tête froide. Nous avons demandé à Frank Vranken, stratège en chef de la banque privée Puilaetco Dewaay, comment les investisseurs doivent gérer ces grandes fluctuations sur les marchés.
Recevez-vous actuellement beaucoup d’appels téléphoniques ?
Frank Vranken: “Nous recevons beaucoup d’appels, oui. Nous essayons aussi le plus possible d’appeler les clients de manière pro-active pour leur donner une mise à jour. Il y a un certain nombre de clients qui désirent réduire leurs positions risquées. Une seule personne veut vendre toutes ses positions en actions. Mais je n’ai personnellement encore eu personne en ligne qui veuille réellement jeter l’éponge.”
Que répondez-vous aux investisseurs inquiets ?
Vranken: “J’esquisse d’abord le tableau macro économique. Les raisons sous-jacentes à la vague de vente mondiale sur les bourses sont à rechercher du côté des pays émergents, la Chine en tête, et dans la chute des prix des matières premières. La croissance chinoise se ralentit et il y a une contamination d’autres pays émergents. Les marché émergents ont au cours des dernières années également commencé à générer de plus en plus de commerce entre eux. Mais il y a-t-il un danger pour l’économie mondiale? Non.”
La réaction des marchés est exagérée
Provisoirement, il n’y a en tous les cas aucune preuve d’un tel danger. Les derniers chiffres au sujet de la croissance économique aux Etats-Unis, en Europe et au Japon étaient bons. La Chine compte pour 15% de la croissance de l’économie mondiale. Un ralentissement de la croissance en Chine de 7 à 5% n’est pas encore une catastrophe. Il y a bien sûr des entreprises occidentales qui ont un lien direct ou indirect avec la Chine, mais la réaction des marchés est exagérée.”
“Ensuite, je résume les virages possibles. Si la Chine arrive avec un fort assouplissement monétaire, cela suffira peut-être à inverser la tendance pour les marchés émergents. Si une entreprise moyenne du secteur des matières premières faisait faillite, ou si l’OPEP décidait de produire moins de pétrole, cela pourrait créer un plancher sous les prix des matières premières. Car il y a encore toujours trop d’offre sur le marché.”
“Et finalement, je dresse un aperçu de la situation des prix des actifs. Comment se comportent les cotations? Certains actifs valent-ils la peine d’être achetés après cette correction?”
Osez-vous, en un tel moment, conseiller à vos clients d’acheter des actions? Ou conseillez-vous plutôt une approche prudente?
Vranken: “A la bourse de Bruxelles, je trouve par exemple la chute du groupe chimique Solvay exagérée. A l’étranger, BMW et Air Liquide valent à leur tour la peine d’être achetées. Ces actions peuvent bien sûr encore toujours être moins chères, mais je dis aux clients qu’ils ont d’abord la possibilité d’adopter des positions prudentes.”
“Sell in May and go away, but remember to come back in September.” (Vendez en mai et partez, mais n’oubliez pas de revenir en septembre). Nous pouvons appliquer la première partie de ce dicton boursier à 2015. Pensez-vous que la deuxième partie sera aussi d’application?
Vranken: “Une saine correction était en cours. Mais une baisse du Bel-20 de plus de 5%: c’est une capitulation. Nous observons d’énormes volumes et une énorme volatilité. En Chine et aux Etats-Unis, beaucoup d’investisseurs ont acheté des actions avec de l’argent emprunté. Ces positions sont ultra rapidement éliminées. Une baisse de 5% ou plus est possible un jour, mais pas tous les jours.
Dans le passé, on n’a jamais vu plusieurs crashs boursiers successifs.
Dans le passé, on n’a jamais vu plusieurs crashs boursier successifs. Il se pourrait bien que, une fois de plus, les marchés boursiers se redresseront en septembre.”
Selon Vranken, nous ne devons pas oublier que le commerce est souvent faible durant l’été. Les mouvements sur les marchés sont par conséquent amplifiés. Et certains grands acteurs institutionnels seront encore toujours “en vacances” fin août.
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