La guerre des monnaies a commencé
Lubie de geek il y a à peine quelques années, le bitcoin pèse désormais 60 milliards. Pour l’ensemble des cryptomonnaies, le compteur s’est envolé ces 12 derniers mois pour atteindre 130 milliards. Les banques centrales, gardiennes des monnaies officielles, s’en inquiètent et préparent une contre-attaque.
Le cours des cryptomonnaies a replongé ce lundi à la suite de la décision de la Banque populaire de Chine (BPC) d’interdire les levées de fonds par le biais d’émission de tokens (jetons) représentatifs d’un service ou d’une (nouvelle) cryptomonnaie. Les opérations se sont récemment multipliées, avec la suspicion de nombreuses fraudes, ce qui avait déjà suscité de nombreuses mises en garde. Les spécialistes d’eToro China soulignent toutefois que le vocabulaire choisi par la BPC est susceptible de rendre toute cryptomonnaie illégale.
Les barbares sont aux portes
Les proches du gouvernement chinois s’en défendent mais ce nouvel épisode illustre la méfiance de Beijing envers le bitcoin et les autres cryptomonnaies. À raison pour Andrew Sheng, conseiller auprès du régulateur chinois et professeur émérite de l’Université de Hong-Kong, qui y voit les “barbares aux portes” du système monétaire. Ce dernier repose en effet sur la régulation du prix et/ou de la quantité de monnaies disponibles par les banques centrales. Dans le cas des cryptommaies, leur valeur dépend par contre de leur modélisation et de leur sécurité, n’étant sujet à aucune gestion centralisée.
Les monnaies numériques centralisées
Les banques centrales sont toutefois conscientes qu’elles n’inverseront pas l’évolution technologique. La banque centrale néerlandaise a ainsi lancé sa propre cryptomonnaie dans un test grandeur nature. La BPC planche également sur un yuan numérique. La Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine s’intéressent au rôle en général de la technologie des registres décentralisés qui sous-tend les cryptomonnaies.
Taux négatifs
Jan Smets, gouverneur de la BNB et membre de la BCE, soulignait à la fin de l’année dernière qu’une monnaie numérique contrôlée par une banque centrale faciliterait l’implémentation des décisions de politique monétaire, notamment pour l’application de taux d’intérêt négatifs. Pas certain que cela séduise les utilisateurs…
Impossible de les interdire
Elaine Ou, spécialiste des blockchain chez Global Financial Access, expliquait dans un édito pour l’agence Bloomberg que toute tentative d’abolir les cryptomonnaies (décentralisées) est vouée à l’échec. Tout comme la prohibition n’a pas stoppé la consommation d’alcool aux États-Unis ou la loi sur les copies illégales n’a pas mis fin aux téléchargements. “Le meilleur moyen de limiter l’utilisation du bitcoin est de convaincre les gens qu’ils n’ont pas besoin de cryptomonnaies” poursuit Elaine Ou qui doute toutefois que la Chine assouplira ses contrôles des capitaux ou que les États-Unis lèveront les barrières de la régulation affectant certains clients.
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