Investir comme Elon Musk: fou, mais très rentable

© BELGAIMAGE

Des voitures électriques à la conquête spatiale, Elon Musk multiplie les projets et les réussites. Habitué à déjouer les pronostics, l’entrepreneur fantasque affiche désormais une fortune de 40 milliards de dollars. Un modèle d’investissements à suivre ?

Lorsqu’il fonde SpaceX en 2002 avec l’ambition de révolutionner le voyage spatial, Elon Musk suscite essentiellement quelques ricanements. ” Dans le secteur spatial, on a pour habitude de dire que le meilleur moyen de devenir millionnaire est de commencer en étant milliardaire “, déclare ainsi à l’époque Marshall Kaplan, un spécialiste du domaine spatial, dans le Los Angeles Times. Pourtant, Elon Musk avait déjà démontré qu’il n’était pas du genre à abandonner et à se laisser séduire par la facilité.

Les débuts

D’origine sud-africaine, Elon Musk étudie aux Etats-Unis quand il lance en 1995 Global Link Information Network, ensuite rebaptisé Zip2, avec son frère et quelques soutiens financiers. Quatre ans plus tard, la plateforme de publication en ligne est revendue à Compaq Computer pour 300 millions de dollars. Elon Musk empoche un gain de 22 millions, selon la biographie rédigée par le chroniqueur américain spécialisé Ashleye Vance, une somme rondelette pour un jeune de 27 ans.

Loin de se reposer sur ses lauriers, il utilise ces fonds pour créer la banque en ligne X.com. Cette dernière fusionne avec Confinity et donne naissance à la plateforme de paiement PayPal revendue à eBay en 2002 pour 1,5 milliard de dollars. Soit 165 millions pour la part de 11,7% d’Elon Musk.

Suffisant pour vivre confortablement le reste de sa vie. Mais le fantasque entrepreneur ne comptait certainement pas en rester là. Quelques mois plus tard, il fonde SpaceX. Début 2004, il participe au financement de la toute jeune Tesla dont il devient président. En 2006, il finance aussi le lancement de SolarCity, officiellement créé par deux cousins.

Investir comme Elon Musk: fou, mais très rentable

La carrière

Commence alors une longue période de développement. Tesla présente sa première voiture, la Roadster, en 2008. Les ventes demeurent confidentielles malgré un accueil médiatique favorable. Les trois premiers lancements de la fusée Falcon 1 de Space X échouent en 2006, 2007 et 2008.

SolarCity connaît un développement rapide à partir de 2009, devenant le leader du photovoltaïque aux Etats-Unis, un marché en plein boom. Mais la situation se dégrade rapidement dès 2014 avec la réduction des subsides. Elon Musk n’est toutefois pas du genre à acter un échec aussi rapidement. En 2016, Tesla rachète SolarCity qui peut ainsi poursuivre ses développements, notamment celui de tuiles solaires qui se font toujours attendre.

Depuis 2017, Elon Musk connaît une véritable consécration. Tesla a commencé à produire la Model E, la voiture électrique moyen de gamme qui doit lui permettre de devenir un constructeur automobile d’envergure. Le groupe a ainsi vendu 367.500 voitures en 2019 et figure maintenant parmi les géants du secteur en Bourse avec une capitalisation supérieure à Volkswagen et General Motors réunis.

Quant à SpaceX, elle a multiplié les prouesses. La société s’est d’abord illustrée par la récupération des propulseurs et d’autres équipements, ce qui permet de réduire considérablement le coût des voyages spatiaux. Au début de ce mois, la société californienne est devenue la première entreprise privée à envoyer des hommes dans l’espace.

Un patrimoine de 43 milliards

Ces réussites se reflètent sur le patrimoine d’Elon Musk. En sept ans, il a été multiplié par sept, à 43 milliards de dollars, selon Bloomberg. Il est essentiellement constitué de ses participations de 20% dans Tesla (capitalisation boursière de 160 milliards de dollars) et de 50% dans SpaceX (valorisé à 36 milliards lors de la dernière levée de fonds en mai), le tout étant diminué de ses dettes.

Bloomberg précise que son investissement dans The Boring Company est valorisé suivant les montants investis. Fondée en 2016 par Elon Musk, cette entreprise vise à développer de nouveaux tunneliers afin de rendre le transport sous-terrain moins onéreux. La société a creusé un premier tunnel de 3,2 km sous Los Angeles, un test grandeur nature. Elle finalise un premier projet commercial, un tunnel de 1,6 km sous le célèbre centre d’exposition et de salon de Las Vegas. The Boring Company a aussi décroché des contrats à Chicago ou Washington DC.

Elon Musk a aussi cofondé Neuralink, une start-up dans le domaine des neurotechnologies développant des composants électroniques pouvant être implantés dans le cerveau. Il est à l’origine de plusieurs projets open source comme l’Hyperloop, sorte de train hyper-rapide dans des tubes, ou OpenAI dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Par ailleurs, Elon Musk a envisagé de créer une marque de tequila, un lance-flammes ou une chanson de rap.

Risquer et surprendre

Les sociétés d’Elon Musk sont-elles pour autant de bons véhicules si vous voulez faire fructifier vos avoirs ? Faut-il suivre ses choix d’investisseur ? Pourquoi pas. Mais, le cas échéant, quelques mesures d’avertissement s’imposent. Pour investir comme Elon Musk, vous devrez en effet accepter un niveau de risques largement supérieur à la moyenne. Afin de financer ses multiples projets, ce véritable touche-à-tout a par exemple mis en gage une partie de ses participations dans Tesla ou SpaceX. Des risques qui lui ont souri et se sont avérés très rentables.

Attendez-vous par ailleurs à être surpris (en mal ou en bien) en permanence comme lorsqu’il a rendu publics tous les brevets de Tesla, a évoqué sur Twitter un retrait de la Bourse du groupe (ce qui lui a valu une enquête du gendarme boursier américain) ou lors de la présentation du dernier modèle de Tesla, un pickup au design de science-fiction rompant avec la gamme ” S3XY “.

Financièrement, le niveau de risque est également conséquent comme l’illustre la valorisation boursière de Tesla. Sa capitalisation atteint 160 milliards de dollars alors que la société a juste atteint l’équilibre en termes de résultats l’année dernière. Elle cote 6,3 fois son chiffre d’affaires des 12 derniers mois contre un rapport de 0,3 pour Volkswagen. Cela représente donc une prime, toute théorique, de 2.000%.

Quelles actions ?

Tesla est évidemment le premier choix si vous souhaitez investir comme Elon Musk. Il s’agit de sa principale participation. De plus, vous pouvez ainsi investir dans différents projets : la commercialisation de voitures électriques évidemment mais aussi les véhicules autonomes, les panneaux solaires (SolarCity) et les technologies de stockage d’énergie. Tesla a un important partenariat avec Panasonic pour la production de batteries et a racheté début 2019 Maxwell Technologies, un des leaders dans le développement de super-condensateurs. Quand il était étudiant, Elon Musk s’était déjà intéressé à cette technologie extrêmement prometteuse. Certes, ces batteries sont plus sûres, ont une très longue durée de vie (jusqu’à 20 millions de recharges) et se rechargent très rapidement (quelques secondes). Mais leur densité (énergie par rapport au poids) et leur coût ne sont par contre pas (encore ?) au niveau.

L'investisseur doit s'attendre à être surpris avec Elon Musk, comme lors de la présentation du pickup futuriste S3XY.
L’investisseur doit s’attendre à être surpris avec Elon Musk, comme lors de la présentation du pickup futuriste S3XY.© BELGAIMAGE

A l’heure actuelle, il n’est pas possible pour l’investisseur lambda d’investir dans SpaceX. En début d’année, des rumeurs ont circulé évoquant une introduction en Bourse de Starlink, la filiale de SpaceX développant un vaste réseau de plusieurs milliers de minisatellites destiné à offrir un accès à Internet haut débit partout dans le monde. Elon Musk a toutefois démenti.

Mais vous pouvez investir indirectement dans SpaceX via Alphabet, la maison mère de Google, qui est un important actionnaire de l’entreprise d’Elon Musk depuis 2015. De plus, Alphabet développe un système de véhicules autonomes, comme Tesla, et s’intéresse à l’intelligence artificielle et au transhumanisme (neurotechnologies) comme Elon Musk. Ce dernier avait ainsi investi dans DeepMind qui a ensuite été racheté par Google.

Concernant The Boring Company, qu’Elon Musk avait qualifié de ” hobby personnel “, il n’existe pas réellement d’alternative. La levée de fonds de l’année dernière a été financée par 8VC, Vy Capital, Craft Ventures, Valor Capital et DFJ, soit des sociétés de private equity.

Elon Musk demeure par ailleurs un fin observateur du secteur des paiements par Internet. Il a ainsi investi dans Stripe, start-up américaine fondée par les frères irlandais John et Patrick Collison. Stripe n’étant pas (encore ? ) coté en Bourse, vous pouvez vous tourner vers son principal concurrent au niveau des paiements en ligne, à savoir l’entreprise néerlandaise Adyen.

Investir comme Elon Musk: fou, mais très rentable

Des ETF innovants

Une autre solution est d’investir davantage dans la philosophie d’Elon Musk et moins dans ses actions. C’est notamment possible via des fonds indiciels (ETF) misant sur l’innovation comme l’Innovator Loup Frontier Tech (Bourse de New York, LOUP) qui investit dans des sociétés technologiquement innovantes au niveau mondial dont Snap, Tesla, AMS ou AeroVironment.

L’ETF ARK Innovation (Bourse de New York, ARKK) investit dans des secteurs d’avenir comme la prochaine génération d’Internet, la robotique et les technologies autonomes, la génomique, etc. Parmi ses principales positions, on retrouve notamment Tesla, Illumina, Square, ou Lending Tree. L’ETF Franklin Intelligent Machines (CBOE, BZX) se concentre pour sa part sur la robotisation et l’intelligence artificielle. Ses trois premières positions sont Tesla, Intuitive Chirurgical et Autodesk.

Baillie Gifford, fan d’Elon Musk

Baillie Gifford fait confiance à Elon Musk depuis de longues années. Cette société de gestion de fonds écossaise est ainsi le deuxième actionnaire de Tesla derrière Elon Musk et fait partie des rares investisseurs d’importance au sein de SpaceX.

Le portefeuille du fonds Baillie Gifford US Growth est investi à plus de 7% en Tesla et près de 2% en SpaceX. On y retrouve aussi Alphabet et la société de paiement non cotée Stripe. Autre alternative : le fonds Baillie Gifford Worldwide Discovery Fund (code ISIN IE00BJ5JS224) qui est toutefois plus diversifié et dont le premier investissement est le spécialiste britannique de l’e-commerce alimentaire Ocado.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content