Environ 850.000 travailleurs belges verront leur salaire augmenter en janvier 2026. Mais, l’accord budgétaire du gouvernement Arizona prévoit un plafonnement de cette indexation pour les salaires dépassant 4.000 euros bruts, une mesure qui touchera surtout le secteur tertiaire. Reste à savoir si la législation sera finalisée à temps.
Comme chaque année, le mécanisme d’indexation automatique des salaires entre en action en janvier. Après la publication par Statbel de l’indice santé lissé, les spécialistes RH SD Worx et Acerta ont confirmé les taux pour les principaux secteurs. Environ 850.000 travailleurs belges verront leur salaire augmenter automatiquement en janvier 2026, dont plus de 500.000 employés du secteur privé. Mais l’accord budgétaire du gouvernement Arizona prévoit un plafonnement de cette indexation pour les salaires dépassant 4.000 euros bruts.
Une hausse de 2,19% pour plus de 500.000 employés
La commission paritaire pour employés (CP 200) appliquera une indexation de 2,19% au 1er janvier. Cela concerne plus de 500.000 Belges. Acerta note qu’il s’agit d’une hausse bien inférieure aux 3,58% de janvier 2025 et aux 11,08% record de janvier 2023 dans le contexte post-Covid.
L’horeca (CP 302) appliquera 2,189%, l‘industrie alimentaire (CP 118 et 220) 2,19%, et le transport routier (CP 140.03) 2,18%.
Pour un employé à 3.000 euros bruts, l’indexation de 2,19% représente 65,70 euros mensuels supplémentaires. Un serveur à 2.500 euros gagnera 54,73 euros de plus. Un ouvrier de l’alimentation à 3.500 euros bénéficiera de 76,65 euros.
Le plafonnement : horeca et alimentation peu touchés
L’accord budgétaire de l’Arizona prévoit que seuls les premiers 4.000 euros bruts seront indexés en 2026 et 2028. Cette mesure devrait rapporter 883 millions d’euros d’économies par an selon le gouvernement. Mais dans l’horeca, l’alimentation et le transport, les salaires dépassent rarement 4.000 euros bruts. Seuls quelques managers et cadres franchiront ce seuil et verront leur indexation plafonnée.
L’impact réel dans le secteur tertiaire
C’est dans la CP 200 que le plafonnement aura le plus d’impact. Ce secteur regroupe une grande diversité de profils, du personnel administratif aux cadres supérieurs, en passant par l’IT, la finance ou le consulting. Avec plus de 500.000 travailleurs, c’est là que le nombre de salaires dépassant 4.000 euros est le plus élevé.
Un cadre à 5.000 euros bruts ne recevrait ainsi que 87,60 euros d’augmentation (2,19% de 4.000 euros) au lieu de 109,50 euros. Perte : 21,90 euros par mois, soit 262,80 euros annuels. À 6.000 euros, l’augmentation serait limitée à 87,60 euros au lieu de 131,40 euros. Perte : 43,80 euros mensuels ou 525,60 euros annuels.

Le salaire médian belge s’établit à 3.728 euros bruts (Statbel), avec de fortes disparités régionales : 3.970 euros à Bruxelles, 3.270 euros en Wallonie. Environ la moitié des salariés à temps plein gagnent davantage, et une partie dépasse les 4.000 euros.
Une course contre-la-montre
SD Worx et Acerta soulignent l’incertitude autour de cette mesure. Elle n’est toujours pas finalisée juridiquement à quelques semaines des premières indexations. “Sans législation, le travailleur a droit à l’indexation normale. L’employeur doit la payer”, précise Léonce Katam de SD Worx. Si le gouvernement ne respecte pas le délai de fin décembre, tous les travailleurs bénéficieront de l’indexation complète en janvier 2026. La prochaine opportunité d’application serait alors janvier 2027, compromettant l’équilibre budgétaire prévu.
Sans législation, le travailleur a droit à l’indexation normale. L’employeur doit la payer
Complexité du système belge
L’application du plafonnement se heurte aussi à la diversité des systèmes d’indexation. Chaque commission paritaire définit ses propres règles : certaines indexent annuellement, d’autres trimestriellement ou mensuellement, avec des pourcentages variables.
Le Bureau du Plan prévoit un seul dépassement de l’indice-pivot en 2026, en janvier, entraînant l’indexation des fonctionnaires, des travailleurs des soins de santé et des allocations. En 2028, il pourrait n’y avoir aucun dépassement ou plusieurs, compliquant l’application du plafonnement.
Au prorata pour les temps partiels ?
Des questions restent ouvertes : le seuil de 4.000 euros sera-t-il appliqué au prorata pour les temps partiels ? Comment traiter les primes ? Quel salaire sera pris en compte ?”La mesure devra répondre à toutes ces questions et tenir compte des nombreuses variantes dans l’indexation des salaires”, souligne Léonce Katam.
Pour les entreprises, l’incertitude reste totale. Elles doivent préparer les augmentations de janvier sans savoir quelles règles appliquer, illustrant à nouveau l’écart entre annonces politiques et réalité opérationnelle.