Indéfinissable, elle fait frémir les marchés
Alors que les banques centrales du monde entier ont injecté des milliers de milliards dans le circuit monétaire, les marchés redoutent une pénurie de liquidité. Une menace d’autant plus pernicieuse qu’elle ne se révèle qu’en temps de crise.
Moins de transactions, plus de volatilité
Globalement, un marché est considéré comme liquide quand les acteurs peuvent réaliser rapidement des transactions normales à un faible coût. Cette notion de base demeure toutefois subjective. Qu’est-ce que rapidement, une transaction normale, un faible coût ? Dans un volumineux rapport, la Deutsche Bank a tenté de déterminer la liquidité actuelle des marchés. Les analystes ont notamment observé la corrélation entre les volumes négociés et la volatilité sur l’important marché des Bons du Trésor américains, la référence mondiale pesant 12 600 milliards de dollars. Ces dernières années, plusieurs creux ont été constatés au cours desquels à peine 6 milliards de dollars de transactions représentaient une unité de volatilité (Move index), similaire à ce qui prévalait fin 2007/début 2008 en situation de début de crise. En résumé, un volume plus faible de transactions suffit à faire bouger les cours, synonyme d’une faible liquidité.
Hors des modèles
C’est dans un tel contexte qu’est survenu le flash crash sur le marché des Bons du Trésor à la mi-octobre. Le taux américain à 10 ans avait chuté de 0,34% en quelques heures, un phénomène improbable sensé survenir une fois tous les 3 milliards d’années selon les modèles. Cela a fait dire à Jamie Dimon que la prochaine crise pourrait être pire. Le patron de JP Morgan explique notamment qu’en réduisant fortement les activités de trading, la régulation empêche les banques de jouer un rôle d’amortisseur en cas de panique sur les marchés.
Sensible aux moments critiques
Quasiment invisible lorsque les marchés évoluent favorablement, une pénurie de liquidités peut s’avérer catastrophique en temps de crise. Les mouvements de marché seraient en effet plus violents face à un afflux d’ordres par manque de contrepartie. Les institutions financières peuvent également être exposées. En 2008, AIG avait ainsi dû demander un sauvetage par les pouvoirs publics, ne parvenant pas à présenter assez d’actifs liquides en contrepartie de ses engagements sur les marchés.
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