Faut-il taxer les propriétaires de chiens comme en Allemagne ?

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Pour renflouer les caisses de l’État, une piste pourrait être de taxer les chiens, ou plutôt leurs propriétaires. Une taxe déjà appliquée en Allemagne et qui rapporte plusieurs centaines de millions d’euros à l’État.

Taxer les propriétaires de chiens. L’idée pourrait faire grogner. Pourtant, elle est appliquée depuis des siècles en Allemagne. Dès l’époque de la Prusse, on estimait que ceux qui avaient un animal de compagnie avaient aussi quelques sous en plus à donner à l’État. Une vieille taxe donc, mais qui continue de rapporter gros chaque année : pas moins de 421 millions d’euros en 2023, soit une hausse de 40 % en dix ans. La bête est imposable en Allemagne dès trois mois et le prix varie selon la race ou l’endroit. Ainsi, pour avoir un chien, il faut, en moyenne, compter 120 euros à Berlin ou encore 102 euros à Francfort. Les prix peuvent grimper en flèche et même atteindre 1 000 euros annuels pour un chien de combat à Nuremberg.

Une idée a priori simple, mais compliquée à implémenter en Belgique

En Belgique, la compétence concernant les chiens, ainsi que d’autres animaux de compagnie, dépend effectivement de plusieurs niveaux de gouvernement, mais principalement du niveau communal. Car bien que l’État fédéral et les Régions aient un rôle plus général en matière de législation sur le bien-être animal, la gestion détaillée des chiens relève surtout des communes. La gestion quotidienne des animaux de compagnie est en effet une compétence communale. La mise en place ou non d’une taxe sur les chiens dépend des décisions prises par chaque commune, et cela peut varier largement d’une localité à l’autre. À cela s’ajoute de fortes disparités régionales. Ainsi, bien que certaines communes flamandes appliquent une taxe sur les chiens, elle est loin d’être systématique. Cette taxe est un peu plus répandue en Wallonie et à Bruxelles, bien que là aussi de plus en plus délaissée.

Amendes pour déjection canines

Si elle existe, le montant de cette taxe varie généralement entre 10 et 50 euros par an, mais peut être plus élevé si l’on possède plusieurs chiens. L’argument avancé est que cette taxe est utilisée pour financer des services comme la gestion des chiens errants, la stérilisation et l’entretien des infrastructures. Alors, oui, la crotte de chien a un coût. Mais celui-ci peut être directement compensé par des amendes. Si auparavant elles étaient comprises dans une fourchette allant de 50 € à 350 €, depuis 2024, le prix maximum de cette incivilité peut grimper jusqu’à 500 €. La tendance est donc aujourd’hui plus à une plus grande sévérité face aux déjections canines qu’à la taxation des chiens proprement dits.

À cela s’ajoute aussi, en Wallonie, depuis 2022, un permis de détention animale. Cet extrait, délivré par l’administration communale, est demandé à toute personne qui souhaite adopter, acheter ou recevoir un animal de compagnie. Il coûte entre 0 et une dizaine d’euros selon les communes.

En admettant qu’on impose une taxe fédérale sur les chiens, combien cela rapporterait-il ?

En Belgique, la population canine est en constante évolution. Selon une étude de 2022, le pays comptait environ 1,6 million de chiens domestiques, répartis chez quelque 1,3 million de propriétaires. Plus récemment, en 2023, la Région bruxelloise a enregistré 88 384 chiens, un chiffre stable par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, une enquête de 2022 révèle que 28 % des ménages belges possèdent un ou plusieurs chiens, reflétant une augmentation de 4 % par rapport à l’année précédente. En suivant l’exemple allemand, soit à en moyenne 100 euros annuels par chien, on arriverait tout de même vite à une somme rondelette.

Mon chien, ma vie

Mais cette taxe, outre le fait de bypasser les compétences locales, poserait aussi un autre problème. En pensant s’en prendre aux riches en taxant les propriétaires de chiens, on se trompe de cible. Il n’existe pas toujours une corrélation entre le niveau de richesse et la consommation de certains biens. Ou pour le dire autrement, tous les propriétaires de chiens ne sont pas aisés, même si avoir un chien coûte en moyenne 1 000 euros par an.

Et puis, une telle mesure n’est électoralement pas très porteuse. Elle serait même très impopulaire tant l’animal de compagnie, pour le meilleur ou pour le pire, est devenu un membre à part entière de la famille. On en oublierait presque les chats, mais c’est un autre débat.

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