Faillite imminente d’un géant du charbon
L’impasse sur le dividende, les économies de coûts et les ventes d’actifs ne suffisant plus, Peabody annonce qu’il devra probablement déposer le bilan. Le premier producteur américain de charbon pourrait devenir la première victime de renom de la chute du prix des matières premières.
Délai de grâce
Peabody Energy a fait l’impasse sur le paiement de coupons (d’obligations) de 71 millions de dollars et est entré dans un délai de grâce de 30 jours avant d’être déclaré en défaut en paiement. Selon Trace, l’une des obligations concernées arrivant à échéance en 2020 ne cote plus que 6,3% de sa valeur faciale contre encore 71% il y a un an. Les marchés doutent donc clairement de la “continuité” du géant américain du charbon qui valait encore près de 20 milliards de dollars en Bourse il y a 5 ans. Même le management de Peabody n’y croit plus vraiment, estimant qu’il n’y a aucune garantie de réussite de son programme de redressement opérationnel et financier.
Effondrement en 14 mois
Le groupe est évidemment victime de la chute du prix du charbon, d’autant plus douloureuse que le boum du gaz de schiste a réduit l’utilisation de charbon dans les centrales électriques aux États-Unis. Peabody et les autres producteurs américains ont ainsi été contraints de trouver des débouchés à l’exportation, synonyme de coûts supplémentaires. On notera toutefois que la dégradation financière a été extrêmement rapide. En 2011, le géant américain affichait encore un bénéfice net d’un milliard de dollars. Il n’a réduit son dividende que début 2015 (avant de la supprimer en juillet) suivant une première perte opérationnelle au cours des 3 derniers de 2014 (sur fond de dépréciations).
Un mauvais exemple pour tout le secteur
Peabody illustre les défis auxquels l’industrie minière est confrontée. D’une part, elle supporte d’importantes dettes (nettes) : environ 13 milliards de dollars pour Rio Tinto et Anglo American, le double pour Glencore, Vale et BHP Billiton. Peabody a bien tenté de redresser ses finances en cédant des actifs mais la chute des cours a fini par dissuader les acquéreurs potentiels. D’autre part, les producteurs n’ont aucune emprise sur leurs prix de vente, surtout quand l’économie chinoise ralentit. La Chine pèse près de la moitié de la consommation mondiale de métaux. BHP Billiton, premier groupe minier mondial, indiquait ainsi fin février que le prix moyen des différentes matières premières qu’il produit avait chuté de 9% à 27% début 2016 par rapport au second semestre 2015, période déjà caractérisée par un plongeon de 84% de son profit opérationnel récurrent.
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