Ilse De Witte
Epargnez… et appauvrissez-vous !
Les deux derniers gouvernements, pour équilibrer leur budget, ont agrandi l’écart fiscal entre les comptes d’épargne et les autres placements. Et l’épargnant ? Il devient pauvre en dormant.
En trois mois, les Belges ont retiré 1,5 milliard d’euros de leurs comptes d’épargne. Cela paraît beaucoup, mais cela pèse peu au regard des 120 milliards d’euros qui s’y sont ajoutés depuis octobre 2008. Soit, en moyenne par habitant, 11.000 euros de plus sur les livrets d’épargne qu’il y a sept ans, de quoi presque doubler les 13.000 euros que nous avions alors. Pourquoi gardons-nous autant d’argent sur des comptes d’épargne qui ne rapportent presque plus rien ? Sécurité, prudence, facilité, les raisons sont nombreuses.
Et l’épargnant ? Il devient pauvre en dormant…
La fiscalité joue-t-elle un rôle dans cette situation ? Vous et moi ne payons aucun précompte mobilier sur les 1.880 premiers euros d’intérêt sur un livret d’épargne ; au-dessus de ce plafond, le précompte mobilier est de 15%. Si nous mettons nos deniers dans une assurance épargne ou une assurance placement, nous payons de suite 2% de taxe de prime. Achetons-nous des actions ? Nous réglons dans ce cas les taxes de transaction, 27% de précompte mobilier sur les dividendes et 33% de taxe sur la plus-value (taxe sur la spéculation) si nous les vendons trop rapidement. Pour les fonds, vous ne le savez probablement pas à l’avance. La fiscalité des fonds de placement change tellement souvent et devient si complexe que même les spécialistes y perdent leur latin.
Le gouvernement précédent a cependant consenti des efforts modestes pour faire travailler les économies “dormantes”. Le prêt citoyen était une création du gouvernement Di Rupo pour stimuler les investissements dans des projets locaux présentant un intérêt social. Le gouvernement actuel a révisé le précompte mobilier diminué pour les intérêts de ce produit financier. Koen Geens, précédent ministre des Finances, a tenté d’étendre l’exonération du précompte mobilier pour les intérêts sur les livrets d’épargne à d’autres produits d’épargne et de placement, mais il a échoué. Le gouvernement – tant le précédent que l’actuel – a agrandi à chaque fois l’écart fiscal entre les comptes d’épargne et les autres placements, pour équilibrer le budget. Et l’épargnant ? Il devient pauvre en dormant.
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