Où placer son argent quand le bon d’État ne suffit plus ?

Royaume-Uni. Si vous cherchez à obtenir des taux supérieurs, vous pourriez trouver votre bonheur de l’autre côté de la Manche. © Getty Images

Simple, sécurisé et accessible, le bon d’État présente de nombreux avantages. Mais son rendement reste relativement décevant. Et si les banques ne proposent guère d’alternatives séduisantes, les marchés obligataires apparaissent plus attractifs. En choisissant soigneusement votre courtier et vos titres, vous pouvez maximiser votre rendement net.

Bien que datant d’à peine deux ans, le bon d’État Van Peteghem et son rendement net de 2,81% semblent déjà appartenir à une autre époque. Les nouvelles moutures annoncées fin août paraissent nettement moins attrayantes. L’Agence fédérale de la Dette propose en effet un taux de 1,90% sur un an et de 3,20% sur 10 ans, ce qui correspond, après retenue du précompte mobilier de 30%, à un rendement net de respectivement 1,33% et 2,24%. Pas de quoi enflammer les épargnants, qui disposent malgré tout de peu d’alternatives intéressantes.

Des livrets restrictifs

Rappelons que l’ancien ministre des Finances, Vincent Van Peteghem, avait lancé un bon d’État plus généreux afin de dynamiser le marché de l’épargne, les banques tardant à relever leurs taux. Les quelque 22 milliards d’euros drainés à l’époque avaient secoué le secteur, incitant plusieurs établissements à revaloriser leurs livrets et comptes à terme.

Mais cette vague semble déjà loin. En dehors des livrets à épargne progressive (avec des versements plafonnés à 500 ou 600 euros par mois), le compte le plus compétitif, selon Guide-Épargne, est actuellement le Beobank Save Plus. Ce dernier s’accompagne toutefois également de contraintes : pour obtenir le taux total promis de 1,80%, vous devez y déposer plus de 50.000 euros pendant au moins 12 mois. À défaut, votre prime de fidélité passera de 1,50% à 0,60%, faisant chuter votre rendement à 0,90%.

À noter qu’au-delà de 1.050 euros d’intérêts annuels par personne (soit environ 58.333 euros placés à 1,80%), un précompte mobilier de 15% s’applique sur les intérêts.

Comptes taxés

Du côté des comptes d’épargne non réglementés, la néobanque Revolut a récemment fait parler d’elle en annonçant des taux allant jusqu’à 2,50%, avec des intérêts versés quotidiennement. Mais ce rendement maximal n’est réservé qu’aux clients Ultra, une formule payante à 50 euros par mois. Pour les autres profils, les taux sont inférieurs, débutant à 1,50% pour un compte Standard gratuit.

En outre, les intérêts sont soumis à un précompte mobilier de 30%, ramenant le rendement net entre 1,05% et 1,75%. Du côté des comptes à terme : Beobank se distingue actuellement avec des taux bruts compris entre 2,30% et 2,60% pour des durées allant de 18 mois à 5 ans, ce qui correspond à un rendement net de 1,61% à 1,82%.

De manière générale, force est toutefois de constater que les solutions d’épargne peinent encore à compenser l’inflation qui flirte toujours avec les 2% en Belgique.

Détail fiscal d’importance

En d’autres termes, pour espérer un rendement réel (après inflation) positif, il faut se tourner vers les marchés financiers. Mais là encore, il ne suffit pas de se contenter des choix les plus évidents. Un Bund allemand à deux ans offre actuellement un rendement brut annualisé de 1,94%. Son équivalent belge est à peine plus généreux avec 2,04%, mais il présente un avantage de taille : il est totalement exonéré d’impôts.

Pour espérer un rendement réel (après inflation) positif, il faut se tourner vers les marchés financiers.

Ce rendement provient en effet d’une obligation linéaire (OLO) émise par l’Agence fédérale de la Dette en 2020, à une époque où les taux étaient extrêmement bas, voire négatifs. Son taux facial est ainsi de 0%, ce qui signifie qu’aucun intérêt n’est versé (ni évidemment taxé). Le rendement provient exclusivement de l’écart entre le prix d’achat actuel (96%) et le remboursement prévu à l’échéance, en octobre 2027 (100%). Ce dernier n’étant pas imposé dans ce cas, vous pouvez obtenir un rendement net de 2,04%, battant toutes les formules d’épargne actuelles.

Toutefois, contrairement à la souscription d’un nouveau bon d’État, qui est gratuite ou assortie de frais très réduits (comme la plupart des émissions obligataires), l’achat d’une obligation sur les marchés financiers demande davantage de réflexion et de préparation.

Choisir son courtier

Il faut ainsi tenir compte des coûts, qui peuvent peser lourdement sur le rendement. Sur le plan fiscal, chaque achat ou vente d’obligation en Bourse est soumis(e) à une taxe sur les opérations boursières (TOB) de 0,12%. Côté frais, l’addition peut grimper rapidement dans les grandes banques : jusqu’à 0,85% de frais de transaction à l’achat (et en cas de vente éventuelle), des droits de garde annuels de 0,1% à 0,2% et, dans certains cas, des frais d’encaissement d’intérêts.

Les courtiers en ligne comme Bolero, Keytrade Bank, MeDirect ou Saxo offrent des conditions plus compétitives. Outre la TOB, comptez en moyenne entre 0,1% et 0,3% de frais de transaction, sans autres coûts additionnels. Mais attention : le choix du courtier ne doit pas se limiter aux frais. Il convient aussi d’examiner la variété de son offre obligataire, tous ne donnant pas accès aux mêmes titres.

Dans l’ensemble, Saxo se distingue par une offre importante (près de 5.200 obligations mondiales disponibles) et une tarification attractive : frais de 0,05% à 0,12% selon l’importance de vos avoirs, avec un minimum de 5 euros par transaction – ce qui permet d’effectuer de petites opérations. Chez les autres courtiers, les frais sont généralement de minimum 20 à 30 euros.

Six critères

Dans la sélection de vos obligations, six critères essentiels doivent être pris en compte :

1. La coupure

Certaines obligations ne sont accessibles qu’à partir de tranches de 100.000 euros (voire davantage). Elles sont donc peu adaptées aux investisseurs particuliers.

2. L’émetteur

Qu’il s’agisse d’un État, d’institutions supranationales (BEI…) ou d’une entreprise, mieux vaut cibler des signatures solides, notées entre BBB et AAA par les agences de notation, surtout dans un contexte économique incertain. Les entreprises classées A – comme Wolters Kluwer, AB InBev, Legrand, IBM, TotalEnergies ou General Electric – présentent un rendement un peu plus élevé et un risque très faible de défaut de paiement d’intérêts ou de remboursement du capital. Selon une étude historique de Standard & Poor’s, à peine un émetteur sur 200 noté A fait défaut dans les cinq ans.

3. La durée résiduelle

En règle générale, plus une obligation a une maturité longue, plus le rendement offert est élevé. Mais attention, les risques augmentent aussi. D’une part, l’exposition aux variations de taux d’intérêt est plus importante ; d’autre part, la solidité financière de l’émetteur peut se dégrader sur la durée. À titre d’exemple, l’historique montre qu’environ un émetteur noté A sur 75 fait défaut sur dix ans. Les obligations à maturité moyenne (autour de 5 ans) offrent souvent un bon compromis pour les investisseurs recherchant avant tout un rendement maîtrisé.

4. Le rendement brut

Il correspond au gain annualisé, calculé à partir des intérêts versés périodiquement et de la différence entre le cours d’achat et le prix de remboursement final du titre.

5. Le prix d’émission

C’est le prix auquel l’obligation a été émise à l’origine. Il est important de le prendre en compte pour des raisons fiscales. Outre les intérêts périodiques, l’écart entre le prix de remboursement final et le prix d’émission est également soumis au précompte mobilier de 30%. Dans certains cas, la taxation peut ainsi s’avérer très lourde. Mais en privilégiant des obligations à faible coupon cotant sous leur prix d’émission, vous pouvez au contraire maximaliser votre rendement net.

6. La devise

Le rendement dépend aussi de la monnaie dans laquelle l’obligation est libellée. Certaines devises offrent des taux spectaculaires : en lires turques, par exemple, les obligations à 2 ans dépassent 35%. Mais ne perdez pas de vue que la monnaie turque s’est dépréciée de plus de 30% depuis le début de l’année, annihilant ainsi le rendement pour les investisseurs européens. Dans la plupart des cas, des taux élevés reflètent une inflation forte et une économie fragile. De tels placements doivent être considérés comme des investissements spéculatifs.

Le zloty est plutôt à considérer comme une devise de diversification. © Getty Images

Devises plus rentables

La devise présentant le moins de risques de change reste évidemment l’euro. Mais si vous cherchez à obtenir des taux supérieurs, vous pourriez trouver votre bonheur de l’autre côté de la Manche. Le taux de référence à 5 ans au Royaume-Uni s’établit actuellement à 4,1%, attisant l’appétit des investisseurs internationaux ces dernières semaines. Certes, la livre sterling connaît des sautes d’humeur ponctuelles. Mais elle évolue globalement dans une bande étroite autour de son niveau actuel depuis fin 2016, soit quelques mois après le vote du Brexit.

La devise présentant le moins de risques de change reste évidemment l’euro.

Un cran plus risqué, mais aussi plus rémunérateur, la Pologne affiche un taux à 5 ans de 4,9%. Le zloty et les marchés polonais restent cependant sous pression, pénalisés par un déficit public important lié à la forte hausse des dépenses de défense et à une cohabitation politique délicate entre un gouvernement pro-européen et un président nationaliste. Dans ce contexte, le zloty est plutôt à considérer comme une devise de diversification. Avec un potentiel de redressement si la situation géopolitique en Ukraine venait à s’améliorer.
Reste enfin le dollar américain, incontournable sur les marchés mondiaux. Son taux de référence à 5 ans avoisine 3,7%. Il attire autant qu’il inquiète : d’un côté, la solidité du billet vert continue de séduire ; de l’autre, la menace pesant sur l’indépendance de la Réserve fédérale américaine alimente les interrogations des investisseurs.

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