Chez MeDirect, les investisseurs ne doivent désormais plus payer de frais lors de l’achat ou de la vente d’ETF. La guerre des prix chez les courtiers belges est la conséquence de l’émergence de néo-courtiers venus de l’étranger. Une bonne évolution, mais avec quelques bémols.
Que désigne le terme ‘néo-courtiers’ ? Grâce à l’innovation, ces acteurs rendent l’investissement très facile pour les particuliers, en général via une application sur smartphone”, résumé Bryan Coughlan, économiste en chef du BEUC. Le Bureau européen des unions de consommateurs estime que les néo-courtiers ont rendu la Bourse beaucoup plus accessible, mais il prévient que le modèle économique de ces acteurs n’est pas toujours aligné sur la meilleure stratégie d’investissement pour les particuliers.
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TRENDS-TENDANCES. Que voulez-vous dire par là ?
BRYAN COUGHLAN. En général, il n’est pas judicieux de faire beaucoup bouger son argent. Acheter et vendre souvent est une stratégie d’investissement moins lucrative. Or, la plupart des plateformes numériques fonctionnent justement sur l’engagement. Plus les investisseurs passent de temps sur l’application, mieux c’est. Et plus ils “tradent”, plus les courtiers touchent des commissions.
En Belgique, les acteurs traditionnels ont commencé à mettre les ETF en avant, après que des néo-courtiers comme Trade Republic aient fait irruption sur le marché.
Les néo-courtiers ont entraîné une popularisation de l’investissement. Les banques traditionnelles ont été contraintes de s’adapter. C’est une bonne chose. On peut toutefois se demander s’il ne devrait pas subsister certaines barrières pour les investisseurs. Il ne faut pas que ce soit trop facile. Par exemple, si vous consommez trop d’alcool à une fête, vous ne devriez pas ouvrir votre application d’investissement. Je me pose aussi des questions à propos des paiements via comptes-titres ou comptes cryptos. Avec comme remarque supplémentaire qu’au BEUC, nous n’encourageons de toute façon pas les investissements dans les crypto- actifs. Normalement, on a un compte de paiement séparé de son compte-titres. Fusionner ces deux comptes comporte des risques.
“Les néo-courtiers ont entraîné une popularisation de l’investissement, mais certaines barrières devraient tout de même subsister pour les investisseurs.” – Bryan Coughlan, économiste en chef du BEUC
Revolut, par exemple, propose cette option. Quel est le problème ?
Depuis toujours, les conseillers financiers recommandent à leurs clients de conserver une réserve en espèces équivalente à deux ou trois fois leur revenu mensuel avant de commencer à investir. Ici, on dit : vous pouvez simplement sauter cette étape et investir tout votre argent. Si vous avez besoin de liquidités, on vend quelques actifs. Mais cette vente peut alors avoir lieu au pire moment imaginable, au milieu d’un krach… Mais il n’y a pas tellement de courtiers qui offrent cette possibilité. Et je le répète : de manière générale, nous sommes très positifs quant à l’évolution initiée par les néo-courtiers.
Que pensez-vous des finfluenceurs ?
C’est très varié. Certains essaient d’éduquer financièrement leurs abonnés en partageant leurs connaissances. D’autres donnent parfois de bons et parfois de mauvais conseils. Et d’autres encore sont tout simplement des escrocs. Le problème, c’est que ces finfluenceurs peuvent dire ou faire tout ce qu’ils veulent. À l’heure actuelle, il n’y a tout simplement pas de contrôle.
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