La “golden cross” annoncerait un nouveau marché haussier?
Certains indicateurs techniques suggèrent qu’un nouveau marché haussier est imminent aux États-Unis. Mais néanmoins, les analystes tempèrent : il ne faut pas se réjouir trop tôt.
Les analystes de la Bank of America Merrill Lynch (BofAML) a mis en évidence la présence d’un signal boursier-clé, utilisé pour décrypter le cours des actions: la moyenne mobile à 50 jours (court terme) de l’indice S&P500 a franchi la moyenne mobile à 200 jours (long terme) de ce même indice. Les analystes techniques, qui scrutent et interprètent les tendances des indices et les graphiques, appellent cela la “golden cross” ou croix d’or.
De retournement en retournement
Les moyenne mobiles à 50 et 200 jours indiquent en fait le niveau moyen des cours d’un indice lors des 50 et 200 derniers jours. Les analystes boursiers se servent de ces moyennes (à 50 et 200 jours) pour prédire la direction à court et moyen terme dans laquelle évolueront les cours des actions.
Lorsque le marché boursier monte pendant de longues périodes, ces moyennes montrent une tendance à la hausse, et vice versa pour les baisses des cours des actions. Ainsi quand la moyenne mobile à court terme dépasse la moyenne mobile à long terme, les analystes y voient le signal d’un marché boursier à la hausse. Inversement quand la moyenne mobile à court terme passe sous la moyenne mobile à long terme, une baisse est alors à prévoir.
Après une mauvaise année 2022 pour la Bourse, ces moyennes ont toutes deux montré une trajectoire à la baisse. À la mi-mars de l’année dernière, la moyenne à 50 jours est passée sous celle à 200 jours. Après cela, le S&P 500 a structurellement baissé.
Mais retournement de situation, au début de ce mois, c’est l’inverse qui s’est produit, et la moyenne à 50 jours est passé au-dessus de la moyenne à 200 jours, ce qui pourrait bien mettre un terme à la tendance baissière et amorcer une période haussière.
Habituellement, une telle « croix d’or » est un signal indiquant que le prochain marché haussier est en préparation. Depuis 1932, il y a eu 48 « croix d’or », après lesquelles les marchés boursiers ont augmenté de 70 % l’année suivante. La hausse moyenne a été de 10 %.
Les tendances macroéconomiques indiquent le contraire
Toutefois, les analystes de BofAML mettent en garde à ne pas crier victoire trop tôt. Dans le passé, il y a eu également des « croix d’or » après lesquels les marchés boursiers ont continué à « mal se comporter », et donc à baisser.
En effet, une « golden cross » n’est pas un signe avant-coureur d’une nouvelle hausse des marchés boursiers lorsque les bénéfices des entreprises ont dépassé leur pic et sont en fin de cycle à ce moment-là. Or c’est actuellement le cas. Les bénéfices des entreprises ont atteint des sommets ces dernières années, mais actuellement ils plafonnent, voire même diminuent. La question est de savoir dans quelle mesure ces bénéfices vont chuter en 2023.
En outre, la BofAML voit un certain nombre d’indicateurs économiques se détériorer. Cela vient également s’opposer à l’hypothèse d’un nouveau marché haussier. Les ménages dépensent moins en biens de consommation, les entreprises dépensent moins en investissements et sur le marché du l’immobilier, le nombre de nouvelles constructions et de permis de bâtir est à la baisse.
En outre, les analystes affirment que, contrairement à ce que prétendent une grande partie des marchés financiers, les conditions de financement ne s’assouplissent pas. Les taux d’intérêt réels – c’est-à-dire les taux d’intérêt nominaux corrigés en tenant compte du taux de l’inflation – continuent d’augmenter, et avec eux les conditions de financement de l’économie, ce qui devrait freiner les cours des actions.
Une récession annoncée
En outre, les analystes de BofAML constatent une érosion de la productivité des entreprises, ce qui est généralement le signe avant-coureur d’une récession. Lorsque le chiffre d’affaires commence à stagner, les entreprises gardent leurs employés trop longtemps, ce qui entraîne une baisse de la productivité. Or c’est cela qui correspond à la situation économique actuelle, écrivent-ils. Les entreprises ont trop tardé à adapter leurs effectifs et leurs investissements à une économie qui ralentit.
Donc, techniquement, le marché boursier peut former une « croix d’or » et la banque centrale peut sembler moins agressive qu’auparavant (les deux choses qui prédisent normalement un marché boursier fort), il ne faut pas perdre de vue que les facteurs macroéconomiques jouent également un rôle sur la tendance du marché boursier. Et aujourd’hui, ceux-ci appellent plutôt à la prudence pour les actions et les autres actifs à risque.
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