“Google n’est pas toujours votre ami quand on parle gestion de portefeuille” en Bourse
Le professeur de finance, Georges Hübner, publie une brique de plus de 1.000 pages pour tout savoir sur l’évaluation de la performance d’un portefeuille investi en Bourse.
Trois ans de travail, plus de 1.000 pages, 18 chapitres, 691 équations… Professeur de finance à l’université de Liège, à l’origine de la création de plusieurs fintech (Gambit, Sopiad) et administrateur chez Belfius Banque et Belfius Asset Management, Georges Hübner publie avec son confrère et ami Pascal François, qui enseigne à HEC Montréal, un nouveau livre consacré à son sujet de prédilection : “The Complete Guide to Portfolio Performance”. Un livre ultra-complet sur la performance de gestion de portefeuille qui sortira tout prochainement aux éditions Wiley, gros éditeur américain, leader mondial dans la littérature financière.
Pourquoi ce énième livre sur la gestion de portefeuille ?
Parce que c’est celui que j’aurais voulu lire lorsque j’étais étudiant ou enseignant dans le domaine de la performance de portefeuille d’actifs financiers, un domaine qui est très peu couvert en tant que sujet spécifique. Nous avons voulu écrire ce qui pourrait devenir “la” référence dans cette matière. Une sorte de bible grâce à laquelle les professionnels, et dans une certaine mesure les étudiants et le grand public, pourraient trouver une réponse à n’importe quelle question sur le sujet. L’objectif est d’augmenter le niveau de compétences des professionnels tout en rendant la matière raisonnablement accessible.
A quel type de public s’adresse-t-il ?
Comme je viens de vous le dire, il vise un public de professionnels (gestionnaires de fonds, conseillers financiers, etc.), mais il s’adresse aussi à ceux qu’ils conseillent, c’est-à-dire les investisseurs, les clients des banques, etc. Google n’est pas toujours votre ami quand on parle gestion de portefeuille. Le besoin d’éducation est énorme dans le domaine. Beaucoup de choses sont dissimulées. Il y a même parfois une vraie tentation de tricherie ou de manipulation pour donner l’illusion d’une bonne performance. Celle-ci n’est pas toujours correctement évaluée et correctement présentée au client.
Précisément, qu’est-ce qui le distingue de ce qui a déjà été écrit sur le sujet jusqu’ici ?
D’abord, les ouvrages consacrés à l’évaluation de la performance d’un portefeuille de titres ne sont pas si nombreux que cela. Je parle d’ouvrages avec un contenu sérieux. Il doit y en avoir une petite dizaine seulement. Ensuite, ils sont généralement anciens. Or, les connaissances ont fortement évolué. Certaines thématiques sont totalement ignorées, car ils sont aussi bien souvent biaisés par les goûts des auteurs : gestion active par rapport à la gestion passive, focus sur la gestion institutionnelle, etc.
Vous parlez donc aussi des cryptos ?
Non, nous ne traitons pas des cryptos, parce qu’elles ne nous intéressent pas comme objet spécifique. Ce qui nous intéresse, ce ne sont pas les actifs en tant que tels, s’ils n’ont pas de propriétés particulières, mais bien leur traitement dans le cadre de la performance d’un portefeuille. Le bitcoin, par exemple, est un jeton qui ne génère aucun revenu, aucun dividende. C’est de la pure spéculation. Le seul objectif rationnel de ceux qui en détiennent, c’est de les revendre plus chers. C’est un marché qui est en outre artificiellement soutenu par l’économie souterraine et qui est destructeur de l’environnement. Bref, il ne présente aucun intérêt particulier dans le contexte de notre livre.
Quid des critères ESG dont on parle beaucoup pour le moment ?
Il est trop tôt pour dire si un fonds ESG est structurellement moins profitable ou pas. La littérature n’est pas encore mûre pour donner une réponse claire sur le sujet. Les critères ESG sont un facteur de risque qui rémunère l’investisseur parfois plus parfois moins. C’est un sujet dont le traitement évoluera certainement dans les prochaines éditions.
Le marché américain reste-t-il le plus innovant en matière de produits financiers ?
Oui, on l’a vu avec les SPACs et maintenant l’accès du grand public au marché du private equity. Il est néanmoins en retard par rapport à ce qui se fait en Europe en matière de critères ESG. Nous avons mis en place beaucoup plus de réglementations. Ce sont les marchés asiatiques qui sont le moins branchés sur le sujet : à peine 4 % des fonds sont fichés comme soutenables.
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