Les comptes d’épargne en Belgique continuent d’afficher un rendement bien inférieur à ce qu’il est possible d’obtenir ailleurs en zone euro, alors même que l’inflation y est plus forte. Les épargnants belges sont donc doublement pénalisés, à l’inverse des emprunteurs qui bénéficient quant à eux de taux hypothécaires parmi les plus intéressants d’Europe.
Avec une rémunération moyenne inférieure à 1 %, les comptes d’épargne continuent de rapporter bien moins qu’ailleurs en zone euro. Selon les dernières données publiées ces jours-ci par la BCE, ce taux moyen se montait en mars dernier à 0,89 %. A l’inverse, il grimpe jusqu’à 1,3 % en Italie, 1,4 % aux Pays- Bas, 2,1% en France voire 2,2 % au Luxembourg.
Encore pire !
C’est dire si les épargnants belges sont particulièrement désavantagés. Et ils le sont d’autant plus que la hausse du coût de la vie est importante chez nous. “Les épargnants en Belgique, sous la forme d’épargne réglementée, sont particulièrement pénalisés car l’inflation y est supérieure à la hausse des prix de beaucoup de pays où les taux d’intérêt sur les dépôts d’épargne réglementée sont supérieurs”, souligne Éric Dor, responsable de la recherche auprès de IESEG School of Management (Lille), dans une note compilant les données de la BCE.
Il faut dire que le mouvement s’est accéléré depuis le début de l’année : les baisses de taux sur les comptes d’épargne se sont enchaînées pour suivre l’évolution de la politique monétaire de la gardienne de l’euro. Grandes banques mais aussi challengers de l’épargne ont revu leurs taux à la baisse pour préserver leurs marges. Résultat, les meilleures offres sans conditions particulières sont actuellement à trouver du côté des petites banques telles que NIBC qui affiche un taux global de 2 % ou de MeDirect dont le compte Fidelity propose un rendement de 1,80 %. D’autres comptes, mais à versements limités, comme celui de vdk, proposent un taux allant jusqu’à 2,85 %.
Les emprunteurs mieux servis
Si l’épargne réglementée des ménages est plutôt moins bien rémunérée en Belgique qu’ailleurs en zone euro, le taux moyen exigé par les banques sur les nouveaux prêts immobiliers résidentiels est en revanche inférieur en Belgique à ce que demandent les banques de la plupart des autres pays de la zone euro.
En mars dernier, le taux moyen des nouveaux prêts immobiliers résidentiels se limitait en effet à 3,07 % en Belgique, contre par exemple 3,7 % en Irlande, 3,5 % aux Pays-Bas et au Luxembourg. Parmi les pays voisins, seule la France fait mieux, avec un taux encore très légèrement inférieur atteignant 3,05 %.
L’explication est simple. On le sait, les dépôts d’épargne, qui s’élèvent à 285 milliards d’euros pour les prêts immobiliers, constitue une source de financement bon marché pour nos banques, ce qui leur permet de proposer des taux hypothécaires nettement inférieurs à ceux proposés par les établissements bancaires situés dans les pays voisins.
Bref, “en Belgique, il est donc mieux d’emprunter que d’épargner sur des comptes d’épargne réglementée”, résume Eric Dor.